« Tic tac tic toc. Quelle heure est-il monsieur le lapin ? »

La dorelly lança un regard réprobateur au dit lapin. Il ne répondait pas. Il était sans doute cassé elle irait le réparer plus tard. Elle avait finis par obtenir de la part de son professeur de métamorphose, de rattraper sa dernière note avec un devoir. Peut-être fallait-il dire que ce fut après une longue crise de pleurs et de hurlements, de petit hoquet sanglotant et de regards dignes d'un animal à demi écrasé sur une route qui ferait pitié aux plus insensibles mais toujours était-il qu'elle allait changer sa note et cette idée avait suffit à la diriger vers un des lieux qu'elle fréquentait le moins, la bibliothèque. La bibliothèque, c'était un peu comme un labyrinthe pour Njala. Non pas parce qu'elle s'y perdait, mais parce qu'avant, lorsqu'elle venait, elle faisait exprès de jouer à être perdue, lançant un objet au hasard dans les rayons pour le retrouver. Bref, ne nous étendons pas sur le fait qu'elle joue à la balle seule mais le bibliothécaire avait finis par la sommer de cesser, ce qui l'avait vexé et elle n'y avait pas remis les pieds depuis plusieurs semaines.

Ainsi elle était en pleine concentration ayant pour seul but de ne pas se déconcentrer. Penchée sur un volume bien trop gros à ses yeux, elle usait de sa baguette pour chercher plus rapidement à l'intérieur. Comme ce sort était pratique quand on savait que chercher. Mais elle ne savait pas. Tant pis, elle s'en servait au hasard, c'était amusant même si elle soufflait d'ennui de temps à autres. Comment en était-elle arrivée là déjà ? Ah oui. Il fallait changer des objets en d'autre et elle avait trouvé bien plus amusant de créer des peluches que des répliques d'autres choses. Sur l'instant la note ne lui importait pas et le professeur bien tolérant était juste venu le lui rappeler. Le regardant, elle avait donc effectué une magnifique caricature de lui, toujours sous forme de jouet. Et elle avait eu une mauvaise note. C'était injuste et méchant, un professeur. Oui, oui, oui. Mais son oncle allait crier, si elle ne travaillait pas. Elle n'aimait pas qu'il crie, après elle s'énervait et devenait vraiment méchante avec les gens. Puis on le lui reprochait et elle entrait dans un vrai cercle vicieux. La vie était évidemment trop compliquée.

Constatant que le livre ne lui apportait rien de spécial, elle se mit en quête d'un autre ouvrage. Et s'il y avait des images ce serait mieux. Celui-ci n'en avait pas. Chantonnant une comptine elle vaquait entre les rayonnages, prenant son temps pour mieux choisir selon des critères propres à elle : couleur, style de couverture. Le titre ? Pour quoi faire ? Elle finit par tomber au détours d'un recoin, sur une étudiante visiblement occupée. Il y avait vraiment d'autres personnes qu'elle qui se levait aussi tôt une journée sans cours ? A pas feutré, comme si elle jouait l'espionne, elle s'approcha dans le dos de la jeune femme. Parvenue juste derrière elle, l'islandaise lâcha :

« Bouh ! »

Puis, souriante, adopta la posture d'une enfant mimant l'innocence pour ne pas se faire gronder. Main dans son dos, elle balançait d'un pied sur l'autre.

« Un, deux, trois... Tu travailles ? Moi c'est Njala ! Njala Edel Unisdottir. Mais les gens ont déjà du mal à retenir mon premier prénom. Ça s'écrit avec un j mais ça se dit i, tu as entendu pas vrai ? »

L'idée d'avoir pu déranger ? Inexistante. L'impression d'être une présence indésirable ? Très loin, vraiment très loin. Elle avait pour mauvaise habitude de capter l'attention des gens une fois qu'elle l'avait décidé. Quand elle était gentille. Parce que si elle était dans une période sans, elle se contentait juste de coup bas sans qu'on la remarque. Alors à choisir, mieux valait encore la tolérer.

« Et toi qui es-tu ? Je ne t'ai jamais vu ici, mais je ne viens plus beaucoup. J'aime bien tes yeux. Tu suis quel cours ici ?»

Envahissante, certes. Mais réellement intéressée. Comme toujours elle débordait de question. Patientant pour une réponse, elle sourit à nouveau, ses grands yeux ambré rouge fixé sur l'inconnue.

Lou s’étira. Elle était fatiguée de s’être levée si tôt, elle avait mal aux mains d’avoir tant écrit et mal aux yeux d’avoir tant lu. Intégrer une école en milieu d’année n’était pas une bonne idée et si elle avait eu le choix, elle serait restée en France avec son père et ses animaux adorés. Mais elle n’avait pas eu le choix. C’est donc en essayant de ne pas avoir l’air trop abattue qu’elle s’était présentée à tous ces professeurs. Comme elle s’y attendait, ils lui conseillèrent tous, pour rattraper le retard qu’elle avait par rapport aux autres élèves, de profiter de son temps libre pour travailler les cours qu’il lui manquait. Travailler durant son temps libre, Lou n’avait jamais fait une telle chose auparavant, s’étant contentée jusqu’à présent de faire ce qu’on lui demandait, point. Ça avait cependant l’air nécessaire pour qu’elle réussisse son année.

Puisqu’elle n’avait pas cours ce jour-là, elle avait décidé, très motivée, de se lever tôt et d’aller travailler à la bibliothèque. Après avoir fureté dans les rayonnages pour trouver des livres pouvant l’intéresser, elle s’était installée à une table et avait pris dans tous ceux qu’elle avait choisis, un livre au hasard : « Étude de la flore magique des marais ». Elle avait donc commencé par la botanique, copiant sur un parchemin toutes les informations qui lui semblaient importantes. Ce travail fastidieux dura un long, long moment et lorsque que la jeune fille en eut terminé avec le livre, elle le referma et s’étira. Il était l’heure de faire une pause.

Que faire de mieux dans une bibliothèque sinon lire ? C’est donc tout naturellement que Lou partit à la recherche d’un livre qui, contrairement à ceux de la pile qu’elle avait formée sur la table, pourrait l’intéresser. Elle savait déjà quel en serait le thème. Les animaux bien sûr, magiques ou non, cela n’avait aucune importance, elle les aimait tous de la même manière. Son regard fut attiré par un livre recouvert de cuir rouge. Elle lut le titre rapidement : « Entre crocs et griffes», pas très attirant. Après en avoir apprécié la texture et avoir constaté l’absence de quatrième de couverture, elle commença à le feuilleter. Lou se félicita d’avoir ouvert le livre malgré le peu d’attrait du titre. Dès les premières lignes, sa curiosité la poussa à lire les suivantes. Elle était maintenant totalement absorbée par sa lecture, comme dans une bulle.

Une bulle fini toujours par éclater.

« Bouh ! »

Lou sursauta violemment, manquant de faire tomber son livre. Elle le referma avec un claquement sec et se retourna pour voir qui avait osé la déranger en pleine lecture. Elle voulut gentiment faire comprendre qu’elle aurait aimé lire tranquillement mais la jeune femme au regard ambre-rouge qu’elle avait en face d’elle ne lui en laissa pas le temps.

« Un, deux, trois... Tu travailles ? Moi c'est Njala ! Njala Edel Unisdottir. Mais les gens ont déjà du mal à retenir mon premier prénom. Ça s'écrit avec un j mais ça se dit i, tu as entendu pas vrai ? Et toi qui es-tu ? Je ne t'ai jamais vu ici, mais je ne viens plus beaucoup. J'aime bien tes yeux. Tu suis quel cours ici ? »

Lou resta la bouche ouverte, sans bouger alors que la jeune femme, Njala, attendait visiblement une réponse. Elle la fixait de ses yeux presque rouge, souriante. Lou se secoua mentalement.

* Réagis ! Tu ne vas pas rester toute la matinée à la regarder. *

« Euh … Lou Cecil. Je suis nouvelle et c’est la première fois que je viens ici. C’est surement pour ça que tu ne m’a pas vu avant. »

Elle se tut un instant pour se rappeler de tout ce que Njala venait de lui dire.

« Je suis en A.C.A.I.I Santé Magique et oui, je suis censée travailler pour rattraper un peu mon retard. Merci pour mes yeux. »

Ne sachant pas quoi ajouter, elle sourit poliment. C’est à ce moment qu’elle vit le lapin en peluche coincé sous le bras de la jeune femme.

Elle rit lorsque l'autre eut peur. Vilaine fille, Njala, on ne doit pas se moquer. Ne tire pas la langue quand je te dis ça et écoute un peu. Tu es vraiment irrécupérable! Non, elle n'avait jamais été très obéissante, l'islandaise. Elle aimait agir à son gré et puis c'était rarement méchant. Si elle riait, c'était positif, tant mieux que la personne en face fasse marrer, il valait mieux ça que pleurer hein ? De toute façon, Njala elle ne pleurait presque pas. C'était pas agréable, ça vous donnait mal à la tête, une face affreuse avec des paupières gonflées, on reniflait et on devait se moucher tout le temps. Ça la faisait ressembler à un petit chat qu'on avait essayé de noyer en vain alors non, elle n'irait pas parler à quelqu'un de triste. Lalala.

« Euh … Lou Cecil. Je suis nouvelle et c’est la première fois que je viens ici. C’est surement pour ça que tu ne m’a pas vu avant. Je suis en A.C.A.I.I Santé Magique et oui, je suis censée travailler pour rattraper un peu mon retard. Merci pour mes yeux. »

Nouveau sourire. Lou c'était plutôt bien comme prénom. C'était court, donc on retenait ça plus facilement. La dorelly donnait d'ailleurs, toujours des noms bref à ses peluches. Skaa, Kêa, Iby, Akê... elle aimait bien les k aussi. Y'en avait pas dans le prénom de la fille en face d'elle mais pas grave, c'était pas mal quand même ! En tout cas c'était une nouvelle, et la demoiselle du nord n'avait guère l'habitude d'en rencontrer en cours d'année.

« Moi aussi je suis en ACAII mais en défense contre les forces du mal. Ca a bien fait rire mon oncle quand je lui ai dis quelle filière je prenais. Soit disant que c'est de la défense contre moi même dont j'aurai plutôt besoin. Enfin il dit n'importe quoi de toute façon ! Tu étais où avant d'arriver à Swyn ? Dans une autre université magique ? »

Peut-être que oui, peut-être que non, elle allait le savoir prochainement. En attendant elle ne parvenait pas à se contenir de parler. Attrapant sa peluche dans ses deux bras elle la serra contre elle et, toute polie qu'elle était, entreprit les présentations :

« Lui c'est monsieur lapin. Il a pas d'autre nom, j'ai plus d'idée pour le moment. D'habitude il donne l'heure, la météo, des choses comme ça en fait mais il est cassé. Je le réparerai après avoir préparé mon devoir. C'est sur la métamorphose, tu as aussi cette matière en santé magique ? Je pense pas mais je dois avouer que j'en sais rien. »

Puisqu'elle parlait de son devoir, tiens, il n'allait pas falloir qu'elle l'oublie celui-ci. Elle n'avait pas trouvé de livres pour le moment. C'est vrai que ce n'était pas en discutant qu'il allait lui tomber dessus même si ça aurait été marrant, qu'un livre s'envole pour venir la cogner. Avec un peu de chance elle ne se serait même pas vexée et elle ne l'aurait pas torturé en lui déchirant les pages. Enfin pour le moment, toute distraction pour éviter d'avoir à travailler était la bien venue, la mettant en paix avec sa conscience. Ce n'était pas sa faute après tout si elle avait croisé une autre élève. C'était même plutôt la faute des autres que la sienne, s'ils s'étaient levés aussi tôt. C'était eux qui la déconcentrait voyons...

“Hvaða landi ert þú? ”

Vu l'incompréhension totale s'affichant sur le visage de la jeune femme, la dorelly s'excusa avant de se reprendre:

“Je demandais de quel pays est-ce que tu venais. Apparemment pas du mien!”

Son regard rougeâtre se mit à papillonner autours d'elles pour tomber sur les morceaux de parchemins. La fille avait-elle vraiment recopié tout ça? Il fallait vraiment être fou ou adorer les cours ce qui dans la tête de Njala sonnait un peu pareil. Aimer travailler c'était ne pas être sain au fond. Il y avait tellement mieux à faire et puis, on arrivait sur les beaux jours, c'était dommage de rester enfermé ainsi alors que le soleil brillait si bien!

Elle se ressaisit bien vite après le choc qu’elle eut en voyant la peluche. Ne surtout pas juger. Lou n’aimait juger les gens sans les connaître, elle trouvait ça immature et puis les rares fois où elle l’avait fait, son jugement était mauvais. Dans le cas présent, c’était quelque peu difficile. On ne croise pas tous les jours quelqu’un qui se balade avec un lapin en peluche sous le bras. Mais ne pas juger. Et ses yeux rouge-ambrés, quelle couleur étrange. Non ! Lou, ne pas juger. Parce que même avec son lapin en peluche et des yeux d’une couleur inhabituelle, elle avait l’air gentille Njala. Un peu curieuse mais ce n’était pas gênant. Du moins, ça ne le fut pas au début mais lorsqu’elle lui demanda où elle était avant Swyn, Lou se crispa. Pourquoi une telle question ? Cela n’avait aucune importance de savoir où elle était avant Swyn puisque justement elle n’y était plus. Et puisqu’elle n’y retournera sûrement jamais d’ailleurs. Elle n’avait pas envie de répondre. C’était bête parce que Njala n’était pas au courant de ce qui s’était passé là-bas. Et puis c’était sa première vraie rencontre et pas juste un « Salut, bienvenue à Swyn. » alors elle n’allait pas tout gâcher parce qu’elle avait eu quelques problème par le passé. Lou espéra que la jeune femme se contenterait d’une réponse un peu vague.

« Oui, dans une autre université magique … En France. »

C’était même plus qu’un peu vague comme réponse. Lou pria pour que les questions sur ce sujet s’arrêtent là. Elle en avait déjà beaucoup trop dit. Elle fut donc extrêmement soulagée lorsque Njala changea de sujet. Mais elle ne s’attendait pas à ce qu’elle lui présente sa peluche. Apparemment, c’était plus qu’une peluche. Etait-il animé grâce à un mécanisme comme on en voyait chez les moldus ou simplement grâce à un sortilège. Elle faillit lui poser la question mais décida finalement que ça n’avait pas d’importance. Et puis ça n’aurait pas été poli de couper la jeune femme en face qui avait continué sur sa lancée, parlant maintenant de métamorphose. Lou trouvait que c’était la pire des matières. Elle n’était pas douée en métamorphose. À ses ASPIC, elle avait eu Acceptable malgré qu’elle ait mis toute sa concentration dans l’examen. Et puis elle trouvait ça inutile. Lorsqu’elle voulait quelque chose, elle se le procurait tout simplement et elle se cherchait pas autre chose pour le transformer, ça aurait été franchement ridicule. Bref, la métamorphose, ce n’était pas pour elle et elle était heureuse de ne plus en avoir en Santé Magique.

« Oh non, je n’ai pas cette matière cette année. Ça me va très bien comme ça d’ailleurs, la métamorphose, très peu pour moi. Est-ce vraiment utile comme matière, pour la Défense Contre les Forces du Mal ?»

Elle chercha des yeux l’emplacement de son livre et le rangea en écoutant la réponse de la jeune femme. Lou avait envie de parler finalement. Une semaine qu’elle était arrivée à Swyn et elle n’avait eu de vraie conversation avec personne à part ses professeurs. Elle avait beau ne pas rechercher plus que ça la conversation, un être humain est avant tout un être social, elle avait besoin de rencontrer des gens. Elle ne pensait pas que parler, même avec quelqu’un qu’elle ne connaissait pas serait autant agréable. Même si cette conversation ressemblait presque à l’interrogatoire typique des nouveaux : « Tu viens d’où ? Tu fais quoi ? Tu es qui ? ». Presque parce que Njala n’avait pas l’air de poser des questions juste par politesse, elle semblait réellement intéressée par les réponses de Lou.

La jeune femme surprit encore une fois la Cinnacrow en s’adressant à elle dans une langue inconnue. Lou écarquilla les yeux. Quoi ? Heureusement, la traduction arriva presque aussitôt. Son pays d’origine ? Pouvait-elle le dire ? Il ne fallait pas que la fille se remette à parler de l’université où elle était en début d’année. Lou réfléchit. Bien sûr qu’elle pouvait lui dire, elle le devait même. Elle ne devait pas avoir l’air de cacher quelque chose.

« J’ai toujours vécue en France et je suis française. Pourtant je suis née en Angleterre. En fait, je suis née alors que ma mère rendait visite à sa famille. »

*Pourquoi est-ce que tu racontes tout ça ?*

Elle avait vraiment besoin de parler. C’était bon signe, cela signifiait qu’elle se sentait à l’aise à Swyn. Si ça n’avait pas été le cas, elle se serait fermée comme une huître.

« Toi, tu viens d’où ? »

Elle suivit le regard de Njala. Une des fenêtres de la bibliothèque était ouverte et un coup de vent avait envoyé tous ses parchemins au sol. Elle soupira et commença à les ramasser, elle ne voulait pas prendre le risque d’en perdre un. Lorsque Njala lui tendit le dernier morceau, elle la remercia d’un regard. Elle les coinça sous un livre pour que le vent ne les emporte pas de nouveau.

« Qu’est-ce qui t’amène ici si tôt ? » Elle jeta un regard autour d’elle. « On doit être les deux seules personnes dans la bibliothèque. »

[HRP: Premièrement je suis désolée de ce délais de réponse particulièrement long, j'ai eu à faire avec des examens et cie, qui m'ont pris plus de temps que je ne l'estimais. Secondement, j'ai placé notre rp chronologiquement après l’évent de la salle commune même si on l'a lancé avant. Si cela te gêne, fais moi un mp, mais j'ai pensé que ça pouvait être plus intéressant ainsi, et qu'en parler nous placerait d'avantage dans le contexte actuel de swyn ]

En France? L'islandaise adorait les français, leur accent, les clichés qui circulaient sur eux, leurs peluches. Les peluches sont pareilles partout, c'est sûr, mais celle pour son onzième anniversaire, son oncle l'avait ramené de là bas. Et c'était assez spécial pour un sorcier,cet âge là. N'étant absolument pas ignorante au sujet de la magie, c'est dans une horrible impatience qu'elle avait attendue sa lettre. A en être insupportable, à ne pas tenir en place. C'était mieux que noël, même si il y avait alors la fête de Tapaninpäivä , où on se promenait en traineau tiré par un cheval. C'était mieux plus plus. Enfin, elle était quand même arrivée cette lettre. Dans les serres d'une chouette magnifique, avec des grands yeux que Njala avait longuement regardé avant de la laisser repartir. Et elle avait intégré Höfn Hvítasunnu. Sans conteste l'un des tournant le plus important qu'elle ait connu, comme beaucoup de sorciers avant elle. Elle se souvenait parfaitement de chaque émotion qu'elle avait pu ressentir alors, de son enthousiasme lors des achats, de sa tristesse quand son oncle avait émis la préférence d'attendre, avant de lui acheter un petit familier. Parce qu'elle n'était peut-être pas assez stable, Njala, pour en avoir un. Comme elle avait pleuré...

Ses pensées déviant, elle ne poussa pas la question sur l'université, même si celle-ci se glissa sans doute dans un coin de sa tête. Et puis la France, elle aurait bien aimé y aller, pour voir, juste comme ça. Il faudra qu'elle demande un peu comment c'est vraiment là bas. De mémoire, il y avait plusieurs personnes qui venaient de ce pays d'Europe dans les gens qu'elle avait croisé. Cela lui laissait l'embarras du choix sur qui embêter. En attendant, elle se mit à présenter sa peluche et comme toujours chez elle, les mots en entraînant d'autre...

« Oh non, je n’ai pas cette matière cette année. Ça me va très bien comme ça d’ailleurs, la métamorphose, très peu pour moi. Est-ce vraiment utile comme matière, pour la Défense Contre les Forces du Mal ?»

La jeune femme haussa les épaules. L'utilité c'était toujours quelque chose de très relatif pour elle. Ce qui l'était un jour ne l'était plus après. Bon, c'était ici une question générale. Il faut répondre, Njala. Sans effrayer. Juste une réponse, très simple. Aller. Mais elle se renfrognait. Elle réfléchissait, trop. Ce n'était jamais une bonne chose quand on la voyait vraiment réfléchir. Malgré ses problèmes comportementaux, il avait été reconnu très tôt qu'elle était particulièrement intelligente, et sournoise, dangereuse, adorable. Tout ça, tout de trop. Elle s'arracha un sourire, forçant tout de même une formulation simple et sans arrière pensée. Sauvée.

“Utile, bof. Je trouve qu'il y a plus important comme matière mais c'est sûrement un peu parce que j'aime pas ça. Le professeur est pas gentil. Enfin, si les directeurs l'ont mis, c'est que ça doit quand même servir. Je chercherai à quoi. Tu as de la chance de pas avoir ça!”

Lou poursuivit en répondant à d'autre question, patiemment. Était-elle énervée même si cela ne se voyait pas? Un léger sourire apparut aux coins des lèvres de la Dorelly. Mieux valait éviter d'exposer les pensées s'y joignant.

“Je viens d'Islande. C'est le plus beau pays du monde, évidemment! Et ça me manque. Le tiens ne te manque pas? L’Irlande c'est marrant, y'a pleins de gens de nouveaux mais quand même... c'est pas falleg ísland mín [Ma belle Islande] ”

Regard larmoyant. Quelle demoiselle insupportablement changeante. Elle essuya ses larmes d'un revers de main mais c'était vrai, quand même, que sa patrie lui manquait. Même qu'elle n'allait peut-être pas pouvoir rentrer cet été et que ça la rendait vraiment malheureuse. Comme une tombe. Oui, on dit comme une pierre, mais elle, elle trouvait qu'une tombe c'était encore plus triste. On y mettait quand même des morts dedans et c'était triste d'être mort. Non?

“J'étais venue faire mon devoir de métamorphose, justement. Mais j'ai plus envie. Je le ferai plus tard. Plus tard...
Dis, si on est vraiment seule, tu n'as pas peur de te retrouver avec moi? Ça ferait peur à certaines personnes.”

Elle souriait, encore, pour atténuer ses propos. Ils étaient sérieux, mais cette pensée contrastait avec son attitude inoffensive. Passant une main dans ses cheveux pour entortiller l'une de ses mèches avant de la laisser retombée sans qu'elle n'ait pu former une boucle, elle poursuivit:

“Est-ce que tu va encore travailler ici? Parce que si tu veux, y'a des endroits plus intéressant dehors.”

A peine eut-elle le temps de finir sa phrase qu'un autre élève fit irruption devant les deux femmes. Un regard mauvais braqué sur la dorelly, qui le soutient d'un air narquois. Il est en cours avec elle, ils ne s'aiment pas vraiment. Fallait-il dire que c'était à juste titre? Njala l'avait embêté plus d'une fois jusqu'ici et ce n'était pas toujours de façon agréable.

“Tu veux quelque chose peut-être? Parce que sinon, je peux tout à fait te fourrer un cookie dans la bouche, histoire de te donner une bonne raison de me dévisager ainsi.”

Ton sérieux, trop sérieux, pour s'adresser à l'homme. Elle se balançait à nouveau d'un pied sur l'autre, attendant une réponse ou une réaction. Allait-il prévenir Lou de se méfier? Qu'il ne valait peut-être mieux pas choisir quelqu'un comme Njala, pour se faire montrer des lieux qu'elle jugeait elle même plus intéressant? Il aurait raison de le faire. Ce qui valait la peine pour l'une ne le vaudrait peut-être pas pour l'autre et l'islandaise avait le chic pour se lasser des promenades à une place adéquate pour que la personne accompagnée se perde. Ce n'était pas dans un fond méchant mais elle se moquait que les autres puissent ainsi le prendre et le problème se situait sans doute la. Le regard des autres. Trop s'y attarder était mauvais, mais s'en moquait une fois sur deux comme elle le faisait était pire encore. Gardant son attitude confiante, elle murmura aux deux:

“Au fait... Vous avez entendu ce qu'il s'est passé en salle commune? Les gens parlent, ça pourrait bien... recommencer.”

Manque de tact, lueur tourbillonnante dans son regard enflammé qui va d'un élève à l'autre. Nul ne pourrait ignorer ce qui est advenu mais qu'en pensaient-ils? Étaient-ils effrayés? Amusés? Dubitatifs? Elle voulait savoir. Elle voulait juger de ce qui allait se mettre en place.

La France ne lui manquait pas. Ça lui avait fait bizarre, au début, de parler anglais tout le temps parce que même lorsqu’elle allait en vacances chez sa mère en Angleterre, il y avait des moments où elle parlait français. Quand elle s’adressait à sa mère et qu’elle ne souhaitait pas que son beau-père et son demi-frère ne comprennent. Assez souvent donc. Mais maintenant, elle était habituée. Le soleil lui manquait un peu peut-être mais la France, non. Et puis, Lou n’était pas dérangée par le fait de partir loin de chez elle. Elle savait qu’à la fin de ses études elle retournerait dans son pays de toute façon et 6 ou 8 ans, dans toute une vie, c’est peu quand on y pense. Ça aurait été se faire du mal pour rien que de penser tout le temps à ce qui pouvait lui manquer en France ou de comparer l’Irlande et la France. Elle était ici et c’était tout et elle se ferait sûrement de beaux souvenirs. Sûrement.

« Peur ? » Elle sourit, quoique un peu étonnée. « Non, ça va. Il faut dire que tu n’es pas tellement effrayante. »

Pas du tout même. C’était plutôt le mot « inoffensive » qui lui venait à l’esprit lorsqu’elle regardait Njala. Avoir peur d’elle ? Alors qu’elle se baladait avec un lapin en peluche blanc et qu’elle avait failli pleurer en parlant de l’Islande ? Ce comportement était assez … Étrange mais pas au point de lui faire peur. La jeune femme lui faisait une blague, non ? Lou évita quand même de rire parce que les yeux ambrés-rouges qui la fixaient, étaient très sérieux. Et puis … On ne demande pas à quelqu’un si on lui fait peur sans raison. Njala devait avoir les siennes et Lou ne voulait pas les connaître. Voilà, maintenant, elle était mal à l’aise.

Regard vers la fenêtre. Le ciel est gris mais il ne pleut pas. Sortir, c’est une bonne idée ça. C’est mieux que de savoir si on fait peur aux gens ou non. Et c’est mieux que de travailler sa botanique aussi. Tournant le dos à Njala pour ranger tous ses bouts de parchemin dans son sac, elle répondit.

« Non, j’ai assez travaillé pour aujourd’hui. Et je veux bien aller dehors, pour prendre un peu l’air. »

Elle ne vit pas le jeune homme jeter un regard noir à Njala mais entendit parfaitement cette dernière répondre. Elle rangea le dernier bout de parchemin dans son sac et se retourna pour voir ce qui se passait. Il fixait la Dorelly sans répondre à la pique qu’elle lui avait lancé. C’était assez compréhensible. Que pouvait-on répondre à quelqu’un qui vous menace de vous étouffer avec un cookie en étant très sérieux ? Le malaise de Lou augmenta. Elle ne savait pas quoi penser de la jeune femme à côté d’elle capable de passer d’une émotion à une autre, d’une attitude à une autre en quelques secondes. Et le jeune homme était assez grand, ce n’était peut-être pas prudent de le menacer comme ça. Lou ne le connaissait pas et les gens réagissent parfois de manière assez agressive face à la menace. Mais il n’eut aucune réaction, il ne fit ni ne dit rien.

Le silence s’installa entre les trois élèves. Lou ne savait pas quoi dire. Elle ne pouvait rien dire d’ailleurs parce que parler, ça aurait été prendre parti et elle ne savait pas ce qui s’était passé entre ces deux-là alors elle ne pouvait pas le faire. En plus, ça n’était pas ses affaires. Finalement, Njala brisa le silence et changea complètement de sujet. Le jeune homme qui n’avait visiblement pas envie de parler, haussa les épaules et partit. La Cinnacrow, elle, saisit l’occasion et répondit en espérant que cela l’aiderait à dissiper son malaise.

« C’était horrible. » Elle ferma les yeux un instant et revit la scène. « J’espère qu’ils ont tort. Que ça ne va pas recommencer. »

Certains disaient que le sang était faux, d’autres que non. Lou voulait vraiment croire que le sang était du faux mais elle ne pouvait s’empêcher de repenser à l’odeur. Parce que si ce n’était pas du vrai, l’odeur avait été parfaitement imitée. Elle avait même entendu des gens dire qu’ils avaient goûté et que le goût aussi, s’il était faux, était parfaitement imité. Oui, elle voulait croire que c’était de faux mais n’y arrivait pas. Elle avait entendu parler de l’Ouroboros, des meurtres et tout ça pour le culte du sang pur. Du moins, c’est ce qu’elle avait compris du peu qu’elle avait entendu. Et c’était eux, sûrement, cette pluie. S’ils avaient été capables de tuer des gens uniquement à cause de leur sang, elle ne doutait pas qu’ils aient pu créer cette pluie pour choquer ou comme un avertissement.

« J’ai entendu parler de … L’ordre de l’Ouroboros. Je n’étais là quand c’est arrivé mais … Tu crois que ça pourrait être eux ce qui s’est passé ? »

Elle se mordilla la lèvre en attendant la réponse. Peut-être avait-elle tout faux. Elle ne savait pas, c’était juste une supposition. Elle voulait savoir pourquoi on avait fait ça. Si pendant la pluie, le comment l’avait empêché d’avoir les idées claires maintenant elle s’en fichait, maintenant c’était le pourquoi qui l’intéressait. Quel intérêt y avait-il à recouvrir la Grande Salle de sang ? Pour choquer peut-être. C’était réussi. Elle voulut questionner Njala sur le sujet mais se ravisa. Maintenant que la Dorelly lui avait proposé d’aller dehors, elle avait vraiment envie de sortir.

« Est-ce que ça te dérange de parler de tout ça dehors ? » Elle montra la pile de livre qu’elle avait formé un peu plus tôt. « Je les range et on y va, d’accord ? »

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[HRP : Pas de soucis pour le temps, moi j'ai passé mon Bac cette année et je pense que c'est moins dur que les exam' qu'on peut avoir en études supérieures. Et puis, c'est une très bonne idée d'avoir parlé de l'évent de la Grande Salle, ça ne me pose aucun problème. Si il y a le moindre soucis avec ma réponse, envoie-moi un mp. ]