« Faîtes que ce ne soit pas un abruti. »

Elle en aurait préféré un. Mais un vrai. N’était-ce pas ce pourquoi Andrew McAllen était si connu, à Swyn ? Pour ses blagues, et ses idioties, et ses réactions toujours trop excessives ? On lui avait vaguement parlé des cinq Plumes, histoire de. On lui avait dit de faire attention, que ces garçons là n’étaient commodes qu’un temps, qu’ils venaient, te brisaient le cœur et s’en allaient en courant vers d’autres proies. Elle avait sans doute été une proie, sinon, Andrew McAllen ne l’aurait jamais abordée. Il ne serait pas venu vers elle, il n’aurait pas utilisé sa voix suave, ni ce ton enchanteur. Il ne lui aurait pas proposé un peu de compagnie, un peu de la sienne. Il ne lui aurait pas promis de l’emmener en Amérique, un jour. Thèdes avait joué le jeu, parce que. Parce qu’elle s’ennuyait trop, sans doute, que quitte à s’occuper, autant le faire avec quelqu’un qui ne t’ennuie jamais. Elle savait qu’Andrew ne l’ennuierait pas, parce qu’il n’ennuyait jamais personne. Elle avait compris de quelle manière il était perçu et comment il était avant même de le connaître. Il avait été sa distraction le temps d’une heure, lui avait proposé un autre rendez-vous. Un vrai, et il lui avait promis qu’elle ne s’ennuierait pas avec lui. Elle l’avait cru. Elle avait bien fait.

Et, il y avait eu ce soir, en salle commune. Elle n’avait plus fait cas des réflexions qu’on lui avait faites à son sujet. Elle avait rencontré McAllen, savait de quoi il était fait, n’avait pas l’intention d’en savoir plus, parce qu’elle ne voulait pas, et qu’elle ne voudrait sans doute jamais, parce qu’il ne le méritait pas, aussi. Qui méritait réellement de connaître Thèdes Konstonhalu aussi bien qu’elle-même ? Personne, et encore moins un coureur de jupons. Mais il y avait eu l’alcool, et voilà tout ce qui avait fait pencher la balance. Andrew n’était qu’un Plume. Thèdes le savait, croyait le savoir du moins. Elle lui avait menti, ce premier soir, alors qu’il faisait nuit noire. Elle lui avait dit que ça faisait longtemps qu’elle pensait à un projet, qu’il fallait que quelqu’un en fasse parti, qu’elle avait pensé à lui. Tomber amoureuse ? Un projet ? Allons bon, c’était idiot, et pourtant, aussitôt que les paroles avaient franchi ses lèvres, Andrew avait acquiescé. Thèdes aussi. Et c’est là, que tout a dérapé.

Ce n’était pas un euphémisme. Thèdes dans toute sa splendeur. Andrew aussi, visiblement. Deux grands monstres à eux tout seuls. Pas contre les autres, contre eux-même. À croire qu’aucun des deux ne voulait réussir le projet, et pourtant, aucun des deux ne voulait le lâcher, trop buter dans l’idée de le réussir un jour. C’était idiot, et Thèdes commençait doucement à le comprendre : Andrew était un Plume, et il ne changerait pas. Pas pour elle, du moins. Et pourtant, encore une fois, elle lui avait fait vivre l’enfer, refusait ses avances alors qu’ils étaient censés être ensemble, allait vers lui quand elle le voulait. Ce n’était jamais le bon moment. Fuis moi je te suis, suis moi je te fuis. Il n’allait vers elle que quand elle ne voulait pas lui et sitôt qu’elle voulait le voir, il partait en courant. Ça se terminait toujours en larmes, et en cris, et en verres cassés. Et pourtant, ils ne se lâchaient pas. Le projet avait pris le dessus, à croire que c’était devenu irrémédiable. Un soir, Andrew lui avait avoué être amoureux d’elle. Avoué : Un bien grand mot, une sorte de devinette, plutôt, mais les faits étaient là, et quitte à continuer dans cette rengaine stupide de ne jamais être là quand il le faut, Thèdes avait dit que pour elle, ce n’était pas encore ça, mais que plus tard, peut-être, pourquoi pas. Ça n’avait pas loupé. Elle était tombée amoureuse de lui mais ça n’avait rien changé. Elle lui jetait des verres à la figure et il continuait de hurler. Il lui faisait du mal, elle ne savait pas si elle en avait conscience ou non, mais pourtant, les faits étaient là. Et quitte à ce qu’ils lui fassent du mal, autant qu’elle en fasse tout autant.

C’était devenu un cercle vicieux. Il ne voulait plus d’elle, et elle non plus. Et pourtant. Il y avait eu ces un jour sur quatre établis. Et Thèdes attendait toujours ce jour là avec impatience parce qu’elle savait qu’il ne serait définitivement pas le même. Sauf qu’un jour, il n’y eut plus d’un jour sur quatre du tout. Il n’y eut plus rien. Et, l’anniversaire de Thèdes, et un collier. Et Andrew.

« Est-ce que je peux te demander un truc ?
- Oui ?
- Quand ce sera fini, promets-moi de ne pas oublier que je n’ai pas été que ça. »

Que ça ? Que l’immondice avec qui elle avait passé des mois ? Le monstre qui lui avait fait mal et qu’elle aimait pourtant ? Elle avait hoché la tête. Lui avait promis de ne pas oublier.

Elle n’avait pas failli à sa promesse, même si on aurait pu croire que si.

Parce qu’évidemment, tout s’était fini. À croire que le mois de septembre avait été celui du tri. Andrew et Lauréline dans la salle commune, et Thèdes derrière la porte qui écoutait une conversation dont elle n’aurait jamais dû avoir vent. Et tout s’était effondré. Elle ne savait pas ce qu’il s’était passé entre eux, mais le peu qu’elle avait écouté suffisait pour se rendre compte qu’il s’était passé quelque chose, quoi que ce soit. Cœur brisé. Alors ça fait mal comme ça ? Aïe. Vraiment, aïe. Et un gros aïe, un terrible aïe. Elle avait voulu pleurer, peut-être, elle ne s’en rappelait pas bien, mais elle avait surtout crié, sur Lauréline, et sur Andrew. Andrew qui prenait la situation à la rigolade, et les pleurs de Thèdes qui montaient, montaient, montaient. Il plaisantait, et il se moquait d’elle, et elle s’était faite berner comme il le fallait. On le lui avait dit, de ne pas fricoter avec un Plume, encore une fois, elle n’avait écouté personne, et elle avait mal, très très mal. Elle lui avait rendu le collier.

« Tiens, j’en veux plus. Et prends Pépito, si tu veux.
- Qu’est-ce que tu veux que je fasse de Pépito ? »

Elle ne voulait pas abandonner Pépito. Ni le collier, ni Andrew, mais il le fallait parce que plus jamais elle ne se ferait trahir de la sorte, plus jamais elle ne se ferait prendre pour une idiote. Quatre mois passèrent. Des piques, quelques disputes, quelques fois des cris mais surtout de l’ignorance. Et puis, un soir…

« Ne pars pas. »

Et tout s’était effondré, tout. Toutes les barrières qu’elle avait mis entre lui et elle, et tout ce qu’elle avait pu raconter sur lui, et tout ce qu’elle avait jamais pensé sur lui. Et une promesse en tête, celle de ne pas oublier ce qu’il s’était passé entre eux. Il ne voulait pas qu’elle parte, il ne voulait pas qu’elle aille loin, et soudain, Thèdes n’eut plus l’envie de partir où que ce soit, de quitter la salle commune. Elle resterait bien une éternité, même, si c’était ce qu’il voulait. Elle ne voulait pas plus partir. Et Noël. Tous les chemins mènent à Andrew, même quand on n’y pense pas. Elle était arrivée dans le Maine, chez lui. Elle lui avait dit qu’il lui manquait et il l’avait embrassée. Retour à Swyn. Rien ne s’est passé, même si.

Et non, au final. Assez des faux-semblants, et de cette mascarade idiote. Elle en avait assez de le voir, mais à demi, et de ne pas lui parler quand tout le monde était ici. Il avait changé, elle le savait parce que mine de rien, elle le connaissait, et là, elle pourrait l’avouer, et s’en vanter, même, pourquoi pas : Andrew McAllen avait changé, et c’était elle qu’il avait choisie.




« Hey, la brune, toi, là ! C’est toi qui sors avec Andrew McAllen ?
- Pourquoi ?
- Parce que si c’est le cas, je me suis carrément trompée sur ton compte ! »

Ça avait commencé comme ça. Haussement de sourcils. Non mais… Qui-es tu donc pour me parler comme ça ? Lauréline McShane, aah. Cette peste ? Elle n’avait rien à faire avec elle, et pourtant, tout s’était amené tellement naturellement dans leur relation. Des soirées, des soirées, des soirées, et de l’alcool, beaucoup d’alcool et des rires à n’en plus finir. Avant Swyn, Thèdes n’aurait jamais pu imaginer vivre ça. Elle avait connu l’amitié, et à l’état pur, le genre de truc qui la renversait carrément, et qui la rendait ivre de joie, et de bonheur. Lauréline n’avait qu’un an de plus qu’elle, avait un milliard d’années d’expérience en plus sur tous les comptes possibles et imaginables et elles étaient pourtant égales, toutes les deux. Jusqu’au bout. Les deux meilleures amies inséparables qui ont tout de même finit par se séparer un jour. Parce que sans drame, la vie n’est pas drôle.

Ce qui les avait réunies les avait aussi faites se séparer. Lauréline et Andrew. Thèdes et Andrew. Andrew et Thèdes. Pas possible, non. Pas les trois en même temps, pas ce terrible triangle amoureux. Thèdes avait fait une croix sur Andrew, elle en avait fait tout autant sur Lauréline. Ici, pas d’ignorance, ça aurait été trop simple. Que du combat, que des querelles, que des altercations, que des disputes. Et quand elles se calmaient, elles se faisaient du mal quand même, avec des paris idiots. Les paris n’ont jamais été accomplis, et heureusement. Tout est revenu dans l’ordre tout doucement, avec de jolies fondations capables de les faire tenir ensemble encore quelques milliards d’années encore. Voire plus.

« Hey, grosse vache, viens, on va boire un verre !
- J’vais te casser tes dents si t’arrêtes pas de m’appeler grosse vache, sale GC ! »

Et je t’aime tellement.




« Tu veux des pâtes, Thèdes ?
- Et des pommes !
- Et des pommes, je note.
- Et de la mangue, beaaaaaucoup de mangues !
- Noté.
- Ah, et du poisson !
- Ça, c’était inutile de le dire, Thèdes. C’était déjà écrit.
- Cool ! Bon, t'y vas quand, alors ?
- Moi ? Jamais. Si t'as faim, va faire les courses, tiens, je te donne la liste. »

« Thèdes… Tu m’aides à me maquiller ?
- Han, une poupée à maquiiiiiiller ! »

« Thèdes, tu ne voudrais pas aller faire du repérage pour moi ? Ce serait pour des robes.
- J’y cours ! »

« Alors, Matty ? Toujours aussi niais ?
- Je suis aussi niaise que lui.
- Ouais, je sais, c’est ton plus terrible défaut.
- C’est bien, d’être niais.
- Carrément pas ! Mais soit, vu que je suis hyper ouverte d’esprit, j’vais pas te contredire !
- Tu viens de le faire, Thèdes.
- Ah ? J’ai pas remarqué. Et du coup, le niveau supérieur, t’y penses ou bien ? »

Elei : Rouge écarlate. Thèdes : morte de rire.

« Thèdes…
- Hm ?
- … Non, rien. »

« Han, Elei, mais t’as un suçon dans le cou ! »

Elei : Rouge écarlate, le retour.

« Thèdes ! Sors immédiatement de cette cuisine ou tu te prends un coup de poêle sur la tête !
- Je sors pas d’ici, et tu peux bien me menacer autant que tu veux, j’ai pas peur de tes p- AÏE ! »

« Je suis moche. Et je ne sers à rien.
- T’es surtout très bête, oui.
- Oui, ça aussi : Je suis bête.
- Rah, Elei !
- Quoi ?
- Tais-toi ! »

Silence.

« Elei ? T’es la meilleure maman de la terre. »

Bon.

Je suggère ma petite Ennis comme amie! Pour calmer la tempérament de notre Thèdes qui prend vite feu!

(belle phrase... je sais)

T'EN DIS QUOI ??

Moui... pourquoi pas... C'est une bonne idée, après tout, non ? Et puis tu insistes tant que c'est d'accord!