Cruel Reflet

« Le prix est trop grand. »
Maudit miroir. Il parlait seul, et pourtant il pouvait sentir les réponses et les demandes plus que tentantes de ce miroir. Un harcèlement moral, la pire des tortures pour quelqu'un comme Valek. Il cèderait un jour, il le savait. Combien d'étudiants se rendaient dans cette salle dans l'espoir de récupérer quelque chose de précieux a leur yeux, quelque chose de futile la plupart de temps. Lui ne voulait pas quelque chose, juste quelqu'un. Et chaque mardi matin, il était là. Présent dans cette salle, un rituel, depuis ce mardi.

*****

« Ils étaient cinq, il ne pouvait pas tous les tuer, tu sais ... »

Valek, regardait son père réciter cette phrase. Il l'avait surement apprise et répéter pour la dire. Son ton était vacillant. Se convaincre de ses propres paroles est particulièrement dur dans ces conditions. Perdre son fils et ne pas pouvoir espérer une quelconque justice, comment pouvait il se cacher dans ce trou. Agis ! Agis !

« S'il te plait, Valek, ne fais rien que tu pourrais regretter. Nous avons une famille a protéger. Toi et moi … ne fait pas comme ton frère. »

Pas un mot. La rage devait restée à l'intérieur, rien ne devait transparaitre, non rien. Même pas cette tristesse. Il obéirait. Il ne tenterait pas de retrouver les assassins, il serait comme son lâche de père. Inutile. Un jour peut-être il serait assez fort pour les trouver, et dans leurs propres ténèbres les éliminer. Tous.

« J'espère que tu comprendras pourquoi j'agis comme cela. Un jour, je l'espère. »

Le lâche, tourna le dos et sortit de la pièce, il était surement partit pleurer. Les larmes ne servent a rien. Elles ne soulagent pas, c'est faux. Elles montrent juste notre impuissance et notre faiblesse. Ou était passé le dicton. C.H.E.F, il n'avait rien de ça. Se pouvait il qu'il soit son père. Son frère lui avait tout. Le courage. Affronter ses opinions, combattre ouvertement le plus grand mage noir de l'histoire, affronter cinq mages. L'honneur. Il avait représenter sa famille jusqu'au bout, ses idées, ne jamais rejoindre quelque chose qui ferait de vous quelqu'un de contraire a ses idées. L'esprit. Des études brillantes, une intelligence et capacité d'analyse exceptionnelle. La force. Une chose si rare, aussi puissant que trois mages noirs, capacité d'utiliser tous types de magies. Un idéal.

*****

« Abruti. »

Il était revenu de son voyage. Toujours devant le miroir, il baissa ses paupières. Si lourdes. Des larmes perlèrent au bord de ses yeux. Il les laissa filer. Pour une des premières fois il pleurait. Comme son père il pleurait. Son poing se serra de colère. Un enfant, un enfant pleurait seul dans une salle vide. Une tristesse qui ne peut être réconfortée. Tant de peine dans ce corps. Tant de larmes dans ces yeux. Il n'était plus qu'un pantin. Voyez vous ce corps frêle qui s'offre désormais à vous ? Ô grand miroir, cruel est votre reflet, cornélien est le choix.

« Je te comprends. »

Il savait que son père avait bien agis. Protéger sa famille était ce qu'il y avait à faire. Se venger ? Contre qui ? Puisque toutes les grandes familles gardaient ce secret. Qui étaient ces mages ? Tous possédaient une partie de la réponse. Des soupçons, des indices, aucune preuve. Tous des lâches. Comme l'attaque de ces jours derniers. Il y avait fait exploser sa rage et sa colère. Il avait protéger ceux qu'il appréciait. Et pourtant à aucun moment il n'avait pu donner son maximum et affronter un mage noir à la loyale. Il aurait voulu se tester. Se prouver qu'il était aussi puissant que lui. Galead. Pourquoi avoir fait une si grande bêtise ? Se dévoiler au grand jour, cela était évident qu'ils allaient te tuer. L'homme n'est qu'un animal. Dompter l'insolente bête qui sommeille en lui prend du temps. Seul le sage y parvient. Et s'amène la tranquillité de l'âme. Avant il aurait hurler à l'imposture. Il se serait moquer de ces paroles. Mais désormais il comprenait. Son frère aurait du se taire. Il aurait du taire sa puissance, son intelligence. Que de besoin animal que de vouloir montrer sa puissance. Et ses idées ? Pourquoi ne les avait il pas enfouies au fond de son crâne plutôt que de les crier a la foule.

« Tu n'as pas pensé à ta famille ! »

Il regardait désormais le reflet, son frère était là, endormi. Flottant dans la surface vitrée. Si proche de lui, et paradoxalement si loin. Et le miroir qui répétait inlassablement son offre. Une offre tellement grande et chère pour un orgueil aussi grand que celui de Valek. Pouvait il y succomber ? Ramener son frère était il vraiment possible ? Ce miroir le pouvait il réellement ? C'était si cruel, et tellement tentant. Il leva sa main, toucha le miroir, la vision de son frère devint trouble, et Galead s'échappait vers les ténèbres. Dans la tête de Valek résonnait les paroles du miroir.

*Abandonne le prix et tu pourras enfin le revoir à tes cotés*

Valek essuya calmement ses larmes, et fixant le reflet lointain, il se leva baguette à la main et poing serré. Non. Il fallait qu'il contourne l'échange. Abandonner autant de choses étaient impossibles. Mais comment ? Un sort pouvait il forcer le miroir à rendre un mort ? Et il était si faible. Ses larmes cessèrent. Ne jamais paraître faible. Toujours être à la hauteur. Comme lui. Galead. Galead ...

« Pourquoi m'avoir laissé. »

Ce n'était même pas une question, juste une phrase lancée dans le vide. Qui pouvait lui répondre ? Tout cela était futile, il ne pourrait jamais le faire revenir. A moins qu'il cède a la proposition. Il n'y avait pas d'autre choix. Et pourtant autant d'orgueil ne saurait être étouffée aussi facilement. C'est pourquoi il déclara, d'un ton de défi, juste avant d'entendre la porte derrière lui se refermer dans un doux claquement.

« Je trouverais un moyen de te ramener ! »

Il n'y croyait même pas.Et si c'était cela le pouvoir du miroir. Proposer un échange impossible pour les choses qu'il lui était tout autant impossible a ramener. Il espérait que quelqu'un détienne cette information, mais qui pouvait le savoir. Qui a part une personne qui avait déjà tenter ce choix. Il fallait qu'il la trouve. Qui n'aurais jamais tenté ce pari totalement fou. Il n'était surement pas seul. Il fixait toujours le reflet de son frère quand les bruits de pas cessèrent juste à coté de lui. Les yeux de Valek se tournèrent alors vers la personne qui était rentrée.

Et le reflet se dissipa.

[Libre (si vous pensez que votre intervention peut faire évoluer la situation /o/)]

Invité

Dans les couloirs, il passe pour un inconnu. Voilà le quatrième printemps qu'il est ici, et les regards des autres n'ont pas évolué. Il n'existe pas à leurs yeux. A peine mettent-ils un nom sur ce visage arrogant qu'il a déjà pris un couloir comme pour les éviter. Il arpente donc parmi les foules d'élèves comme un esprit, un objet. Là ou non, on le laisse ou on le délaisse. L'Arrogant n'est même pas un pion pour cette cohue ignare. Et pourtant, il ne peut s'en sentir que meilleur. Il n'a pas besoin d'eux pour vivre. Il leur est tellement supérieur. Il ne sont juste pas assez conscient de ce qui les entoure pour pouvoir apprécier à son juste niveau le Dorelly. Mais surement cela changerait sous peu. Il s'apprêtait à entrer dans la célèbre salle du Miroir à Revers. Un nom qu'on entend sur toutes les lèvres...

Un Miroir. Un simple miroir enchanté. Cet objet magique qui trainait et trônait dans une pièce du rez-de chaussé. L'Artefact ne manquait jamais de faire parler de lui. Il était une solution à tous problèmes, les résolvant et en créant de nouveaux. Objet adulé, objet détesté. Mais jamais ignoré. Et dire que le Joueur n'était jamais venu se mesurer à la célèbre tentation. Voilà qui serait sous peu réglé. Il profitait d'une heure creuse de son emploi du temps pour se rendre dans la salle devenue une entité quasi divine, surtout en ces temps de perte qu'a connu l'université. Une heure où il pensait ne croiser que son reflet. Voilà un pari qu'il avait bien fait de ne pas jouer.

Valek Eldor. Le jeune blond aux airs de chérubin. Un dorelly, quelle chance. Ekzael n'aurait pas supporté la présence d'un membre d'une maison étrangère dans une pièce aussi dépouillée. Car, en effet, hormis les deux élèves, la pièce brillait par sa sobriété. L'islandais ne portait plus son air de gamin réconfortant comme à son habitude. Sa neutralité semblait s'être sensiblement estompée. Etait-ce là l'effet du miroir ?

« 'Jour Valek. Viendrais-tu de te faire entourloupé par les acides reflets de ce miroir pervers ? »

L'arrogance coulait toujours de ses mots. Mais son visage ne s'était pas mué en une sorte de masque de fierté malsaine. Le mage qu'il avait en face de lui était une des rares personnes qu'il respectait pour ce qu'il était. Puissant, Idéaliste, Noble. Ainsi, il préférait qu'il ait conservé ses traits d'esprits plutôt que de le voir céder aux offres mesquines d'un enchantement. Il le savait, si l'élève de troisième année avait une requête à adressée, elle n'était pas matérielle. Il ne semblait manquer de rien dans ce domaine. Il devait avoir des objectifs bien plus hauts, bien plus importants, bien plus inaccessibles... Même si l'Arrogant n'était sans doute pas le mieux placé pour l'affirmer, la tête blonde était encore un enfant. Son souhait pouvait lui coûter bien plus qu'il n'était permis. Et il pouvait accepter le sacrifice.

Ekzael détacha ses yeux brun-rouge de ceux émeraudes de son interlocuteur. Après tout, il était ici dans le but d'étudier le Miroir. Il se tourna donc vers le mur qui portait l'objet. Il s'y vit, simplement. Il en profita pour réarranger quelques unes de ses longues mèches obsidiennes. Son reflet lui renvoyait son sourire arrogant, son air hautain. Après tout, l'objet de verre et d'argent n'était qu'un pâle ornement dans cette pièce. On aurait dit qu'un simple coup suffisait à briser en milliers de morceaux ce qui pouvait détenir au delà même de notre imagination. Et pourtant, il était là, unique et immuable, se détachant de tout le reste. Il avait de cette arrogance comme Ekzael ne peut se retenir d'admirer et de détester. En un sens, il aurait aimé être comme lui, et son image lui renvoyait son impuissance...

La seule chose que pouvait faire ce miroir était de retourner à son propriétaire ce qu'il avait perdu. Une ironie qui ne put qu'accentuer l'insolence qu'affichait les traits du finlandais. Il était le Joueur. Celui qui Gagne. La perte n'était pas dans ses habitudes. Mais la magie du miroir ne résultait pas d'expériences d'un novice. Il sut lui montrer certaines choses qu'il n'aurait jamais pu revoir. Un échiquier. Une pièce de collection qui s'évanouit lors de l'attaque de l'Ordre. La seule chose qu'il pouvait regretter de cette nuit là. Il n'avait pas participer à la défense. Il s'était contenter d'étudier tout ce qui pouvait l'être. Lors de l'effondrement de la tour, seul le jeu de son père ne put être sauvé. Mais il le considérait comme perdu à jamais. Et il ferait avec. Il se refusait à perdre un bien de même valeur, et par conséquent, il se refusait à perdre face à un bout de verre. Celui-ci n'avait pourtant pas dit son dernier mot.

« Tu sais, il est insensé de céder aux avances du Miroir. Si tu as perdu quelque chose, et qu'il te le rend, il y a des chances que tu puisses le perdre une nouvelle fois. Qui voudrait perdre deux fois quelque chose de précieux ? »

Il parla trop vite. Une constante chez lui. L'artefact avait su trouver son point faible. L'enchantement était puissant, Ekzael ne put déterminer comment il était remonté si loin dans sa vie privée. L'illusion qui le représentait se riait de lui autant qu'il riait avec des gens de son âge. Des relations. Des amis. Des gens qui prenait plaisir à être en sa compagnie. Ces visages qui apparaissaient lui était à la fois si familier et si lointain. Cela remontait déjà à plusieurs années. Avant Swyn. Avant qu'on lui fasse comprendre qu'il était intelligent. Avant que cette arrogance perfide ne s'insinue dans le moindre fragment de son être. Le Dorelly s'en trouvait décontenancé. Il n'avait pas réellement réalisé le prix de son changement. Et l'image idyllique qui s'affichait en face de lui l'empêchait de raisonner clairement.

Le prix de son intelligence. Le prix de ses victoires. Le prix de sa compréhension. Il avait le choix entre rester sur ses positions ou retrouver une vie ordinaire. En temps normal, il n'aurait pas hésité. Quel bénéfice pouvait-on tirer de rejoindre la foule banale ? Le bonheur niais ? De quelconques sentiments inutiles ? L'absence de réflexion ? Très peu pour lui. Et pourtant, il hésitait. Il y avait dans cette scène une sensation qui l'impressionnait, l'effrayait, l'attirait. Son corps tremblait d'une excitation qu'il n'avait que lorsqu'il jouait sérieusement. Il avait devant lui un pari qui se présentait. L'enjeu était son avenir. Il ne pouvait pas se permettre une défaite. L'esprit de l'élève partait dans tous les sens. La nouvelle idée que lui avait soumis l'entité perturbait toute sa logique. Voilà que l'Arrogant était soumis à un choix qui le dépassait. Les Autres ou Lui. Les Sentiments ou Le Pouvoir. Vivre ou Réfléchir.

« Valek. J'ai une proposition à te faire. »

[*]

Ekzael. Parmi toute la masse imbécile de cette université il avait fallut que ce soit lui, l'Arrogance, qui entre dans cette salle. Comme quoi le destin était déjà tracé. La Force et l'Arrogance de nouveau ensemble. Avec Valek, Ek' n'avait jamais agit comme il le faisait habituellement. Pourquoi ? Il l'ignorait et pourtant des intuitions se bousculaient dans sa tête. Avait-il peur ? N'était il qu'un simple pantin pour Ek', un « ami » destiné et qui pouvait le protéger à priori de tous les périls ?

Ekzael … Plus il apprenait à le connaitre, plus il en était déçu. Et paradoxalement plus il l'appréciait. Dans un recoin profond de son esprit il souhaitait qu'il change. Qu'il devienne un mage renommé, une personne se battant pour ses intérêts, pas quelqu'un fuyant sans cesse et aussi analytique. Il avait hurler intérieurement de colère lors de l'attaque de l'université. Non seulement il était furieux après ces mages, ou plutôt ces choses, qu'il détestait par-dessus tout. Mais aussi pour une seconde raison, lui. L'Arrogant qui au lieu de protéger sa vie ou ses camarades prenait des notes. Un relent de dégout traversa son esprit, comment pouvait on être aussi … lâche. Et maintenant qu'il le regardait et l'entendait parler il n'y avait plus qu'un seule chose dans as tête. Rage.

Son visage, neutre jusqu'à présent, était désormais déformé par la haine qui montait en lui. Le véritable mage se révélait. La Force prenait le dessus. C'était à cause de gens comme lui que son frère était mort. Des gens qui refusaient de se battre. Un peuple qui refusait de penser. Un monde dominé par des puissances malfaisantes Valek ne comprendrait jamais pourquoi ils refusaient de se dresser et de changer. De briser ce silence. Cette loi qui lui avait tant pris. Et cette colère qui ne le lâchait à présent plus. Il fallait que quelqu'un paye. Non. Qu'ils payent tous pour leur lâcheté, leur stupidité. Le miroir pourrait l'aider, le miroir pouvait lui redonner le seul en qui il avait réellement confiance. Grand frère.

*Tu me manques tellement …*

Il détourna les yeux et les replongea vers le miroir, il n'y voyait que le reflet d'Ek'. Lui il pourrait être un parfait exemple de sa vengeance. Des pensées sadiques s'amassaient dans son esprit, la Rage contrôlait pratiquement tout son corps. Cela était tellement facile, sortit sa baguette, immobiliser le faible, le faire disparaitre. Définitivement. Son coeur battait de plus en plus vite et pourtant il sentait léger désormais, il se sentait … bien ? Ses veines gonflaient à l'afflux sanguin de plus en plus puissant. D'un geste il prit sa baguette dans sa veste. Et son bras retomba le long de son corps Et maintenant plus qu'une seule parole. Et le début de sa vengeance commencerait. La genèse de sa folie pourrait s'écrire. Un frisson lui parcourut l'échine. A l'intérieur du corps de l'homme du nord se menait un combat intense, l'esprit de l'Enfant luttait. Lutter pour sauver ses amis. Peu à peu la sagesse revenait et l'innocence refaisait surface. Le combat était dur, ses membres en tremblaient. Sa baguette glissa lentement de ses doigts s'en qu'il ne puisse la stopper. Il vécut la scène au ralentit. Sa main droite lâchant la baguette et se soulevant immédiatement en direction de son visage. Sa main couvrant ses yeux, le bruit de la baguette tombant sur le sol. La déconnexion de la Rage.
Le souffle coupé, il était revenu, là dans cette salle ou son ami lui parlait. Jamais il ne se laisserait contrôler par cet état second. Ce ne pouvait être lui, il prit peur. Comme un déclic il songea que sa force pourrait le perdre, la puissance magique qu'il possédait pourrait d'un seul coup le détruire. Le Doute. Ses yeux se reposèrent sur le miroir, cette chose avait trouvé une possible solution. Terrifiant? Et soudain il entendit la fin de la phrase d'Ekzael : Qui voudrait perdre deux fois quelque chose de précieux ?. Cela le fit sourire intérieurement. Maintenant que le Seigneur des mages noirs avait disparût, qui pouvait tenter de tuer son frère. Qui pouvait les tuer. Car cette fois ci jamais il ne se séparerait de lui. Ensemble ils ne pourraient pas perdre.

Accepter et perdre autant. Pourquoi pas après tout ? Il y gagnerait peut-être au change. Mais il serait alors un poids pour son frère. Ou du moins il ne serait plus aussi efficace qu'il pouvait l'être à l'instant présent. Comment supporter cela. Il avait toujours été complexé par le charisme que son frère renvoyait, sa puissance, ses stratagèmes. Il était jeune à l'époque et il l'idéalisait. Qu'en était il maintenant, il aurait tellement voulu se confronter à lui. Découvrir enfin ce qu'il valait. Pour cela il devait soit accepter l'offre du miroir soit trouver un autre moyen de ramener son frère. De la pure folie. Jamais il ne réussirait. Il fallait qu'il marchande. Le miroir cèderait il ? Il connaissait sa réputation. Et il savait qu'il prenait toujours quelque chose d'un importance équivalence. Valek n'avait rien d'autre a offrir que ce que le miroir lui avait déjà proposé. Quelle impasse. Et pourtant une idée lui vînt. Quel calvaire. Un plan pour tromper le miroir. Quelque chose de si grand qu'il devait patienter encore 2 ou 3 années avant d'y parvenir. Était ce là la seule chose qu'il pouvait trouver ? Comment attendre sans être sûr d'un quelconque résultat pour quelqu'un qui a horreur de l'échec. Du pur masochisme. C'était un pari qu'il pouvait prendre. Mais il était persuadé au fond de lui qu'il n'aboutirait jamais. Il se passerait quelque chose bien avant, une chose qui changerait le cours de son existence.

« Valek. J'ai une proposition à te faire. »

Comme surpris dans ses pensées il secoua la tête et pris un air intrigué par cette phrase. Le Joueur voulait lui faire une proposition ? A quoi pouvait penser ce fou ? Pouvait il l'aider ? Avait il deviner ce qu'il attendait du miroir ? Tant de questions auxquelles il voulait des réponses immédiates. Cependant froid comme la glace, il ne laissa rien transparaitre. Il en oubliait presque sa baguette, il s'essaya par terre et la ramassa. Tout en la replaçant dans son mantel il fixa le miroir. Il pouvait y voir les yeux d'Ek. Brillants et intrigants. Tout en croisant ses bras il prononça un seul mot après cette longue pause de réflexion.

« Parle. »

[HRP]Hum ... Encore désolé du gros retard Wink

[/HRP]

Invité

Son intelligence. Un don du Destin, il en était convaincu. Il avait toujours eu cette chance qui l'accompagnait, et ce depuis ses premiers souffles de vie. Elle était son principale atout. Grâce à elle, il avait toujours bénéficié de facilités accrues durant ses études. Elle était sa meilleure carte. Il ne jurait que par ses raisonnements, il ne vivait que par sa logique. Comme une paire d'aile qui le hissait, de quelques simples battements, bien au dessus de la foule abjecte qu'il ne peut supporter. Un mécanisme qui avait discrètement creuser le fossé qui désormais le séparait, lui, des autres.

Car là était bien la problème. Sa solitude. Ekzael pouvait se targuer de son incommensurable supériorité, de sa si sublime logique, il n'avait toujours été que l'unique spectateur de l'absurde spectacle qu'il donnait. Délaissé et délaissant, il était trop ou pas assez, toujours dans l'excès, jamais comme les autres. Jalousé et jalousant, il n'avait jamais été maître de la situation. Plus aucune relation, de simples regards méprisants pour seuls échanges avec l'humanité. Et une arrogance qui, jour après jour, implantait ses racines ébènes dans le cœur innocent du jeune exclu.

Le Joueur. C'est ainsi qu'il est réellement né. Dans l'isolement, dans le raisonnement, l'Arrogance s'est vu attribuer un nouvel avatar. Elle était l'équilibre entre sa situation et ses capacités. L'inépuisable source de réconfort, l'infranchissable bouclier de son âme. Toute sa fierté qu'il devait sacrifier. Combler la solitude par l'amitié, remplacer la logique par la sympathie, perdre son égo contre des amis. Un choix ubuesque, déplacé, répugnant. Et pourtant, si tentant. Devenir comme eux, les autres. Ceux qu'il hait et qu'il envie pour leur si simple existence. Il ne doute pas qu'ainsi, il n'aura plus de problèmes, plus jamais. Il deviendra comme ces personnes qui ne savent pas penser. Il suivra le cours de sa vie, comme tous. Il dira adieu à tout ce qui le rend unique – uniquement détestable.

Le miroir se jouait de lui, comme habituellement le Dorelly se jouait de l'adversité. Il dominait la partie sans aucune difficulté. Il n'était qu'un objet, qu'un enchantement, et c'est par dessus tout pour ça qu'Ekzael ne pouvait assumer sa défaite évidente. Il se voyait entouré de personnes qui avaient l'air de tenir à lui. La joie et le bonheur ressortait de la façade réfléchissante, mais le Mage n'y voyait qu'horreur et dégoût. Tout son corps tremblait. Le cliquetis persistant des bracelets de son bras droit résonnait de manière entêtante dans la pièce. Son visage était crispé sous une moue d'effroi. Il déglutit difficilement. L’Arrogant face à la Vérité. Cette scène mielleuse lui renvoyait en pleine face la misérable existence qu'il avait vécu. Toute la volonté qui l'animait, qui le rendait si fort, si fier, toute cette volonté réduite à l'état de poussière. Il allait céder. Le temps avait suspendu son cours devant ce spectacle d'humiliation. Sa main gantée se leva vers la surface polie, il voulait accepter cette issue si aisée.

« Parle .»

Son cœur se stoppa un instant. Son corps fut saisi d'un spasme. Le voile idyllique qui altérait sa perception s'envola. Ses sens reprirent le contrôle sur son esprit qui semblait succomber aux chimères de reflets enchanteurs. Il était le Joueur. L'Arrogant. Qui était en mesure de le faire fléchir ? Qui avait donc le pouvoir de soumettre sa volonté ? Qui donc pouvait donc défié Ekzael ?

« Personne. Personne ici n'a pu mieux que moi juger tes capacités. Je connais l'étendu de ta puissance. Et tu en sais de même sur moi. Toi, la Force. Moi, l'Esprit. Nous sommes si différents, mais tout autant complémentaires. Tout ce que je souhaite de ta part, c'est une alliance. Un pacte qui scellerait nos atouts à des fins que nous n'avions jusque là jamais effleuré. »

Sa voix était de respect, contre toute attente. La sincérité marquait le moindre de ses mots, au même titre que le désespoir. Il n'avait aucun moyen de forcer Valek à le suivre. Mais il avait jouer là surement la dernière carte qu'il lui restait. S'il acceptait, il pourrait entamer de grands projets. Ekzael y voyait l'occasion de se créer une amitié et un lien si puissant qu'il lui permettrait de gagner tout ce qu'il avait perdu, et bien plus encore. Il jeta un œil au miroir. Celui-ci repassait en boucle les mêmes scènes. Il semblait être arrivé à sa limite. Ekzael avait en un sens perdu sa vie. Mais c'était l'unique chose que le miroir pouvait négocier. Il n'y avait absolument rien d'autre. La faille. Elle était là. Même si le miroir était des objets les plus puissants qu'il eut rencontré, il avait un point faible si évident. Le visage du jeune s'illumina. Ses yeux avait repoussé toute idée de défaite. Son sourire rayonnait de sa future victoire.

« Ce miroir. Sans doute te propose-t-il quelque chose qui t'était cher. Un regret, un manque qui n'a toujours pas été comblé. Mais en face de cela, il le remplacera par une autre vacuité, plus béante encore. Il ne t'apportera rien de nouveau, jamais. Alors qu'ensemble, nous pouvons évoluer, créer, devenir. Et si la fortune nous le permet, c'est sans le prix qui nous ait demandé que nous récupérerons ce qui nous a été dérobé. Nous montrerons au monde entier que nos idéaux, dont nous avons longtemps débattu, peuvent se concrétiser. Une seule chose pour cela. Oublie ce miroir. Oublie ses viles propositions. »

Il se déplaça entre le miroir et l'homme au visage d'enfant. Il se tenait droit, fier devant l'élève assit devant lui. Il ôta son gant de sa sénestre, et tendit alors sa main vers Valek comme l'ultime symbole de sa proposition.

« Jouons. Ensemble. Nous ne pourrons alors plus jamais perdre. »