Arrêtée au milieu du couloir, elle hésitait encore. Devait-elle aller à ce rendez-vous ? Elle avait déjà fait demi-tour une demi-douzaine de fois pour retourner vers son dortoir mais à chaque fois, elle était revenue dans ce couloir. Le dernier avant d’arriver dans le hall d’entrée. Elle voulait y aller parce qu’elle espérait que cette fois, elle arriverait à ne pas tomber amoureuse, à juste être amie avec Caleb. Pourtant sa raison lui disait que comme d’habitude, ça allait mal se terminer. C’était plutôt logique d’ailleurs parce qu’elle n’avait jamais réussi à être amie avec un garçon. Pourquoi espérait-elle qu’il fasse exception à la règle ? Les yeux fermés, elle pesa le pour et le contre.

Contre. En arrivant à Swyn, elle avait pris une bonne résolution. Celle de ne plus tomber amoureuse. Parce que plus ça allait, plus c’était douloureux. Au départ, ça ne l’était pas. Ah tient, je ne l’aime plus, bah tant pis, c’est comme ça, c’est la vie. Mais elle avait fini par culpabiliser un peu. Elle n’est pas méchante Lou et elle s’est bien rendue compte que parfois, elle faisait souffrir. Maintenant, elle culpabilisait beaucoup. Et puis, ça n’était pas normal de vouloir tant que ça revoir Caleb. Ils n’avaient pas parlé plus d’un quart d’heure dans la salle commune et ils n’avaient échangé que des banalités. Que savait-elle de lui ? Qu’il s’appelait Caleb et qu’il avait un frère jumeau. Elle ne savait presque rien donc. Et elle n’avait pas forcément envie d’en savoir plus, elle voulait juste le revoir. C’était ça qui la gênait le plus en fait. Si elle voulait déjà le revoir sans raison, c’était mal parti.
Pour. Il était gentil et puis il semblait avoir deviné qu’elle ne souhaitait pas de relation proche avec un gars. Qu’y avait-il d’autre ? Rien. C’était vraiment mal parti.

Une pensée lui traversa soudain l’esprit, lui faisant ré-ouvrir les yeux. Il lui avait dit rapidement avant de partir qu’il l’attendrait dans le hall mais peut-être … Peut-être qu’il ne pensait pas vraiment le faire. Peut-être qu’elle se torturait les méninges pour rien et que personne ne l’attendait dans le hall. Elle parcourut les derniers mètres la séparant du hall sur la pointe des pieds en essayant de faire le moins de bruit possible, comme un chat en chasse. Bon, elle ne chassait rien mais le but était le même, ne pas faire de bruit. Elle n’avait pas encore décidé si elle devait ou non aller à ce rendez-vous donc s’il l’attendait, autant ne pas se faire remarquer. Un rapide coup d’œil lui permit de vérifier qu’il était là, assis, à l’attendre. Un deuxième coup d’œil, tout aussi rapide, pour constater qu’il était très beau. À classer dans contre ça aussi parce que soyons honnête, on a beau dire que le physique, ça ne compte pas, on tombe plus facilement amoureux de quelqu’un de beau. Bieeen … Elle l’avait vu. C’était ce qu’elle voulait, non ? Donc maintenant, elle pouvait retourner à son dortoir, hum. Je suis la voix de la raison Lou, n’y va pas. Pense à ta résolution et fait demi-tour.

*Tais-toi !*

Elle n’est pas très raisonnable Lou, surtout avec les garçons. Alors elle décida d’y aller. Mais avant vérifier que ses mains n’étaient pas moites, que son haut n’avait pas de taches et puis surtout, bien respirer parce qu’elle avait le cœur qui commençait à battre plus vite. C’était toujours dur de tenir ses bonnes résolutions. Cette pensée la fit sourire. Et sans quitter son sourire, elle pénétra dans le hall et rejoignit Caleb. Arrivée à sa hauteur, elle hésita entre rester debout devant lui ou s’assoir à côté de lui. Finalement, elle s’assit.

« Salut …»

Elle avait presque chuchoté. Comme si elle était timide. Pourtant elle n'était pas timide.

«Est-ce que tu m’attends depuis longtemps ? »

Elle avait l’impression d’avoir mis une éternité pour prendre sa décision. Maintenant qu’elle était là, assise en face de lui, elle ne regrettait pas. Elle était contente d’être avec lui.

Elle rougit légèrement. Pas de quoi rougir pourtant dans ce qu’avait dit Caleb. Il avait simplement constaté qu’elle était venue et avait répondu à sa question. En fait, c’est la manière dont il la regarda et le sourire qu’il lui offrit lorsqu’il s’aperçu qu’elle était à côté de lui qui la fit rougir. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il avait l’air content qu’elle soit là. Pour tenter de faire disparaître le rose de ses joues, Lou examina le hall, les pierres grises des murs, les pierres grises du sol, tout ça. Mais son regard finit quand même par revenir sur Caleb, sur ses yeux gris comme les pierres. Gris mieux que les pierres même, beaucoup mieux. Et, coïncidence, il se mit à parler de ses yeux, à elle. C’est marrant les coïncidences. Comme la fois où son père lui avait offert une labrador couleur sable. Elle avait cogité toute la journée pour lui trouver un nom original et avait finalement choisit Vanille, rapport à la couleur de la chienne. Deux jours après, ils apprenaient que la cousine de Lou et donc la nièce de son père avait accouché prématurément et avait appelé sa fille Vanille. Coïncidence gênante. Lou cligna deux fois des yeux pour chasser le souvenir en se demandant comment elle en était arrivée à penser à ça. Et Caleb qui était sur le point de dire une bêtise.

« Normaux. » compléta-t-elle en un chuchotement.

Elle ne rajouta rien parce qu’elle n’avait pas envie de s’étendre sur le sujet. Ses yeux, elle ne les aimait pas alors elle n’avait pas envie d’en parler. Elle ne les trouvait pas moches mais ils la rendaient trop … transparente, voilà où était le problème. Mais pas transparente comme invisible mais plutôt transparente comme peut l'être une vitre. En clair, elle était totalement incapable de mentir ou de cacher ses émotions. Comme si ses pensées étaient écrites en toutes lettres et comme si elles défilaient derrière ses pupilles. Et ça l'agaçait prodigieusement. Légèrement contrariée, elle baissa le regard pour le poser sur ses mains. Heureusement, Caleb changea de sujet.

« Oui, je viens. » Pas très bavarde dit donc. Caleb t’aurait-il rendu vraiment timide Lou ? Mais au moins, elle avait parlé normalement et pas chuchoté.

Elle ne chercha pas à savoir pour quoi ils étaient en retard. Elle n’avait aucune idée de ce qu’avait pu prévoir Caleb pour la soirée, aussi elle se leva à son tour et prit la main qu’il lui tendait. Elle hocha la tête lorsqu’il lui parla d’un endroit qu’il avait découvert et qu’il voulait lui montrer pour lui dire qu’elle était d’accord pour y aller. À vrai dire, il pouvait l’emmener n’importe où pour lui faire une surprise. Elle ne s’était guère éloignée du château depuis qu’elle était arrivée. L’avantage, c’est que maintenant, elle le connaissait presque par cœur. Mais pour ce qui était hors du château, c’était une autre affaire. Elle n’était même pas allée faire un tour à Bourg-en-Bière. Assez étonnant pour une fille qui vivait à la campagne et qui partait souvent pour de longues promenades avec sa chienne. Ça ne lui avait même pas manqué, tiens.

Il faisait bon dehors et elle ferma les yeux le temps de prendre une grande bouffée d’air pour tenter de calmer un peu son cœur qui s’était affolé lorsqu’elle avait pris la main de Caleb. L’air ne fit aucun effet. C’est agaçant, n’est-ce pas, un corps qui n’agit pas comme on le voudrait. Elle se sentit bête d’avoir accepté la main du jeune homme, elle n’était même pas amoureuse de lui … Pour l’instant. Elle aurait simplement dû se lever et marcher à côté de lui. Maintenant, son cœur battait trop fort et elle se demandait s’il pouvait l’entendre.

« Peut-être que je connais déjà le lieu où tu m’emmènes, tu ne veux pas me donner un indice ? »

C’était juste histoire de parler. Sans savoir pourquoi, parler la calmait. D’ailleurs, les battements de son cœur ralentirent. Et puis, sans se l’avouer, elle voulait l’entendre parler aussi. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, un coup de vent fit voler les cheveux de Lou et elle se retrouva à manger une mèche de ses cheveux. Saleté de vent ! Elle lui lâcha la main, retira la mèche de sa bouche et s’arrêta pour fouiller les poches de son jean à la recherche d’un élastique avant de se rappeler qu’elle en avait un autour du poignet. Elle attacha rapidement ses cheveux rebelles en une queue de cheval et revint à côté de Caleb.

« Désolée. » Elle lui sourit. « Je hais le vent quand il fait ça. »

Et elle lui reprit la main. Même si sa raison lui disait de ne pas le faire, elle s’en fichait, elle avait une excuse de toute façon. Il l’emmenait dans un endroit qu’elle ne connaissait pas alors si elle lui tenait la main, c’était seulement pour ne pas se perdre, voilà. N’empêche que son cœur battait toujours trop vite.

« Alors cet indice ? » Sourire encore.

Il y eut un nouveau coup de vent mais cette fois ses cheveux restèrent en place. Elle souriait toujours. Parce que c’était dur de ne pas sourire en présence de Caleb.

Il y avait les balais de marques et les balais d'occasion mais dans les deux cas cela restait un balais. Et dans les deux cas encore il fallait y faire attention. Tout sportif de Quidditch le savait très bien, un balais ça s'entretient, on y prend soin, on y fait attention, on fait comme s'il pouvait avoir une amie. On le rend heureux le balais, il faut qu'il est une vie grandiose, superbe. Alors une femme n'est pas un balais, elle est bien mieux. Cela va de soit! Mais dans la tête de Caleb cela fonctionnait pareil voir pire. Il se devait de tout faire rendre le sourire à une femme, pour lui mettre des étoiles dans les yeux, il se devait, tel un devoir, de la rendre heureuse et épanouie. Il faisait cela de différentes façon, en achetant des bijoux, en la couvrant de cadeaux, de bisous, en lui offrant tout ce dont elle rêvait - voyage, vêtement…- tout ce qui pourrait la faire se sentir bien. Avant de voir Lou se soir là c'est ce à quoi il avait pensé, un collier lui irait tellement bien autour de son cou fin. Et c'est ce à quoi il était en train de penser, là, face à elle. Que le collier lui irait bien !


Marchant vers l'endroit ou il voulait emmener Lou, elle lui lâcha la main un instant pour se remettre les cheveux en place. Durant un instant il l'avait vu les cheveux au vent avec quelques mèche se plaquant sur ses joues ainsi que ses lèvres et puis quelques unes devant les yeux. Magnifique ! Avec la lumière du soir éclairant sa chevelure tel un ange tombé du ciel.

«J'aime bien moi» dit il avec une tête d'imbécile heureux

S'approche d'elle, prenant la main qu'elle lui tend et se met face à elle

« Même si tu n'aimes pas le vent, lui, fait de toi quelqu'un d'encore plus ravissant »

Caleb, déposa ses lèvres sur sa joue pour l'embrasser gardant un sourire aux lèvres, heureux d'être avec elle. C'était toujours comme ça avec lui, au début tout était beau, tout était merveilleux. Le début c'était toujours bien, découvrir la personne c'était éxcitant et puis à force il n'y avait plus rien d'intéressant. A force ça devenait banal. Mais à chaque début de relation ce n'était pas ce à quoi Caleb pensait, pour lui c'était une nouvelle relation et c'était elle la fille. C'était avec elle pour une fois qu'il allait se sentir bien. Allait il réussir à se mettre avec Lou ?

«Je doute que tu connaisses »

Il voulait emmener Lou sur une colline qu'il avait trouvé quelques jours après son arrivé. Une petite colline d'ou l'on pouvait voir le soleil se coucher ainsi qu'une multitude d'étoiles. Il en avait entendu parler durant une bribe de conversation à l'intersection d'un couloir, deux jeunes parlant d'un lieux de rendez vous pour voir les étoiles et pour boire sans se faire prendre. Ce qu'il n'avait pas compris c'était pourquoi ils se cachaient alors qu'en salle commune tout les jeunes buvaient sans problème et que personnes - depuis qu'il était là - avait dit quoi que se soit.

« Il n'y aura pas d'indice sinon ce n'est plus une surprise ! … »

Gardant son sourire d'enfant de coeur sur le visage il emmena Lou à l'endroit voulut et sortir de sa poche arrière un bout de tissu qu'il plia sur la longueur et le lui montre lui faisant comprendre que c'est le moment de se le mettre sur les yeux pour profitant pleinement de la surprise approchant à grand pas.

« Tu as confiance en moi?!» lui dit il un sourire d'enfant de coeur en coin de bouche. Il ne voulait pas lui gâcher de surprise il fallait que tout soit parfait ainsi que sa stupéfaction tellement la vu du soleil couchant était belle. Tellement le cadre était plaisant.

Le mettant le bout de tissus sur les yeux il l'aida à monter doucement la pente et arrivé au sommet il la plaça face à la vu avant de lui enlever. Laissant complètement place à la réaction. Pendant l'instant ou elle admira la vu et aperçu l'endroit magnifique ou il venait de l'emmener il fit apparaitre une couverture pour qu'elle puisse s'assoir dessus. Il s'approcha derrière elle avant qu'elle ne se retourne et l'embrassa sur la joue, content de tout faire pour lui faire plaisir.