S.W.Y.N ¤ Someone Wants You Nuts ¤
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 Dislocation & Emboîtement

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Andrew McAllen
M.U.M
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Andrew McAllen



 
▌Né(e) le: 08 Avril
▌Pays d'origine: États-Unis
▌Statut: 6ème année

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MessageSujet: Dislocation & Emboîtement   Dislocation & Emboîtement EmptyDim 6 Mar - 3:57

Tout avait commencé par une simple envie. Parfois, il n’en fallait pas plus. Qu’une simple impulsion. Puis ça le remettrait en forme. Et il aimait jongler avec. Il scorait pratiquement à tous les coups, d’ailleurs. Après tout, il était bien Andrew McAllen, capitaine de l’équipe de Quidditch de Salem, Poursuiveur durant sept années consécutives. Poursuiveur, ça il l’était toujours. Il n’y avait que le sport qui avait changé. Le nouveau se jouait généralement en équipe de deux, et n’exigeait qu’un minimum de protection. Andrew s’entraînait pour les deux, mais aujourd’hui, il jouait au Quidditch. Sur son balai, il s’échauffait en envoyant quelques tirs dans les cercles d’or. Le vent faisait un peu chier, par contre, et déviait la moitié de ses meilleurs lancés. Reprenant un peu d’altitude, Andrew lança un sortilège d’attraction sur un Souafle au sol qui arriva en un rien de temps au creux de sa main.

" Voyons voir ça... "

S’il pouvait maintenir une vitesse stable et ne pas dévier d’angle, il réussirait son coup. Andrew considéra le vent un instant et s’élança, Souafle sous le bras. Arrivé à la distance désirée, il lança la balle et... Merde, raté de peu ! Andrew soupira et remonta une nouvelle fois en hauteur. Les sourcils froncés, il fixa son objectif quelques secondes avant de s’élancer droit dessus en zigzaguant. Son bras répéta le même mouvent, mais Andrew décida d’y mettre davantage de force. Le Souafle se dirigeait droit vers le centre du cercle quand le vent le fit inévitablement dévier sur la barre dorée. Le Souafle rebondit et alla s’écraser dans l’herbe. Bon allez, jamais deux sans trois, pas vrai ? Andrew refit le même manège, quand même un peu énervé d’avoir raté deux tirs d’affilée. Ce coup-ci, c’était la bonne. Andrew se saisit du Souafle et se donna un élan avant de le projeter d’un mouvement rapide vers la zone des buts. Puissant craquement d’épaule. Bordel. Touché ! Le Souafle était passé ! Mais bordel, ce bruit ! Andrew redescendit au sol et constata les dégâts.

" Putain, j’crois qu’elle est disloquée. "

Lorsqu’Andrew tenta de la remettre en place lui-même après avoir retiré son équipement de Quidditch et sa chemise, la douleur fut si grande qu’il vociféra en serrant les dents. L’angle de l’épaule était vachement inquiétant. Il n’allait pas pouvoir la remettre en place comme ça. Andrew se résigna. Il quitta le terrain de Quidditch et prit la direction du château afin de se rendre à l’infirmerie. Seulement, manque de bol, lorsqu’il se pointa à l’infirmerie, il avait beau cogner à la porte, pas de réponse. Lorsqu’il entrouvrit la porte, il constata que l’endroit était désert. Où était passée l’infirmière ? Et les patients ? Tous les lits étaient vides, sans exception. Andrew s’approcha du bureau de l’infirmière où on y avait laissé une note qui disait plus ou moins ceci :

Je suis absente aujourd’hui.
De retour dès demain. Merci de votre compréhension.
Pia E. Di Concetta, infirmière.


C’était une blague ? L’infirmière qui prenait un jour de congé, et puis quoi encore ? Un de ses chats avait choppé des rhumatismes ? Andrew n’en croyait pas ses yeux. Il chiffonna la note avant de l’envoyer valser par terre. C’était bien sa chance. Et qui allait lui arranger cette fichue épaule démise, maintenant ? Andrew soupira bruyamment en jetant un nouveau coup d’oeil à sa blessure. Sérieux, c’était moche. Le pire qu’il avait jamais eu en jouant au Quidditch remontait à sa cinquième année. Un type de l’équipe adverse qui lui avait balancé un Cognard en plein sur le crâne. Il avait été inconscient pendant quelques heures avant de se réveiller avec l’envie de lui foutre son poing dans la gueule. Ce qu’il avait fait, d’ailleurs. Mais une blessure comme ça, c’était bien la première fois. Alors qu’Andrew s’apprêtait à sortir de l’infirmerie, l’ombre d’une silhouette féminine se glissa dans le peu de lumière que laissait entrer la porte entrebâillée. Une fille qui ne portait pas de jupe. Elle tombait bien, elle. Andrew s’empressa de s’éloigner du bureau pour aller à sa rencontre.


" Hey Gaby ! J’suis si content de te voir ! "

Sourire charmeur. Peut-être un peu trop sincère. Peut-être un peu trop vrai, pour une fois.

" Dis-moi, toi qui est une chic fille, tu voudrais pas m’rendre un service ? "

Andrew lui indiqua son épaule du regard, prêt à entendre Gaby lui reprocher de jouer les cons, d’être insouciant, imprudent, ce qu’elle voudrait. Tant qu'elle lui remettait en place cette satanée épaule.
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Gabrielle E. Dimitrov
A.C.A.I.I
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Gabrielle E. Dimitrov



 
▌Né(e) le: 13 Novembre.
▌Pays d'origine: Corée.
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MessageSujet: Re: Dislocation & Emboîtement   Dislocation & Emboîtement EmptyDim 6 Mar - 7:24

Tout avait commencé par une simple dispute. Le genre de dispute toute con, que tout le monde connaît, où à la fin les concernés ne se parlent plus, et puis finalement fondent en larme l'un dans les bras de l'autre en demandant pardon. Scènes de ménage pour une éponge mal essorée, un tee-shirt emprunté sans la permission, une bouteille ouverte alors qu'il ne le fallait pas, un semblant d'adultère. Sauf que ce jour-là, il n'y avait eu ni larmes, ni embrassades, et encore moins de pardons. Pardon de quoi, d'ailleurs ? Pardon d'être un enfoiré de manipulateur ? Ça passait mal. Alors il s'étaient quittés, sur un au revoir d'une froideur qui ne laissait présager aucune réconciliation. C'était la première fois qu'Alex appelait Gabrielle par son prénom ; elle ne s'était jamais douté que cela puisse lui faire si mal.

D'un côté elle se disait qu'elle n'avait pas de raison de lui en vouloir. Après tout, on l'avait assez prévenue ; « Ne t'approche pas d'eux, tu vas juste te faire du mal. » Et elle, candide comme si elle venait de naître, elle l'avait cru différent des autres. Elle était tombée dans le piège. Alex avait pourtant joué cartes sur tables le premier soir ; elle avait eu la naïveté de penser qu'il avait changé par la suite. Pouvait-elle lui en vouloir d'avoir tenté de faire ce qu'il lui avait clairement dit au tout début ? Non, c'était entièrement de sa faute.
Mais d'un autre côté, elle lui en voulait d'une force incommensurable. Et l'énoncé même de son nom lui donnait des frissons de colère. Pas tant parce qu'il avait parié sur elle comme on parie sur un hippogriffe de course, ni même parce qu'il avait d'une certaine manière trahi sa confiance, non ; mais parce qu'il avait réussi à lui faire croire aux contes de fée alors qu'elle avait toujours essayé de s'en éloigner. Et la chute était douloureuse. Très douloureuse. Lui qui avait juré de ne pas la laisser tomber, il l'avait poussée dans le précipice.

Leur accrochage datait de la veille ; Gabrielle digérait encore difficilement l'information. La nuit avait été longue, très longue. Elle avait passé des heures à se tourner et à se retourner dans son lit avant de comprendre qu'elle n'arriverait pas à dormir. Alors elle s'était levée, habillée, avait pris son paquet de tabac et était sortie dans Bourg-en-Bière ; elle n'était finalement retournée aux dortoirs qu'au lever du soleil, où elle avait réussi à somnoler assez pour faire acte de présence aux deux dernières heures de cours de la matinée. Était passée l'après-midi, sans incident notoire, jusqu'à seize heures, où elle avait pris une pause-clope dans le parc avant de se rendre à l'infirmerie pour sa visite médicale hebdomadaire. D'habitude, cette visite l'ennuyait au plus haut point ; l'attaque de l'Ordre n'était plus toute récente et cette obstination de l'infirmière à vérifier qu'elle n'allait pas claquer dans les jours suivant tous les lundi lui semblait, sinon stupide, totalement superflue. Mais aujourd'hui elle se réjouissait presque de s'y rendre, étant certaine qu'elle n'y croiserait pas Alex. Ce fut donc presque avec enthousiasme qu'elle frappa à la porte déjà entrouverte et d'un pas presque joyeux qu'elle entra, étranglant dans sa gorge une voix presque chantante en tombant nez-à-nez avec la deuxième personne qu'elle avait le moins envie de voir de toute l'Université.

« Andrew. »

Torse nu. Avec une épaule qui déconnait grave. Son regard passa de son visage à son épaule, de son épaule au bureau, du bureau aux lits, vides. Et, ignorant sa demande, elle le dépassa pour chercher un éventuel chat qui traînerait dans un coin de la pièce.

« L'infirmière est pas là ?
- Si elle était là j'te demanderais pas de m'aider, Gaby d'amour … Elle a laissé un mot.
- Où ça ?
- Gaby, je souffre ... »

La Cinnacrow se retourna vers lui pour lui lancer un regard noir.

« Qui te dit que je sais faire ça ? J'suis en Défense, pas en Santé Magique. »

A vrai dire, elle savait parfaitement remettre une épaule démise puisqu'elle s'était déjà retrouvée bon nombre de fois dans la même situation ; mais Andrew était apparu au mauvais moment, et elle était tout sauf disposée à l'aider. Pourquoi le ferait-elle, d'ailleurs ? Elle ne l'aimait pas. Vraiment pas. Andrew faisait partie de cette catégorie de personnes pour lesquelles Gabrielle vouait une inimitié naturelle. Encore que ce n'était pas le véritable problème … En réalité, ce que Gabrielle haïssait chez lui, c'était que non seulement il se plaisait à tenter de l'aiguiller sur son tableau de chasse, mais qu'en plus il était en mesure de réussir. Et ça, Gabrielle n'aimait pas du tout. Ainsi, la vision de son rictus de douleur ne lui était pas totalement désagréable. Mais loin d'être de nature sadique, elle ne mit pas bien longtemps avant de lui indiquer un lit d'infirmerie du doigt.

« Assieds-toi. Et je ne veux absolument pas savoir comment tu t'es fait ça. »

Le travail fut vite fait. Pas de chemise à enlever – l'individu semblait éprouver un plaisir particulier à arpenter l'Université à moitié nu –, pas de préparations psychologique, pas de chiffon à serrer entre les dents. Il y eut craquement sonore, un sursaut et un éclat de voix. Et puis magie, l'humérus d'Andrew avait repris sa place. Gabrielle recula d'un pas, périmètre de sécurité oblige, avant de lancer avec un rictus :

« Besoin d'autre chose ? Un massage, peut-être ? »

[Si quelque chose ne va pas dans les paroles d'Andrew ou quoique ce soit d'autre, tu as le droit de te taire n'hésite pas à me taper dessus ma boîte MP t'es ouverte.]
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Andrew McAllen
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MessageSujet: Re: Dislocation & Emboîtement   Dislocation & Emboîtement EmptySam 12 Mar - 2:19

Quite unfair,
Quite a pair.

« Andrew. » qu’elle disait. Comme chaque fois qu’elle le voyait. Comme on identifie un ennemi, car il n’était rien d’autre à ses yeux, il le savait bien. Gaby mettait un point d’honneur à l’ignorer, et plus elle jouait les indifférentes, plus Andrew la trouvait attirante. Il lui suggérait de porter des jupes, pour le plaisir de la provoquer, sachant qu’elle n’aimait pas ça, et elle l’envoyait chier sans cérémonie. Il répondait à chacune de ses insultes par un large sourire idiot, ce qui devait très certainement donner à Gaby l’envie de lui foutre des coups. Andrew avait conscience d’user ses nerfs. Il espérait même qu’un beau jour, elle en aurait plus que marre de lui résister avec autant d’ardeur, et se laisserait aller pour commettre l’irréparable. Ils jouaient à ce petit jeu depuis un bon moment, déjà, et jusqu’à présent, Gaby s’en tirait bien.

Andrew lui obéit et s’assied sur un lit vide de l’infirmerie sans lui raconter l’épisode de son épaule démise. Il aurait sûrement inventé une histoire débile, de toute manière, et comme Gaby n’avalait pas ce genre de salade, aussi bien s’abstenir. Puis, sans hésiter, elle tira quelque part, Andrew ne savait pas trop où ni comment, et une vive douleur lui traversant le bras l’obligea à se raidir. Il en oublia de respirer sur le coup, puis ses muscles se détendirent aussitôt l’épaule remise en place. Sans doute Gaby se moquerait-elle de l’apprendre, mais Andrew n’aurait pas laissé aucune autre fille qu’elle lui arranger cette épaule disloquée, l’infirmière mise à part, bien sûr. Gaby n’était pas fille à se laisser facilement attendrir, elle savait le faire, et elle ne flancherait pas. Une sorte d’instinct basé sur pas grand chose, puisqu’il ne savait littéralement rien sur elle. Ça se sentait, voilà tout. Il pouvait le dire rien qu’en la regardant. Cette fille avait du cœur au ventre. Et elle était déjà loin de lui, l'attaquait déjà de sarcasme. Le concerné lui lança un regard appuyé. Gaby n’en manquait décidément pas une.


" Un massage ? " Répéta-t-il, dubitatif, soulevant un sourcil.

Se penchant avec lenteur vers l’avant pour mieux regarder Gaby dans les yeux, Andrew arborait à présent un sourire moqueur.


" Tu saurais être douce... toi ? "

Sur son visage, on pouvait clairement voir qu’Andrew n’y croyait pas deux secondes. Gaby ne savait que foutre des coups de poing aux gens, du moins telle était sa réputation. Andrew ne demandait pourtant qu'à voir. Qu'elle lui prouve son tort. Il la provoquait pour qu’elle lui démontre qu’elle en était justement capable. On ne parlait que d'un simple massage. Pas de quoi fouetter un chat. Et il était déjà torse nu. Sur le lit.

" Au fait, qu’est-ce que tu venais faire à l’infirmerie ? "

Andrew la détailla de la tête aux pieds, en quête du bobo. Gaby n’était pas très féminine, d’ailleurs elle n’avait pratiquement pas de courbes, mais ces yeux bleus, ce regard brillant, intense, suffisait à la rendre fascinante ! Elle le repoussait toujours avec force, si bien qu’il ne voulait que revenir gratter encore plus fort contre sa carapace de ses phrases bourrées de piques. Pour la voir se mettre enfin à nue, se rendre vulnérable, pour lui. Pour sa gueule de Plume, ou pour sa gueule tout court. Andrew désirait arborer fièrement sa queue de chat, et attirer la souris hors de son trou. L’inviter à vouloir se faire dévorer, à croire que ça ne fera pas mal, et la laisser s’imaginer un instant chat à son tour. Pour ça, il devait la convaincre qu'il y avait un fromage.

" T’as mal quelque part ? "

Sa voix baissait d’un ton. Il se passa une main dans les cheveux en se redressant, puis ajouta :

" Je t’en dois une, alors tu peux m’demander c’que tu veux, et on verra ensuite... "

Ce qu'elle voulait, peut-être. Dans la mesure du possible, fallait voir. Andrew se disait que Gaby n'aurait sûrement pas grand chose à lui demander. Pas son genre. Plutôt crever que lui demander quoi que ce soit, à part lui foutre la paix. Andrew lança tout de même l'offre, question de ne pas passer pour un ingrat alors qu'elle venait de le tirer d'un mauvais pas.

" Pas d'arnaque, c'est promis ! "

Fromage. Fromage. Fromage.

Little darling,
Welcome to the show.
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Gabrielle E. Dimitrov
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MessageSujet: Re: Dislocation & Emboîtement   Dislocation & Emboîtement EmptyDim 20 Mar - 17:12

« Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.



J'la connais, ta technique, petit con.

Andrew et Gabrielle ne s'étaient encore jamais parlés qu'ils se connaissaient déjà de réputation. Elle savait qu'il aimait les jupes et ce qu'il y avait en-dessous ; il savait qu'elle n'en portait pas et préférait poser ses poings plutôt que ses lèvres sur le visage des types de son genre. Deux individus qui, en somme, n'allaient pas du tout ensemble - chose qui convenait très bien à l'un, ou plutôt l'une, mais excitait par malheur la curiosité de l'autre. La curiosité, c'était l'un de ces vilains défauts qui poussaient les gens à aller vers Gabrielle. Pourquoi cette haine dans le regard, pourquoi ces cicatrices sur la peau, pourquoi cette agressivité constante ? Andrew s'était plutôt demandé si elle était réellement à la hauteur de sa réputation. Et puis quand il s'était révélé qu'elle en était même au-delà, la curiosité avait laissé place au challenge. Il la voulait. Pas pour les seins qu'elle n'avait pas, pas pour les jupes qu'elle ne portait pas, mais pour sa valeur. Gabrielle, c'était celle que personne n'avait encore réussi à atteindre, mais dont l'existence des failles avait été prouvée. Gabrielle, on était sûr que c'était possible ; seulement, personne n'avait encore eu la patience nécessaire pour aller jusqu'au bout. Andrew avait décidé qu'il serait le premier.

Ainsi, dès leur seconde entrevue, le jeu qui avait commencé à la première avait changé de niveau. Le chat était passé de débutant à expérimenté, la souris n'avait toujours pour seules armes que ses dents et ses griffes. Et dents et griffes ne servaient plus à rien, contre la nouvelle tactique du félin. Loin d'être imbécile, il avait deviné que ses attaques habituelles n'avaient aucunes chances d'aboutir et qu'il allait falloir changer de méthodes. Elle marchait au défi, et ça, Andrew l'avait senti très vite. Cap ou pas cap ? Cap, évidemment. Gabrielle n'aimait pas recevoir des ordres. Elle n'aimait pas recevoir des ordres et avait horreur qu'on lui colle une étiquette. Ainsi avait-elle toujours refusé d'être « Cinnacrow » et de faire honneur à une maison qu'elle n'avait pas choisie et ne représentait rien pour elle, au grand désespoir de sa Directrice. Ainsi s'était-elle prise au jeu d'Andrew, quand il l'avait comparée à Mélite d'Orcy, devant elle. Gabrielle n'était pas Mélite. Elle n'était personne d'autre qu'elle-même. Alors quand Andrew l'avait poussée à montrer qu'elle était différente, elle était déjà à deux doigts de se damner. Et puis Mélite avait porté le coup de grâce, en lui lançant ce regard qu'elle connaissait si bien. Arrête ça. Gabrielle n'aimait pas recevoir des ordres et avait horreur qu'on lui colle une étiquette. Mélite lui donnait l'ordre, Andrew l'étiquette. Elle les avait envoyé au diable tous les deux, s’y était jetée elle-même sans s’en rendre compte. Le piège s'était refermé sur elle, le chat avait planté ses dents dans le cou de la souris. Andrew : 1 ; Gabrielle : 0.

Depuis, plus un écart. Le souvenir cuisant de la marque qu'elle avait dû cacher durant toute une semaine l'avait dissuadée de recommencer à jouer avec le feu. Elle l'avait fui autant que possible, lui-même se plaisant à apparaître dans les endroits où elle s'y attendait le moins. A ces moments-là, acculée, elle s'escrimait à être plus Gabrielle que jamais, mordante de piques et plus froide qu'il n'était permis de l'être. Une soirée mise à part, Andrew n'avait plus marqué aucun point ; elle s'en sortait finalement sans trop de casse.

« Ça a marché une fois, Andrew, et c’était la dernière. »

Elle ne releva ni son regard, ni son sourire, ce duo qu’elle connaissait si bien. Lui tournant le dos sans plus un mot, elle se dirigea vers le meuble de l’infirmerie pour en ouvrir les tiroirs un à un. L’infirmière avait un sens de l’ordre qui lui échappait complètement ; papiers et boîtes de médicaments s’empilaient dans un enchevêtrement chaotique, sans aucune logique apparente. Alors que son regard parcourait nerveusement les lignes des dossiers, à la recherche de son propre nom, Andrew s’enquérait du pourquoi de sa présence à l’infirmerie.

« J’ai pas besoin de toi, je cherche juste mon dossier. »

Les promesses d’Andrew, elle y croyait autant qu’au communisme. Autant dire qu’elle n’y croyait pas du tout. De toute manière, il savait très bien qu’elle n’avait aucune confiance en lui et ne faisait rien pour changer la donne. Ils n’étaient pas amis. Ils ne l’avaient jamais été. C’était juste un pari, un foutu pari de merde. C’était …

« Tiens, mais c’est le dossier d’Alex, ça. »

Gabrielle se retourna brutalement, se retrouva à quelques centimètres du visage goguenard d’Andrew qui s'était rapproché sans qu'elle s'en aperçoive.

« Putain, t’es con, préviens quand t’arrives derrière moi comme ça. »

Elle se donna une gigantesque claque mentale. Le seul nom d'Alex sur un bout de papier lui donnait des frissons de rage, c'en devenait malsain. Elle en était arrivée là, à buguer sur ces quatre lettres au lieu de chercher son nom, le sien, Gabrielle, pour savoir qu'est-ce qu'elle devait prendre et pouvoir enfin quitter l'infirmerie, ses lits blancs et ses visiteurs aux épaules démises. Prenant soudain conscience de l’espace déraisonnable qui siégeait entre le corps du Plume et le sien, elle se raidit, ses poings serrés sur le dossier d’Alex qui hurlait silencieusement d’être froissé de la sorte. Des visiteurs indésirables. Désirables. Indésirables. Ça revenait au même, dans son esprit de Gabrielle recroquevillée. Coincée. La souris se retrouvait une nouvelle fois devant le chat, ronronnant, tout miel, qui n'attendait qu'un geste pour la croquer.

« Andrew … Recule. »

Recule, ou je risque de le regretter.
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Andrew McAllen
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MessageSujet: Re: Dislocation & Emboîtement   Dislocation & Emboîtement EmptyJeu 7 Avr - 22:01

" Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. "

Tu te dis insensible, petite souris, et pourtant tu offres ton dos au chat. Quelle imprudence ! Tu fuis, inutile de le nier. Malgré ta froideur, tu bouillonnes à l’intérieur. Tu sais que je sais que nous savons tous les deux comment l’histoire se terminera. Tu t’es laissée mordre une fois, et maintenant que tu as goûté au fromage, il est trop tard pour reculer. Parce que t’es accro, et que t’en veux encore. Les autres souris te disent qu’il ne faut pas, que le fromage ne vaut pas le risque. Tu n’écoutes pas. Tu t’en fous, t’es pas comme eux et tu le veux, ce putain de fromage. Tu sais aussi que le chat te coincera. Même que tu veux être attrapée. Pire que ça, tu te rends compte que c’est le chat, et non le fromage, qui motive tes actes. Un fromage tout cuit dans le bec n’aurait aucun intérêt. Et le chat attend, patiemment, que tu sortes enfin de ton trou pour te livrer à lui. Alors tu fonces, tête baissée. T’as confiance en toi, mais les rouages du piège s’enclenchent plus vite que prévu, et là tu paniques. T’as rien vu venir. Tout d’un coup tu doutes, t’as la trouille, et tu implores le chat de reculer. Tu veux plus jouer, parce qu’avant aujourd’hui, tu ne croyais pas que la fin viendrait si tôt.

" Sinon quoi ? Tu m’casses la gueule ? Fais gaffe, si tu me frappes, j’pourrais aimer ça. "

Andrew ressentait déjà le corps de Gaby se crisper sous le poids de son refus. Il ne riait plus. Son regard, habituellement si charmeur, devint inquisiteur.

" Personne n‘est obligé de savoir, t’sais. "

Acculée contre le bureau, Gaby le fixait de ses yeux sombres.

" C’est pas comme si ça laissait une marque que tout le monde pouvait voir. "

Andrew glissa sa main dans le cou de Gaby, caressant du pouce l’endroit où il lui avait laissé un cuisant souvenir, une fois. Ce jour-là, il avait dit à Gaby que ça n’allait pas la tuer, et elle s’en était bel et bien tirée indemne. Même pas mal, sinon un peu à l’orgueil. Elle décréta cependant avec force qu’elle ne se frotterait plus à Andrew et ses défis à la con, après ça. Lui, au contraire, termina cette soirée avec une certitude au ventre ; celle que Gaby le désirait autant qu’elle le méprisait. L’idée qu’il puisse, aujourd’hui, arriver à ses fins et garder l’exploit secret aussi longtemps que faire se peut lui plaisait. Gaby ne croyait pas à l’amour, et inutile de préciser que lui non plus. Pour ça, Andrew jouait franc jeu avec elle. Pas d’engagement, ni de fausses promesses. Une histoire sans lendemain, voilà ce qu’il avait à offrir.

Il ne savait pas si Gaby avait un de ces passés typiques qui, comme bien des Cinnacrow, était à l’origine d’un cœur désillusionné, fermé à toute forme d’affection. Andrew ne se donnait pas la peine de chercher à savoir. De la même manière, aucune fille ne tentait de mieux le connaître. Comme ce manque de curiosité à son égard l’arrangeait, il présumait qu’il en allait de même pour les autres, Gaby comprise. À quoi bon fraterniser plus que nécessaire ? Entretenir le mystère évitait toute forme de déception. À choisir, Andrew préférait de loin la Gaby qu’il connaissait, et le peu qu’il savait d’elle le comblait. Pas besoin de connaître en détails l’histoire de quelqu’un de A à Z pour savoir à qui on a affaire. Depuis qu’il l’avait rencontré, Andrew savait de quoi Gaby était capable. Elle aussi le savait, mais depuis l’épisode du suçon, elle avait préférée se voiler la face et fuir. Drôle de comportement, pour une fille qu’il croyait être une battante. Lui faisait-il autant d’effet que ça, pour qu’elle mette un point d’honneur à l’éviter comme elle le faisait ?


" J’ai pas besoin de toi non plus, j’ai envie de toi, c’est pas pareil. "

Il se doutait que la souris, de ses petites griffes, hésitait, prêtre à mordre le chat, ou le fromage.


" Tu pourrais le regretter, un jour... "

...Si tu me dis non. Et entre nous, tant qu'à regretter, mieux vaut qu'il s'agisse d'une folie d'un après-midi, une erreur de jeunesse, plutôt qu'un désir non assouvi que tu ressasseras lors de tes heures de solitude. Dis-moi, petite souris, que regretteras-tu le moins ?
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Gabrielle E. Dimitrov
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MessageSujet: Re: Dislocation & Emboîtement   Dislocation & Emboîtement EmptyDim 24 Avr - 12:25

It's hard to place
in my face
no emotion.


« Sinon quoi, tu m'casses la gueule ? Fais gaffe, si tu me frappes, j'pourrais aimer ça. »

C'était en temps normal à ce moment précis que son poing s'échouait sur l'arrête de son nez. Ou ailleurs. Peut-être sur sa joue dure ou sous son menton insolent. Quelque part dans ce visage qu'il était commun de dire beau, qu'elle haïssait, et dont elle aurait machinalement démoli la stature si cette journée ne s'était pas située juste après la veille. C'était devenu un réflexe, chez elle, une action qu'elle ne contrôlait pas, un automatisme. La manifestation rare de son instinct de survie, en quelque sorte. Bientôt trois ans que la haine imprégnée dans ses phalanges lui servait à protéger le reste de son corps, une haine en qui seule elle avait confiance, et qui ne l'avait encore jamais trahie. Elle savait d'ailleurs pertinemment qu'il n'apprécierait pas le moins du monde de goûter à son coup droit, connu pour ne pas être tendre, et qu'il ne cherchait qu'à la provoquer encore un peu plus. Seulement, la haine de Gabrielle, celle qui aurait dû s'écraser sur les traits réguliers du Plume comme sur tant d'autres auparavant, était à cet instant tournée vers quelqu'un d'autre. C'était en temps normal à ce moment précis qu'il regrettait ses paroles, et il ne faisait que savourer l'impuissance de celle qu'il considérait comme sa proie.

Personne n'est obligé de savoir, t'sais.

Bien sûr, il ne comprenait pas. Il n'était pas en mesure de comprendre. Il ne cherchait pas à comprendre. Gabrielle n'était qu'une gamine de plus qui crevait de désir pour lui mais ne voulait pas faire partie de la liste, parce que ça ne cadrait pas, parce que c'était commun, parce que c'était contraire à sa réputation. Ce n'était pas une histoire de réputation. Si l'on écoutait ce qui se disait sur Gabrielle, elle aurait terminé sous les draps d'Elias en Décembre et se serait envoyé Alex en Janvier ; ou en Février, ça dépendait des versions. Pour ce que ça changeait, Andrew pouvait bien sortir de l'infirmerie en criant sur tous les toits qu'il avait allongé Dimitrov et qu'elle n'en valait finalement pas la peine ; elle aurait été trop lasse pour lui en vouloir. Mais ce n'était pas ce qu'il désirait. Ce qu'il désirait, c'était Gabrielle, pas la vague renommée qu'il tirerait de son soi-disant exploit. Et sa main insolente d'audace venait sans l'once d'une hésitation chercher ce qui lui appartenait déjà, comme une promesse de récidive.

C’est pas comme si ça laissait une marque que tout le monde pouvait voir …

Le contact effronté de son pouce sur sa peau fut pareil à un électrochoc. Frisson de plaisir, frisson d'horreur ; Gabrielle sentit son corps raidi de rage se faire attaquer par une chaleur aussi douce qu'insupportable. Elle ferma les yeux une fraction de seconde. Le temps de l'imaginer mort. Et les rouvrit, pour planter son regard glacial dans les prunelles de son tortionnaire. Il n'y avait rien de plus détestable que cet air serein, masquant mal des pupilles dilatées. Il était haïssable d'assurance. Il ne doutait pas une seconde de sa victoire. Il attendait, attendait juste qu'elle capitule. Comme s'il connaissait déjà la fin de l'histoire. J’ai pas besoin de toi non plus, j’ai envie de toi, c’est pas pareil. Regard de provocation. Le pouce conquérant quitte son cou pour descendre au creux de la gorge, jusqu'à rencontrer le tissus blanc d'un chemisier. Esquisse un mouvement pour s'y glisser, remonte finalement, moqueur. Gabrielle le maudit, se maudit. Et son poing toujours serré sur le dossier d'Alex qui ne réagissait pas. Qu'aurait-il dit, Alex, en les voyant ? Elle lui avait juré à lui avant même de se l'être juré à elle. De ne pas se faire manger.

Tu pourrais le regretter ...

Chat, chat, chat, chat noir, chat blanc, chat gris, charmant chat couché, chat, chat, chat, n'entends-tu pas les souris danser à trois les entrechats sur le plancher ? Toi, chat, tu crois qu'il dirait quoi, Alex ? Tu crois que ça lui ferait mal ? Tu crois qu'il aurait autant mal que j'ai eu mal ? Y a-t-il juste une petite chance qu'il ressente une minuscule part de ce que j'ai ressenti ? Mais toi tu ne penses pas à ça, chat. Tu as juste faim. Juste envie de jouer à chat, de voir danser une souris parmi tant d'autres, de la voir se jeter entre tes dents. J'avais juré à deux personnes que je ne le ferais pas, ton meilleur ami et moi, les deux m'ont trahie. Eh, chat, tu les vois mes pupilles, tu les vois ? Tu voulais croquer une souris, tu n'y arriveras pas ; aujourd'hui c'est moi le chat.

« Oh, la ferme, Andrew. »

Une lueur nouvelle naquit dans le regard de Gabrielle. Effaçant d'un mouvement la distance qui siégeait entre les deux corps, elle libéra sa main du dossier froissé-plié-abîmé pour en faire glisser les doigts sur une nuque étrangère, quand ailleurs ses lèvres en rencontraient d'autres. Entrelacement brûlant de membres, de troncs, de visages fondus l'un dans l'autre. Chat, chat, chat, chat noir, chat blanc, chat gris, charmant chat couché, ne me vois-tu pas danser sur toi tes entrechats en déhanché ?

Le dossier d'Alex glissa sous le bureau, siège futur du vice à venir, feuille blanche torturée, impuissante, spectatrice, traîtresse à son tour trahie.
Regarde, Alex, ouvre bien tes yeux, aujourd'hui c'est pour toi que je me damne.
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Andrew McAllen
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MessageSujet: Re: Dislocation & Emboîtement   Dislocation & Emboîtement EmptyMer 15 Juin - 15:05

" Aimons, foutons, ce sont des plaisirs
Qu’il ne faut pas que l’on sépare;
La jouissance et les désirs
Sont ce que l’âme a de plus rare.
D’un vit, d’un con et de deux cœurs
Naît un accord plein de douceurs
Que les dévots blâment sans cause.
Amaryllis, pensez-y bien :
Aimer sans foutre est peu de chose,
Foutre sans aimer, ce n’est rien. "

Jean de La Fontaine

D’un geste félin, la souris, ronronnant, se jeta entre les griffes du chat. Sur le chat, sous le chat. Sur le bureau. Savoure le fromage, petite souris, car tu n’y goûteras plus. Une pile de papiers bien rangés vola par terre, enterrant le dossier d’Alex laissé à l’abandon, soigneusement chiffonné par les poings de Gaby devenues mains à présent. L’épaule d’Andrew bougeait sans qu’il en ressente la douleur, soutenait le poids d’une jambe, épousait le creux d’un genou. Entremêlement de mains et de vêtements qui volèrent au sol. Une couche de plus par-dessus le dossier. Éparpillement. Emboîtement. Tremblements. Je ne te grifferai pas, petite sourire, et tu ne sentiras pas mes crocs mordre ton cou déjà familier à mes lèvres. Je ne veux pas te dévorer, seulement t’attraper. Te tenir entre mes pattes. Tu sais, il n’y a rien de plus doux que les pattes d’un chat. Je ne suis ni lion, ni tigre. Tu aurais pu tomber sur un prédateur, un vrai. Sans doute crois-tu que j’en suis un, mais si tel était le cas, comment expliques-tu tant de douceur ?

Andrew transporta Gaby sur le lit le plus près du bureau. Elle lui avait dit de la fermer, et sans s’e rendre compte, il ne soufflait pas un mot. Il ne l’aimait pas, ne l’appréciait pas plus que nécessaire, et néanmoins il ne la considérait pas comme un rien. Il la connaissait au minimum, et cela suffisait à lui faire comprendre que malgré ses airs de garçon manqué, l’intérieur de Gabrielle Dimitrov cachait quelque chose d’autre qu’il n’avait jamais cherché à identifier. Elle n’était qu’une souris qui voulait être chat, et Andrew lui offrait l’opportunité de se laisser prendre au jeu. L’ennui avec les illusions, c’est qu’une fois le charme rompu, elles ne sont plus qu’un rêve lointain. Gaby se demanderait sans doute pourquoi à elle-même, dans les jours qui viendraient. Andrew, plus optimiste, préférait aborder les choses d’un pourquoi pas.

Le chat retombera toujours ses pattes, et toi, petite souris ? Non… Les souris n’ont pas d’équilibre, ni de réflexes aussi bons. Mais tant que tu te crois chat, tout ira bien. La vie n’est qu’une question de perspective, tu sais. Le mal est fait, si tu tiens à l’appeler ainsi. Le chat relâche son emprise, toujours aussi mielleux, toujours aussi attirant, couverture en guise de fourrure. Il se redresse, regarde par les carreaux de la fenêtre à l’autre bout de la pièce. Une douleur commença à se faire sentir au niveau de son épaule. Il aurait sûrement dû la ménager. Andrew ignora la sensation lancinante de son muscle et se retourna vers Gaby, étendue sous le drap derrière lui. Gaby, soudain pudique, redevenue presque elle-même, provoqua un sourire sur le visage du Plume.


" Tu veux aller manger un truc dans la grande salle ? J’ai un peu faim, pas toi ? "

Ses propos légers firent aussitôt disparaître la lueur des yeux de Gaby. Il sentait son visage se refermer. Il pouvait presque deviner ses poings se serrer sous la couverture. Déjà des regrets ? De nouveau ennemi ? Andrew sonda son regard un instant, et dégagea une mèche de cheveux de son visage.

" Gaby ? "

Le jeu est fini, petite souris ? Un dernier fromage, avant de se séparer ?
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Gabrielle E. Dimitrov
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MessageSujet: Re: Dislocation & Emboîtement   Dislocation & Emboîtement EmptyVen 21 Oct - 17:53

« Eh, Gaby, pour mon anniversaire, on fait l'amour ? »

Le 14 Mars 2009, Damien fêtait son dix-neuvième anniversaire. En heure de colle. Avec pour seule compagnie celle de Gabrielle – complice de ses méfaits – et d'une surveillante qui, à sa remarque, avait froncé les sourcils.

« Silence, Léonidas. »

Gabrielle avait esquissé un demi-sourire. Une moitié parce que son cerveau gauche lui disait qu'il plaisantait, l'autre moitié parce que son cerveau droit pensait qu'il était sérieux. Ou peut-être parce que son cerveau gauche disait non et que son cerveau droit disait oui. Gabrielle ne s'était jusque là jamais posée de question sur la nature de leur relation. Ils riaient ensembles, pleuraient ensembles, piquaient des crises ensembles, s'envoyaient chier mutuellement, se réconciliaient, se tenaient les cheveux pour vomir, dormaient ensembles. Il l'embrassait sur le front et lui ébouriffait les cheveux, elle lui envoyait des poings dans l'épaule. Il couchait avec des filles et des garçons, elle couchait avec des garçons et des filles. Il grimaçait quand un autre l'approchait, sortait les poings quand il était bourré. Elle n'aimait pas les filles qu'il s'envoyait. D'une certaine manière, c'était son Damien. Ami, amour, elle n'en savait rien. Mais c'était le sien.

Damien et elle n'avaient jamais fait l'amour ; il était mort avant. Longtemps Gabrielle s'était demandé pourquoi lui et pas elle, et pourquoi ce soir-là. Depuis l'accident, elle n'avait plus eu aucune aventure. Andrew était le premier depuis deux ans, et son dos portait les marques de sa frustration. Frustration d'une vie qu'elle ne contrôlait pas, frustration de n'avoir envie de rien, frustration de cette succession d'échec, frustration de s'être donnée depuis toujours aux mauvaises personnes, et de n'en retenir aucune leçon. Si l'on lui avait demandé, elle aurait dit qu'elle ne regrettait pas. Elle était simplement lasse.

La garçonne s'enveloppa dans le drap pour récupérer ses affaires un peu plus loin et s'habilla en quatrième vitesse comme elle avait toujours su le faire. Elle prit sa baguette dans la poche de son jean, marmonna un sort pour remettre le lit à neuf et ouvrit les fenêtres avant de ranger ce qu'elle avait sorti du bureau. Soigneusement. Comme s'il ne s'était jamais rien passé. Le dossier d'Alex resta seul au sol, froissé.

« C'est gentil mais non. Je vais prendre une douche. »

Froide, de préférence. Son regard descendit de la nuque d'Andrew jusqu'à son dos encore rouge. Soudain pressée de partir, elle ramassa les vêtements du Plume et les lui rapporta, posant négligemment sa chemise sur sa tête.

« Habille-toi. »

Et elle sortit. Comme si de rien n'était. Et d'une certaine manière, il ne s'était rien passé de si important. Plutôt qu'un œil au beurre noir, Andrew héritait d'une épaule malmenée et d'un dos rougi de griffures. C'était du pareil au même. La seule différence, c'était qu'en sortant, elle portait encore son odeur.

Mi-chat mi-souris, ou chat maladroit, chat aveugle, chat malade, souris imprudente. Une feuille, du tabac, une flamme, les poumons se remplissent d'une fumée qui recouvre l'odeur du chat-prédateur rassasié. La météo prévoit une journée pluvieuse pour demain. Et après-demain, et encore le jour d'après. Souris parmi les chats, chat parmi les chiens, l'hume-haine s'endort. Faites de jolis cauchemars.

Fin du chat pitre.
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