| | Yume, même les poupées pleurent parfois. | |
| Auteur | Message |
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Yume Egashi A.C.A.I.I
▌Né(e) le: 17/01/1991 ▌Pays d'origine: Japon ▌Statut: 3ème année
| Sujet: Yume, même les poupées pleurent parfois. Jeu 7 Avr - 19:08 | |
| Version texte: - Spoiler:
Acte I: Faits et situations. Que suis-je...
Des mains qui s’agrippent à la première surface venue, un regard vide de toute expression, vide de vie. Les ongles s’enfoncent avec force dans le bois, pendant que le reste du corps tente de se redresser. A genoux sur une matière moelleuse, la tête inclinée, de longs cheveux noirs cachent le visage figé qui ne s’animera pas ce soir. Il lui faut se concentrer à présent, prendre connaissance de l’environnement. L’ouïe est acquise, la vision également. Les prunelles couleur encre ne bougent pourtant pas. Des respirations gênent le silence nocturne, il y a beaucoup de monde autours. Une salle commune peut-être? Non, elle dormait lorsqu’il est arrivé. Un dortoir. Un son rauque s’échappe des lèvres rouge, quasiment inaudible. L’équilibre est presqu’acquis. Relâchant la tête de lit entaillée, la silhouette pivote, les doigts crochètent un carnet qui s’ouvre, une plume posée entre ses pages vient se planter dans la veine d’un bras qui n’oppose aucune résistance. Il n’a pas le temps de chercher autre encre, il faut faire vite, la plume vole, silencieuse sur les pages vierges.
Vite... Elle est encore là.
La main se hâte, à présent les mouvements sont presque flous. La page se déchirerait sans doutes sous les coup d’assauts meurtrier de la plume si elle n’était pas liée de magie. Régulièrement il replante son outil dans le sang. Celui-ci coule le long du bras qui semble pendre sans vie et il vient s’échouer, tantôt sur le sol dans un floc irrégulier, tantôt sur les draps blanc dans un morne silence. L’imposteur inconnu vacille, dans sa lutte contre l’esprit de son hôte, il s’épuise. Le corps aussi, faiblit. Il le sait bien qu’il ne le sente pas directement. Le cœur martèle avec violence la poitrine, le fluide vital s’échappe avec la force de l’enveloppe charnelle, les crispations endolorissent chaque parcelles de l’être à qui il appartient. Peu importe, lui n’a pas cette douleur là. Encore quelques minutes, il ne pourra pas finir... Tout ralentit, la vision se trouble, la plume tombe.
Il est déjà trop tard.
Un cri retentit dans la pièce, tirant du sommeil une grande partie des endormis. Yume s'écroule, la peur la tiraille, pétrifiant même les larmes qui lui étaient montées aux yeux. Jamais ils n’étaient allés aussi loin, jamais personne n’avait su tenir aussi longtemps face à elle, jamais elle n’avait été battue de cette manière. Elle n’avait rien pu contrôler cette fois. Elle avait l’impression de se perdre définitivement. La douleur, l’impuissance... contempler son propre corps agir, tout ressentir en en étant prisonnière... être effacée de la sorte, jamais à ce point. Elle vient de laisser un peu de son humanité derrière elle. Elle se lève chancelante, ignorant totalement les protestations dû aux réveils abrupts des autres, tout comme elle ignore leurs inquiétudes. Elle attrape un kimono qu’elle enfile par dessus le simple tee shirt dissimulant sa poitrine et une partie de ses cuisses puis titube en direction de la sortie. Tout en pressant sa main droite sur les plaies ouvertes elle réalise que de longues traînées de larmes marquent son visage.
*Larmes?*
Elle en a déjà vu, sur les autres, dans les films ou bien décrites sur les pages d’un livre. Elle a lu les pleurs, a tenté de les imaginer et de les comprendre. Elle se rappelle surtout l’expression qui souvent les accompagne. Souffrance, déchirure, souvent. Joie, bonheur, rarement.
*Émotions?*
Elle se demande si un telle chose a pris place sur son visage. Non, impossible. Aussi loin que remontent ses souvenirs, elle n’a jamais pleuré. Non, elle n’avait pas pleuré, même lorsqu’elle se sentait seule dans la demeure familiale, même lorsque les carpe koï ne s’intéressait pas à elle, même lorsqu’on lui a dit que non, Yume, tu ne ferai pas du dessin ta vie. Le jour où son hiboux des marais, offert à son entrée à l’école est mort, elle n’avait pas versé de pleurs non plus. Elle l’avait simplement regardé faiblir à cause de son âge puis mourir dans ses bras. Elle savait qu’il avait déjà plusieurs années lorsqu’elle l’avait acheté. Peu importe les événements et combien elle avait pu se sentir malheureuse, jamais elle ne s’était mise dans un tel état.
Achevée, elle s’écroule à genoux sur le sol. Ses épaules s’agitent dans un silencieux sanglot, se mordant les lèvres à sang pour en étouffer le bruit. Perdue, elle maudit cette eau trop salé qui vient brûler sa peau fendue. Elle comprend que si ça continue ainsi, le rêve s’achèvera bientôt... |
Dernière édition par Yume Egashi le Lun 16 Mai - 21:02, édité 4 fois |
| | | Yume Egashi A.C.A.I.I
▌Né(e) le: 17/01/1991 ▌Pays d'origine: Japon ▌Statut: 3ème année
| Sujet: Re: Yume, même les poupées pleurent parfois. Jeu 7 Avr - 19:40 | |
| Version texte: - Spoiler:
Acte II: Conséquences Au sein de l’université, semaines suivantes. L’épuisemment me gagne doucement. Après quatre jours sans sommeil, je sens que mon corps est à bout. Mon esprit aussi. J’ai l’impression d’être totalement ivre, je ne marche plus droit, vacillant sans arrêt. Je crois voir des choses qui n’existent pas. J’ai vaqué dans l’université les deux premiers jours et nuits, parvenant encore à lutter de moi même. J’ai tenté en vain de me vider l’esprit, j’ai dessiné d’abord, mais cela me rendait plus mal encore. Je suis restée longuement dans la salle d’entraînement, m’épuisant au rythme de sorts en tout genre mais je n’ai pas sombré dans l’inconscient. Le bruit de la salle commune m’a aidé, un peu mais je ne peux me permettre d’y rester trop longtemps au risque d’éveiller des soupçons. C’est vrai que je n’ai pas très bonne mine mais ce n’est pas encore irrécupérable. Le maquillage moldu m’aide à paraître presque normale. Je n’ai pas pu me résoudre à sommeiller, alors je me suis rendue auprès d’une connaissance qui m’a empêché de gagner les bras de morphé mais je ne peux pas continuer ainsi... Il le dit aussi, mon coeur risque de faiblir de façon risquée à ce rythme. Ce soir, il faudra que je me repose, je le sais. Je n’avais jamais autant appréhendé cet instant. Je ne me remet pas. Si je ne ressens à nouveau plus rien - l’épuisement m’y aide- le souvenir de mes émotions de cette nuit là sont restée un choc. Et si il revenait? Il n’a pas eu le temps de finir, je le sais. Qui était-il d’ailleurs? Je n’ai pas assez de force pour chercher. Non, je ne suis pas assez forte, plutôt. Jamais je n’aurai cru écrire ça un jour. 22h45.
L’heure est venue, j’ai à peine la force d’écrire. Je ne peux plus me battre. L’homme chez qui j’étais les nuits précédentes m’a donné une potion. Il a dit que cela engendrerait un état proche du comas mais que ça n’avait rien de dangereux. Il pense que je n’attirerai pas les esprits car ils sentiront l’aura de la mort au dessus de moi et selon lui ils ne veulent pas risquer de revivre à nouveau le passage à trépas. Je l’espère. Pourvu, pourvu qu’ils ne viennent pas. J’ai senti une gêne, elle m’a tiré de mon sommeil. Selon l’objet moldu d’un étudiant du dortoir, nous sommes le 8 Mars mais la nuit commence à peine. Mon corps semble avoir récupéré, je vais aller dehors. C’est interdit, je sais mais je ne me ferai pas prendre. J’ai besoin d’air, j’étouffe. Le goût laissé par la potion est simplement affreux. Je ne me rappelle pas de la dernière fois que j’ai avalé de la nourriture d’ailleurs. Je crois que j’ai faim. Peut-être que je passerai par les cuisines. J’ai écris à mes parents, aujourd’hui. Cela ne m’enchante pas particulièrement mais ils sont parmi les seul au courant. Je ne me fais guère d’illusions, ils n’auront sans doutes pas le temps de s’occuper de moi. A présent je me demande même pourquoi je les ai informé de mon état. Inutile. A part ça, rien à signaler, ces derniers jours. Je rate beaucoup de cours car la potion me fait dormir bien trop longtemps. Son créateur tente d’ajuster les doses. Il m’a dit que l’effet risquait de diminuer jusqu’à disparaître. Si je traduis, je n’ai guère plus de deux semaines de répis à compter d’aujourd’hui. Les professeurs commencent à s’interroger sur le pourquoi de mes absences. Je ne peux pas leur dire, il faudra que je trouve autre chose. Peut-être une maladie dont les symptômes seraient de dormir énormément? A voir. Tamashi, mon familier est rentré aujourd’hui. Je ne pensais pas qu’il serait si rapide. Mes parents m’ont répondu. Comme je le pensais, leur écrire fut inutile. Voici leur lettre. - Citation :
«Ma douce Yume,
Nous avons reçu ta lettre. Je n’ai que peu de temps à t’accorder car nous sommes à la recherche d’un évadé actuellement, je m’en excuse. Nous savions que tout ça te poserai problème. Quelle idée d’être aller à leur rencontre. Ton père t’avais mise en garde.
Très sérieusement, Yume, on ne combat pas le mal par le mal. Cette potion que tu dis prendre ne m’inspire pas. Avec toi c’est tout ou rien, confiance zéro ou confiance aveugle. Tu restes notre fille, nous aimerions te retrouver entière. Il te faut chercher d’autres solutions à ce problème. Rentre donc au Japon, prochainement, nous trouverons ensemble quelqu’un pouvant t’aider si tu veux.
Ton père et moi somme sûr que tu parviendra à t’en sortir. Tes directeurs ne peuvent rien y faire?
PS: Evite de nous envoyer ton nouveau hibou des marais, je te signale qu’il pince et en plus nous avons perdus un temps fou à raccrocher une lettre car il ne tenait pas en place. Tu as passé l’âge des gamineries Yume.» Gamineries dit-elle. Moi qui pensais avoir été plutôt sage dans mon enfance. De toutes façons ils n’ont jamais été là et comme le prouve cette lettre ça ne changera pas. La potion n’a plus d’effets sur moi, les cauchemars ont repris comme avant mais lui n’est pas revenu. C'est toujours ça. Je l’ai sentis aujourd’hui. En passant près des ruines de l’ancienne tour de cinnacrow. Ce qu’il s’est passé là-bas le soir de l’attaque, j’ai tout fais pour l’oublier. J’y suis presque arrivée, tout est flou à présent et j’ai enfoui les détails de cette journée maudite. L'aura puissante que dégageait cet esprit m'a permis de me rendre compte de sa présence alors que j'en étais encore loin. Il n'a pas l'air maléfique, je n'ai rien ressentis de négatif chez lui et pourtant... J’ai fui, lâchement. Sans même prendre le temps de vérifier que j’étais seule, je me suis éloignée en courant. Mes réflexes magiques n’ont pas eu le temps de s’éveiller que j’étais à bout de souffle, devant les portes du batîment. Pour moi fuir devant un danger trop grand n’a rien de lâche mais en l’occurance, je ne sais que faire preuve de faiblesses. A cause de la peur. J’essais de la maîtriser mais je ne veux plus ressentir ça. Je suis terrorisée à l’idée de disparaître. Il m’a sentie également. Je le sais. Il n’a pas tenté de me suivre mais il viendra sans doute à un moment ou à un autre. Si je reste eveillée je pourrais le contrer, j’ai encore cette force mais si je me couche... J’ai passé les dernières semaines à faire des recherches sur le don de médium. J’ai toujours su ne pas être un cas isolé sans pour autant m’être plongée sur l’histoire de ces autres intermédiaire, comme il me plaît de nous appeler. La communication ne se fait pas toujours de la même façon. Il semblerait que je cumule plusieurs méthodes sans m’en rendre toujours compte. La plupart du temps l’échange se fait par le dessin, une sorte de force qui me pousse à m’activer d’une façon plutôt qu’une autre mais il m’est possible de résister à cela assez facilement grâce à l’entraînement. Les conséquences se sont toujours retrouvées liées à mon sommeil et à mes cauchemars. J’ai contacté quelques personnes, dont une qui m’a expliqué que visiblement il est très probable que je sois également ce qu’on appelle un médium psionique. Lorsque je suis déconnectée de la réalité, dans un état second, j’attire les esprits et selon leur puissance, ils sont alors capables de posséder mon corps. Ce processus m’éveille et mon energie est absorbée très rapidement. Plus l’entité est puissante et plus je m’épuise pour ne pas disparaître face à elle. J’ignore comment réagir. Mon don n’a jamais eu que des bons côtés et j’en ai toujours assumé l’aspect difficile mais cet aspect là me fait peur. Peu d’entre nous ont cette caractèristique. Comment contrôler une chose qui m’arrive quand je suis inconsciente? Je ne sais que penser, je suis totalement dépassée. La semaine fut chargée au niveau des cours. Ne pouvant rater mon année j’ai mis de côté mes problèmes pour travailler, je me suis emplie la tête de dizaines de parchemins, tout est bon à prendre pour se changer les idées je crois. Avant hier pendant la divination nous étudiions encore avec les feuilles de thé. La personne qui a lu pour moi y a vu le signe d’un recommencement. Je ne me fais pas d’illusions sur ce dont il s’agit. Mes insomnies reprennent, une fois de plus. Je ne contrôle pas mon sommeil. J’ai presque faillis demandé à Elei de m’assomer avec sa poêle ou à Ekzael de me lancer un sort quelconque qui me ferait sombrer mais je n’ai pas envie de les impliquer. Si la plumentine est plus ou moins au courant ce n’est pas le cas du fou et avec ce que j’ai appris récemment je ne me sens pas prête à lui en parler. Après tout, ça ne l’importerait sans doute pas. Grâce aux bonbons d’Elei, je redors depuis deux jours. Elle n’imagine sans doute pas à quel point je lui en suis reconnaissante mais il m’est difficile d’exprimer ce genre d’émotions moi qui n’en ait habituellement pas. L’esprit ne s’est pas manifester par la force cependant ces jours-ci je le sens proche de moi, je sens sa peine, sa colère, sa détresse. Je me sens égoïste. Il est temps pour nous deux de régler son problème afin qu’il n’en soit plus un pour moi. Sa force provient des ruines comme je m’en étais déjà apperçue, c’est donc là-bas que j’irai. Demain. Je dois comprendre ce dont il a besoin, le libérer. J’ai trop pensé à moi et bien que j’ai pu le sentir s’affaiblir aux cours des semaines je n’ai pas réagis. Il ne disparaîtra pas mais j’ai appris que certains esprits dérivent vers la perte de la conscience peu à peu et qu’ils finissent pas ne plus être que des ombres dominés par un seul sentiment, sans possibilité d’issue ni secours possible. Pourrai-je encore m’observer dans le miroir, si je les abandonne à un tel sort? J’ignore réellement pourquoi il n’est pas revenu vers moi comme le font les autres lorsque je leur refuse mon aide. Mon imagination me joue peut-être des tours mais j’ai l’impression de l’avoir connu, avant.
Dernière édition par Yume Egashi le Lun 16 Mai - 21:01, édité 2 fois |
| | | Yume Egashi A.C.A.I.I
▌Né(e) le: 17/01/1991 ▌Pays d'origine: Japon ▌Statut: 3ème année
| Sujet: Re: Yume, même les poupées pleurent parfois. Lun 16 Mai - 20:54 | |
| Acte III: Choix et Agissements 16 Mai Respectivement: * Dortoir Cinnacrow, * Phare à Hiboux, * Ruines. Aux yeux de la plupart des étudiants, ce lundi 16 Mai fut un jour ordinaire, le début d’une nouvelle semaine de cours, à peu près un mois avant les grandes vacances, rien de très palpitant en somme. Pour Yume, il s’agissait du jour qu’elle fuyait et craignait depuis plus de deux mois maintenant. Elle avait normalement cours toute la journée mais avait prévu de s’absenter après les heures du matin consacrée à l’étude de runes. L’après-midi aurait dû être constituée de cours de psychomancie mais elle ne se sentait pas de les suivre. Son esprit était ailleurs, réfléchissant avant de se préparer à se vider. Elle n’avait rien pu avaler le midi, si ce n’était quelques framboises proposées dans la grande salle. Il y avait trop de monde, elle avait besoin de silence et disposait de peu de temps. Vêtue d’un kimono bleu nuit que tout le monde aurait qualifié de trop couvert pour la saison, sa baguette et son éventail glissé dans la ceinture ainsi que son sac de cours en main, elle regagna son dortoir afin de trier le contenu de ce qu'elle avait sur elle. Elle vida son sac sur son lit et s’en suivirent quelques secondes de réflexion avant qu’elle ne commence à le remplir à nouveau. Elle y glissa tout d’abord son carnet de croquis principal, des crayons, feutres, pastel même mais pas de plumes. Il ne fallait rien qui puisse nécessiter une encre extérieure. Elle ne comptait pas que son sang serve à nouveau. Elle ajouta à sa panoplie de dessin, plusieurs fioles de potions toute prête. De l’aiguise méninge, pour la concentration, une potion de régénération sanguine et une goutte du mort-vivant dont elle espérait ne pas avoir à se servir pour attirer l’esprit. Elle laissa de côté sa petite boîte noire contenant une quantité inimaginable de fines aiguilles à regret et referma le sac qui lui sembla alors bien vide.
Quittant le dortoir, elle monta jusqu’au phare à hiboux où le sien dormait constamment. Ôtant une feuille à son carnet elle griffonna au feutre noir «Ekzael. N’ayant pas envie d’inquiéter Elei je me tourne vers toi. Si pas de signe de moi d’ici demain soir, prévient Miss Creedpeur.» puis accrocha le mot à la patte de l’endormi avec délicatesse. Elle prononça le nom du destinataire en chuchotant. Elle ne s’inquiétait pas, il se réveillerait dans quelques heures, le nom en tête comme toujours. Elle espérait être revenue avant que le sommeil du hiboux des marais prenne fin mais dans le cas où elle n’y parvenait pas, il valait mieux qu’une personne soit mise au courant du fait qu’elle était... La japonaise ne trouva pas les mots. Qu’allait-elle faire au juste? Régler des problèmes? Ouvrir son esprit à un fantôme? Risquer sa vie? Elle ne le savait pas vraiment et ne pouvait pas le prévoir à l’avance. Ce qu’elle ferait ne dépendait pas uniquement de son bon vouloir, loin de là. Peu importe il fallait que sa directrice soit au courant, si cela tournait mal, histoire qu’on ne la cherche pas pendant des heures pour rien bien qu’à la date donnée par la jeune femme, si elle n’était pas revenue, il ne resterait sûrement d’elle qu’un corps sans vie. Elle effleura le plumage du bel oiseau de ses lèvres écarlates puis prit la direction des ruines.
Elle n’avait pas peur de la mort, tout comme vivre l’avait laissée indifférente pendant longtemps. Ses parents l’avaient élevé dans le shintoïsme avant même qu’elle connaisse la magie. Elle croyait en la magie avant les Dieux mais ne niait pas avoir adoptée la religion ancienne. La mort n’était rien que le début d’un voyage dont la première étape serait le sanzu-no-kawa. Elle sourit tristement. Elle ne craignait que l’effacement causé par les esprits car cela signifiait errer éternellement dans le néant, seule.
*La solitude est un sentiment terrible.*
Redressant la tête, ses pas la guidèrent presque machinalement jusqu’au lieu voulu. Devant elle s’étalaient les ruines des anciennes tours de dorelly et de sa maison. Il y avait majoritairement des pierres, qui n’avaient plus rien de glorieuses prise ainsi mais aussi des morceaux de bois traité, et divers restes dont on devinait qu’ils provenaient d’objets différents ayant pour seuls points communs d’être éparpillés, cassés ou ensevelis et d’être tous abandonnés. Oubliés peut-être aussi. Elle prit le temps de faire le tour de l’immense chantier que cela composait. Elle n’avait pas encore baissé les barrières de son esprit, elle avait cherché l’apaisement mais comment l’obtenir devant un tel spectacle. Des flash de lumière sortis tout droit de son imagination la firent s’immobiliser pendant que des successions d’images revenaient la hanter par vagues consécutives. Elle serra les dents, sans esquisser autre mouvement et laissa le souvenir remonter, se dérouler dans sa tête, s’éloigner, revenir, recommencer. Il lui fallut toute sa volonté pour se remettre en marche. Sans s’en rendre compte elle avait sortit sa baguette et la serrait si fort que les jointures de sa main blanchissaient peu à peu. De longues minutes s’écoulèrent avant qu’elle n’achève son tour et se rende compte de la douleur provenant de sa main. Décidée, elle gravit quelques pierres pour se mettre un peu plus en hauteur, prenant garde à ne pas glisser sur les débris peu stable.
Sa baguette retrouva sa place initiale pendant qu’elle s’asseyait. Elle sortit son carnet, éparpilla une partie du matériel autours d’elle, l’ensemble de pierre sur lequel elle se trouvait étant suffisamment étendu pour ça. Contrôlant sa respiration et les battements de son cœur du mieux qu’elle le pouvait, elle abaissa ses barrières pour les reformer presque aussitôt. Quelle idiote, elle aurait dû se douter que vu le lieux il n’y avait pas qu’un esprit qui traînait! Si précédemment elle n’avait sentit que celui l’avait possédé, c’était car elle était loin d’être au centre des ruines. Elle attrapa sa potion d’aiguise-méninge qu’elle vida totalement et reprit. Des dizaines de sensations l’envahirent, il fallait qu’elle parvienne à se fermer à certaines d’entre elles jusqu’à établir un lien avec son fantôme. *Je l’ai déjà fait, ça ne devrait pas poser plus de problèmes que ça...*
Prenant son temps, elle tria les ressentis un par un pour exclure ceux qui ne correspondait pas à l’esprit qu’elle cherchait. Aidée par la potion cela lui parut facile jusqu’à ce qu’elle trouve celui qu’elle désirait. Yume se fit violence pour ne pas se détourner à nouveau de lui. Elle étendit sa conscience comme elle avait apprit à le faire seule avec le temps, en direction de l’aura. Une sensation de froid l’envahie. Un courant si glacial qu’elle eut l’impression que tout son être brûlait. A chaque centimètre qu’il engageait vers elle, la cinnacrow sentait grandir l’impression qu’elle n’y parviendrait pas. Quelques secondes passèrent encore avant qu’elle ne parvienne à s’imposer tacitement face à l’esprit. Elle le laissait faire, elle avait choisi. Sa main droite se mit en action, guidée sans être totalement contrainte. Elle dessinait, traçait, changeait de page, recommencer. Son énergie s’épuisait rapidement et les minutes paraissaient s’accumuler sans que le rythme ne ralentisse. Elle savait qu’il n’avait pas finis la dernière fois. Le message ne voulait rien dire, le croquis ne représentait rien qu’elle parvienne à voir. Elle n’avait essayé de le lire que la veille, une fois sûre de son choix. Une troisième page vierge s’ouvrit devant elle et elle dessina, plus vite, sans réussir à voir car ses yeux ne lui transmettait les images que de manière floue. *Je ne tiendrai pas ainsi longtemps...*
Une dizaine de minute fut le temps maximum que la japonaise put supporter. Vide d’énergie, elle sentait pourtant l’esprit toujours plus pressant. Elle aurait aimé lui parler, lui dire d’arrêter, de lui laisser quelques minutes de répit, de ralentir, attendre mais il ne percevait rien de ce qui émanait d’elle. Obstrué par ses propres sensations, l’angoisse grandissante de la médium lui apparaissait lointaine, irréelle. Il sentit la faille s’ouvrir à lui lorsqu’elle s’écroula sur la pierre. Attiré, il s’y engouffra pour la seconde fois.
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C’était douloureux, son corps, que lui prenait-il de se tordre ainsi? Elle allait se briser, s’il continuait, sa peau allait s’ouvrir sous le tiraillement, ses os allaient céder sous la pression, elle ne se relèverait plus jamais, brisée, vidée, déchue, qu’il arrête, qu’il arrête, qu’il arrête... C’était inhumain comme ressentit, c’était pire que lorsqu’il était venu dans son inconscient, pire que de se perdre. Pouvait-il exister pire que de se perdre? Elle aurait aimé dire non mais toute son corps lui criait oui, elle aurait aimer rester sur ses convictions mais la douleur la privait de ses facultés mentales. Folle, elle était folle. Est-ce que c’était ça, de s’ouvrir entièrement à un esprit? Elle avait prêté son âme, elle se serait lancée elle même le sortilège de mort si son bras lui avait obéis mais elle n’était plus aux commandes. Elle était morte, elle le sentait. Non, il était mort et elle vivait. Il prenait son souffle pour survivre quelques minutes dans ce corps épuisé. Ils étaient perdus, ils se battaient en vain, elle pour partir lui pour rester. Ils s’épuisaient, elle disparaît, il la maintient. Ils se déchirent, s’attirent, s’unissent. Elle n’a plus d’identité, il n’a plus de présent. Elle est lui et lui est passé. Ils ne sentent pas l’air souffler, ils ne voient pas le soleil. Il fait sombre dans leur âme, il fait nuit dans leur cœur qui bat avec peine. Ils ne sont plus là, emportés dans le tourbillon de souvenir, ils affrontent les ombres. «L’université est attaquée! Regroupez-vous tous, ne restez pas ici ça va s’écrouler! Il faut sortir!» Que se passe t-il? Sors, cours, vite. J’ai rien compris, qu’est ce qu’ils racontent? Où est ma baguette? Là, dans ta veste. Où sont les autres? La plupart sont déjà sortis, hâte toi. L’ordre attaque. Qui sont-ils? Il faut que tu te battes! Je ne sais pas, je suis perdu. Ils t’entourent, réagis. ... Réagis! «Expelliarmus! Incarcerem! » Bouge toi, les autres ne te protègent pas, ils ne te voient pas agis! J’ai oublié, j’ai tout oublié. «Levicorpus!»Devant moi il va... Fais quelque chose! «Avada Kedavra!»Est-ce que c’est finis? Est-ce qu’ils sont partis? C’est ça, la mort? Tu fais quoi dans ma tête? Je ne vois pas le sanzu-no-kawa... C’est quoi le sansunokaa? Où sont les autres? J’en sais rien, moi... j’en sais rien... *Il fait si noir à présent.*
La douleur aurait dû cesser. On lui avait dit qu’une fois mort on ne ressentait plus rien. Où était la liberté? Le paradis, l’enfer, c’était où? Il ne voit rien. Et le truc dont a parlé cette fille, il est où? Il a mal, il est terrorisé, il ne comprend pas. Elle est où d’ailleurs, la fille? Il se sent seul, si seul... Où sont les autres... Il est prostré, prisonnier. Il ère, des jours entier dans le silence. Il se perd des mois durant dans le son des larmes qu’il ressent comme si elles étaient siennes puis dans la colère. Il marche des années dans l’indifférence, il se perd pour une éternité dans ses sentiments et dans la solitude avant de se sentir attiré. On l’appelle. Est-ce qu’il n’est plus seul? Enfin? Est-ce qu’on l’a retrouvé? Il a attendu, il a tellement attendu, il se dépêche d’aller vers ce centre d’attraction. Il s’efface, agit sans s’en rendre compte avant de se sentir rejeté. Ne veut-on donc pas de lui? Pas même elle?
~~~ Elle... qui est-ce? Il l’a vu, il se rappelle de son visage, froid, sans expression. Elle était là, elle agissait, seule, concentrée. Elle lui apparaissait si forte, baguette en main elle marchait vers l’ennemi, ne cherchait rien qu’eux du regard, enchaînait les sorts, même essoufflée, rien ne semblait lui faire peur.Tu me fais peur... Non, elle ne craignait rien, pas elle. Il ne fait pas peur, personne ne l’a jamais craint, on l’aimait, il s’en souvient. Des amis, il en avait. Ses professeurs disaient de lui qu’il était excellent mais ça ne devait pas être vrai... Il n’a rien su faire, il est resté là, pétrifié devant l’ennemi. Tu me fais peur... Yume se bat dans le flot de sensations qu’elle comprend à présent ne pas être les siennes. Il lui faut capter l’attention de l’esprit, pour l’aider. Elle se souvient de lui maintenant qu’elle s’est vue agir par ses yeux. Il était là le soir de l’attaque, avec tant d’autres... Il était la mais sa baguette était resté hors de sa main, il avait franchis les portes de la tour dorelly avec un groupe d’étudiant qui s’étaient rapidement séparés. Deux attaquants se sont dirigés vers lui et n’étant qu’à quelque mètre du jeune homme elle était passé à l’action la première puis avait été attaqué par derrière avec un sortilège de diffindo qui l’avait forcé à partir. Elle ne l’avait pas revu mais l’université était grande, elle n’avait pas non plus repensé à lui, n’y avait même pas réellement prêté attention dans l’action. Ils venaient de revivre la scène ensemble, à travers lui. La lutte pour prendre le contrôle ou le garder les avaient tout deux éjectés dans ce souvenir. Il n’avait pas compris ce qui lui était arrivé, comme c’était le cas de beaucoup d’esprits qu’elle avait rencontré. Le fait qu’il se montre à elle par possession totale la première fois avait totalement rebuté Yume de le rencontrer à nouveau. Comme cela arrivait souvent à l’ensemble des gens, elle avait associé la crainte du processus à la crainte de ce qui l’avait déclenché, en l’occurrence, l’esprit du jeune sorcier. Elle s’en serait voulue, si elle avait été une autre. Elle en aurait été désolée, si elle n’était pas Yume. Au lieu de cela elle choisit simplement de ne pas perdre d’avantage de temps. Je te fais peur? Elle le tenait, enfin, il l’avait ressentie. Elle avait réussis, la suite n’aurait rien de différent de ce qu’elle avait déjà connu... Elle aurait simplement voulu pouvoir lui envoyer une vague de bonheur rassurant, de lumière mais les esprits ne pouvait recevoir que ce qui était vrai et non les émotions feintes qui abusaient même Yume parfois. Elle ne pouvait rien lui témoigner, tout ce dont elle était capable et avait à faire était de lui parler. Elle prit le temps de lui expliquer ce qu’il y avait eu ce soir là, l’infiltration, l’attaque, les morts et les blessés, l’effondrement des tours. Elle sentait peu à peu que le trop plein d’émotions qu’avait accumulé le jeune homme disparaissait. Elle poursuivit, la privation de quitter l’établissement pour l’été, l’enquête du ministère, le rapport officiel qu’ils en avaient eu et puis le retour à la vie normale avec le temps, bien que personne n’oublierai jamais ce qu’il y avait eu tout comme les familles ne perdraient pas les souvenirs des êtres aimés. Il se retirait peu à peu, la puissance des émotions qu’il ressentait diminuant, sa force partait également. Elle aurait pu reprendre le contrôle de son corps mais sentait que ce n’était pas encore tout à fait le moment.
" Tu n’as pas sombré dans l’oubli. Ta famille pense sans doute à toi souvent mais une année s’est écoulée. Leur douleur n’en sera pas moins grande mais ils te pensent en paix. Tu as bien le droit à ça, après tant de temps à errer entre les deux mondes." Elle échangea encore quelques phrases avec lui, autant qu’il en eut besoin, elle avait perdu la notion du temps et lui ne l’avait plus depuis longtemps. Lorsqu’enfin elle le sentit disparaître en paix avec lui même, elle se força à s’éveiller et à occuper de nouveau son corps seule. Elle aurait dû se hâter de rentrer mais ne s’en sentait pas encore la force, pas tout à fait. Elle s’était causé tant de nuits blanches et avait été si retournée par les évènements qu’elle ne pu réaliser qu’elle en avait finis avec lui. C’avait été douloureux mais elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle l’avait mérité. Que c’était une sorte de punition pour son blocage... Peu d’importance. Elle resta immobile, de nouveau pleine d’indifférence face à ce qu’elle aurait dû ressentir, elle se contenta de réfléchir. Il lui sembla avoir moins chaud qu’à son arrivée, la nuit devait donc être tombée et son message partis. Tant pis, elle renverrai un hiboux à Ekzael s’il le fallait. Elle repensa à cette histoire de possession totale... elle devrait sans doute réussir à la maîtriser. Elle avait réussis à la provoquer volontairement, aujourd’hui, il devait donc y avoir un moyen de l’empêcher.
Elle ouvrit les yeux. La nuit avait prit sa place en Irlande, laissant régner une lune plus brillante que jamais. Il était temps de rentrer. |
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| | | | Yume, même les poupées pleurent parfois. | |
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