J'ai retiré plus de choses de l'alcool que l'alcool ne m'en a retirées.
[Winston Churchill]
Devant la porte, bras ballants et soupir peu convaincu, Hélios songeait même à faire demi-tour. Après tout, il ne devait rien à quiconque, pas même une sorte de pot de bienvenue. Il n'avait jamais aimé les effusions, le partage ni même l'échange cordial. Et la situation devait bien empirer avec l'âge et son accident.
Et l'alcool aidant, La Flèche restait l'homme qu'il avait toujours été, un peu porté sur la bouteille et sur les filles, incapable de s'engager, Hélios Campbell quoi.
Alors qu'il avait la ferme intention de tourner les talons en grommelant contre les directrices qui n'était même pas là pour accueillir un professeur, la massive porte du bureau s'ouvrit sur une Chenoa Kalawei pour le moins... Surprenante.
- Eh bien entrez, ne restez pas sur le pas de la porte.*Qu'est-ce que c'est que cette tenue ? *Gracieux comme un manche à balai, Hélios s'inclina en grimaçant et pénétra dans le saint des saints : Le bureau d'une des directrices. Avec deux bouteilles d'alcool qui plus est.
- Bon... Si vous y tenez.- Excusez-moi, je ne pensais pas avoir de la visite.L'écossais haussa les épaules, peu convaincu. Il avait plutôt l'intime conviction qu'elle attendait quelqu'un de plus... intime dirons-nous. Mais ça, c'était bien la vision du professeur, toujours un peu tortueuse.
- De toute façon, je n'avais pas vraiment prévu de vous rendre visite non plus. Mais bon, jme suis dit que c'était peut-être une bonne chose de boire un verre ou deux pour faire connaissance. J'avoue ne jamais avoir fait ça avant, mais vous n'êtes pas de nos contrées, nous verrons biens si les américains sont aussi résistants qu'ils le prétendent.Le professeur passa la porte en clopinant, sans quitter des yeux la directrice. Il fallait bien avouer que la tenue de sa directrice perturbait grandement Hélios. Évidemment, on ne se balade pas impunément en robe de chambre devant le professeur de Vol. Mais plus surprenant encore que la tunique de Chenoa, l'agencement de son... bureau ? Il fallait bien avouer que celui-ci était différent de celui de ses collègues. A commencer par les meubles qui étaient quasi-inexistants sous une pile imposante de papiers en tout genre.
Son regard parcouru les différents éléments de la pièce, La Flèche repéra rapidement les issues de secours, histoire de ne pas se retrouver démunis si jamais la petite indienne lui sautait dessus. On ne sait jamais, avec les femmes
...
Le professeur agita ses bouteilles et grommela quelques mots tandis que sa directrice lui tournait le dos.
- Mmmmh... Pas trouvé le reste...Effectivement. Revenons quelques heures en arrière. Heure à laquelle Hélios hésitait encore à rendre visite à l'une de ses collègues pour prendre une collation. La vérité était qu'il n'avait en fait aucune envie d'aller échanger quelques politesses hypocrites avec une femme. Il n'avait envie de faire comme tout ces gnomes et autres
lutins d'élèves, graisser la patte à un supérieur pour obtenir un peu de considération, quoi de plus répugnant ?
De quoi faire taire les rumeurs qui pourraient courir sur son envie de promotion. Promotion de quoi d'ailleurs ? Que pouvait-il vouloir de plus ? En plus de garder tout un troupeau de mollusques amorphes, il pourrait faire des heures sup. et se concentrer sur toute une bande d'huitres ? Non merci.
Et concernant les envies qu'il pourrait avoir, sexuellement parlant... Former un couple avec une des femmes les plus inconstantes de tout Swyn, il allait peut-être y repenser à deux fois avant de se lancer tête baissée. Et puis, une petite indienne ne suffirait peut-être pas à ranimer la vieille
flamme d'Hélios. C'est qu'il était vieux, le bougre !
Bref. Hélios s'était finalement décidé, après tout, ça n'engageait à rien. Il aimait sentir le liquide ambré glisser le long de sa gorge, éveillant ses sens, apportant la chaleur là où il n'y en avait plus depuis longtemps, alors, seul ou accompagné, c'était du pareil au même. Aussi fallait-il se dépêcher. On ne boit pas l'apéritif avant le repas...
Ceci expliquait cela. La Flèche était donc planté sur ses deux pieds, observant sa directrice qui cherchait il ne savait quoi dans son bazar terrible.
- Directement importé du fin fond des forêts américaines ! Authenticité garantie.Hélios jeta un regard sceptique à la bouteille que brandissait fièrement Chenoa. Un alcool des forêts ? Si c'était un de ces petits cocktails ridicules à la poire ou à la
cerise, le professeur se contenterait de boire en grimaçant. Il a toujours eut en horreur ces vieux alcools de grand-mère, tout juste bons à vous nettoyer les sinus. Il les trouve tellement fades et inutiles comparé au Whisky de ses contrées natales...
Mais bon. Si Kalawei aimait les alcools de framboise pour les jeunes filles chastes, chacun sa
croix...
Le professeur ne pu s'empêcher d'esquisser un vague sourire lorsque la jeune femme s'assit à même le sol, lui proposant un pouf.
Il eut d'abord un moment d'hésitation. S'il refusait de s'assoir sur le pouf, Chenoa prendrait peut-être cela pour un affront... En même temps, il ne pouvait pas s'estimer être l'égal de la directrice... etc etc...
Toutes ces questions, bien entendu, n'avaient absolument aucun sens, d'autant qu'Hélios finissait toujours par faire ce qu'il voulait.
Aussi posa-t-il son si délicat postérieur sur la moquette, non sans quelques difficultés dues à sa satanée jambe, ses bouteilles devant lui.
- Je propose qu'on commence par le whisky...Si Hélios proposait, c'était plus par pure politesse totalement inutile, puisque bien sûr, il avait déjà empoigné la première bouteille, la pire qu'il avait trouvé d'ailleurs. Il chercha un instant les outils adéquat pour servir sa boisson préférée mais dû bien se rendre à l'évidence : il n'y avait rien de tout cela dans le bureau de Chenoa Kalawei.
Le très délicat professeur Campbell utilisa donc les moyens du bord pour déboucher sa bouteille. Ses dents, en l'occurrence.
Et bu... à même la bouteille. Après tout, il n'allait pas s'embarrasser des convenances si Chenoa faisait de même. On ne s'assoit pas par terre pour jouer les aristocrates... A moins qu'il n'ait pas été mis au courant des dernières modes en vogue...
A vivre en
ermite, il en oubliait vite les actualités et le monde qui l'entourait. Mais bon. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas la mode qui allait influencer sa façon de vivre. A son âge en plus, ça aurait été absurde...
La gorge d'Hélios se réveilla au contact de l'alcool, faisant monter en lui cette vague de chaleur que l'écossais appréciait tant. Il tendit la bouteille à la petite indienne et déclama un hommage à son pays.
-O Flower of ScotlandWhen will we seeYour like again,That fought and died forYour wee bit Hill and GlenAnd stood against himProud Edward's Army,And sent him homewardTae think again. [x] Un sourire vague au souvenir à peine évoqué de sa jeunesse, où il chantait fièrement cet hymne avec son équipe de Quidditch, toutes les jeunes filles ayant l'intime conviction qu'un simple clin d'oeil leur était destiné. La belle époque...
- Chenoa, sers-toi, je n'oserais tout boire... Nom d'un gastéropode enrhumé, cette bouteille n'est pas des plus fades !Evidemment. Si la directrice le tutoie, il ne voyait pas pourquoi il ne ferait pas de même.
- Rassures-toi, tu n'es pas la pire des hôtesses, j'ai vu bien pire. Je me suis laissé dire que tu venais des forêts américaines, origines indiennes ou que sais-je... Comment faites-vous de l'alcool là-bas ? Je dois avouer que je suis plutôt curieux. Surtout lorsque cela concerne la boisson des dieux -
Le dieu d'Hélios en tout cas, buvait de l'alcool -.
Je m'étonnes que tu sois aussi simple, pour une directrice. Tout est tellement formel d'ordinaire, c'est un changement déroutant et agréable. A ta santé en tout cas !
D'ailleurs, Hélios se demandait si la jeune femme se laisserait emporter jusqu'à l'ivresse, ce qui lui montrerait bien la face cachée des directrices rigides... Il songeait même à inviter les Miss Creedpeur et Rowan... Sachant pertinemment qu'elles ne voudraient en aucun cas se joindre à la fête, même entre écossais pour le cas de Celyn.