Excursion avant les prochains examens. Quelle bonne idée, quelle merveilleuse idée enfin une sortie de groupe organisé par l’université. Enfin quelque chose à plusieurs avec les professeurs, les élèves et tout ceux faisant partie de l’établissement et voulant participer. Il y avait eu une liste pour s’inscrire comme s’il y avait un nombre de place limité, surement à cause du nombres restreint de surveillants … Mais après tout les élèves étaient tous majeurs alors pourquoi des surveillants ?! Bref peu importe, ce n’était pas le plus important dans l’histoire et même à la limite ce n’était que mieux enfin … Ca aurait pu être que mieux. Mais au vu des présents …


« Hey la grosse tu fais quoi ? »

Demanda Thèdes surprise en voyant Lauréline jouait à faire voler des feuilles dans les airs.
Laure pourquoi es tu assises là sur ce Rondin de bois, à regarde les feuilles voltiger dans les airs aux rythmes des mouvement de baguettes que tu fais?!


« Je sais … C’était mon idée tout ca. De t’embarquer, de passer le week end avec toi à camper… Mais dans mon idée on s’amusait super bien et puis … Dans mon idée c‘était comme l‘été dernier! »

Lauréline avait été enchanté par cette histoire de camping dans les plaines. Depuis le temps qu’elle attendait un peu d’aventure avec sa meilleure amie, avec des amis qui lui étaient cher. Elle attendait cela depuis si longtemps, ce n’était pas faute de tenter à lancer l’idée mais seulement il y avait toujours eu quelque chose pour ne pas le faire. D’abord la mort de sa mère, puis la dispute avec Thèdes et puis les soucis de drogues … toujours une bonne raison de reporter. Elle avait imaginé tant de fois cette sortie, elle s’était imaginé en train de rire à avec Thèdes parce qu’elle n’arrivait pas a griller son marshmallow et encore la voir râler à cause de certains bestioles essayant de lui dévorer les jambes. Elle avait tout imaginé mais jamais elle n’avait pensé à y inclure des gens, des élèves… enfin si ! Mais elle n’avait pas inclus les nouveaux élèves. Dans son esprit ce qu’elle voulait c’était retrouver l’été dernier. Les délires en Italie, les super soirées délires entre eux… Oui dans sa tête ce qu’elle s’imaginait c’était de revoir Ted à faire le con avec Thèdes, Mani à râler pour un rien juste pour faire savoir qu’elle était présente - et dieu sait pourtant que laure n’aimait pas Mani, elle ne la portait absolument pas dans son cœur… mais finalement tout ca était devenu un jeu Mani lui rendait bien - Samantha draguer Andrew en espérant de pouvoir se le coincer… C’était ca l’été dernier. Elle savait que Thèdes ne voulait plus en entendre parler, mais mine de rien si elle savait être encore un minimum objective elle serait d’accord pour dire que c’était le meilleur été qui soit.

Lauréline laissa tomber ses feuilles et ses petits cailloux flottant dans les airs, souffla en se levant et regarda Thèdes avec un sourire en coin. Un regard malicieux voulant se rassurer elle-même, se dire que ca allait être bien quand même, différent mais bien.


« Bon alors on la monte cette tente ou on appelle les secours? »

Lauréline se mit à rire de bon cœur, l’hôpital qui se fou de la charité en deux minutes elle était passé de la lassitude, le visage triste et déçue à un magnifique sourire suspect pour ceux qui ne la connaissait pas. Elle n’était pas forcément lunatique Laure, elle réfléchissait juste beaucoup trop, une réflexion gérant toutes ses humeurs. Remarque peut être que dans un sens c'était ca être lunatique.


«  D’ailleurs on choisit avec qui on se pieute ou pour ca aussi il y a une liste ? Non parce que si on peut choisir, je dors pas avec falbala je vous préviens »

L’endroit avait été choisit spécialement pour cette soirée. Une clairière boisé de haut arbres aussi verdoyant les uns que les autres. Un sol tapissait d’herbe, celle qui est aussi douce et agréable que du coton en la sentant sous les pieds… Le contact de la nature, la simplicité même, l’air pur et l’oxygène vivifiant des arbres … Laisse toi aller laure, tu es chez toi ! C’est ton domaine.

« Thèdes, j’peux pas annuler, j’peux pas leur dire que je peux finalement pas venir au match, quoi, c’est pas sympa.
- Euh… C’est pas sympa non plus de pas venir faire du camping avec moi, j’te ferais dire.
- Non mais tu me préviens dix minutes avant de partir, aussi !
- J’voulais créer de la surprise !
- Ouais, bein ton effet de surprise, il est raté. Allez, fais pas cette tête, t’auras Lauréline avec toi ! »

Et c’était d’ailleurs le seul point positif à aller faire du camping, ce soir-là. Seulement parce qu’il y aurait Lauréline auprès d’elle. Andrew venait de lui poser un lapin, parce qu’en effet, refuser de sortir avec elle ce soir, c’était la contrer, de ce fait un drame. Et il n’avait rien compris de tout cela, évidemment, puisqu’il avait un match de Qudditch. Non-mais-tu-comprends-je-peux-pas-annuler-quoi. Tu parles, il le lui payerait, de toute façon, ce n’était que partie remise, il le savait bien. Un jour ou l’autre, il la verrait arriver, aussi discrète que possible, avançant à pas d’ours de loup pour lui sauter à la gorge, lui ouvrir les veines et faire couler son sang sur la moquette comme elle savait si bien le faire. Et lui, peu habitué par cet élan soudain de violence, serait mis à terre, les yeux grands ouverts, sur le point de crier ou de rire d’horreur ou de peur. Voilà, mais c’est qu’il l’avait mérité, mine de rien. Voilà ce que ça donnait, de faire un coup bas à Thèdes Konstonhalu, petit copain ou pas ! Andrew McAllen ou pas. Et encore, elle se trouvait très indulgente, là, bien gentille.

Moins bien gentille, là, alors qu’elle donnait un coup sur la tête de Lauréline, l’empêchant de se plaindre davantage. Elle n’avait pas le droit de se plaindre, ce soir, Thèdes était là, et, évidemment, Thèdes en avait bien sûr le droit, de se plaindre, allons bon, voilà qui aurait été curieux qu’elle ne se plaigne pas. Andrew n’était pas là. Il l’avait abandonnée et… Oui, bon. Il y avait Lauréline. Focus sur Lauréline. Rousse, yeux verts, quelques kilos en trop, pas très belle. C’était sa meilleure amie, quoi qu’il en soit, et Thèdes n’était pas connue pour juger uniquement sur le physique. Évidemment, on le lui avait dit, au détour d’un couloir, qu’une Konstonhalu ne pouvait décemment pas s’allier, se mélanger à une McShane, et Thèdes avait acquiescé, bien sûr, mais que voulez-vous, une amie est une amie, même si elle n’est pas très jolie. Et puis, à mort ces préjugés qu’une jolie fille ne peut se lier d’amitié avec un laideron tel que McShane ! Elle est son nez trop long, et sa bouche trop grosse, et ses yeux difformes ! Elle ricana discrètement, et les yeux de Lauréline se levèrent vers les siens. Elle lui sourit, partit s’asseoir à côté d’elle et lui embrassa la joue.

Heureusement qu’elle ne pensait rien de tout cela.

Sauf pour Andrew, ah ! Qu’il débarque, celui-là !

Elle fixa les alentours, se demandant pourquoi elle était ici, exactement, se rappelant que cet été, elle avait sorti une tente pour aller camper avec Ted Hanson, celui qui lui avait fait découvrir une étoile qui clignote, et sa copine, celle qui fait de la lumière tout le temps, et du vin à la pêche, et qui lui avait donné une balle de ping-pong à jeter un jour qu’elle avait balancée aux ordures un peu trop tôt peut-être. Elle ne pouvait pas l’avoir raté, si ? Elle fixa chaque étudiant dans le coin pour essayer de reconnaître Ted, comme s’il avait pu se cacher ou se déguiser, ou un truc dans le genre : Caramel mou, là ! Ça allait être marrant, lui qui semblait vivre d’amour et d’eau fraîche, et de bières quelques fois, lorsque l’occasion le lui permettait. Falbala alias Arabella (ou l’inverse, allez savoir, Thèdes n’était plus sûre de rien), bon, ouais, elle ne la connaissait pas, fallait voir. Thomas, le gars amoureux d’Aurora, non ? Si c’était le cas, fallait lui demander si c’était toujours d’actualité, la meilleure entremetteuse de Swyn n’allait jamais laissé une chance de les réconcilier lui passer sous le nez. Surtout si ça pouvait éloigner Aurora du crétin qui lui servait de copain actuellement en plein match de Quidditch dont elle n’allait pas citer le nom parce que la seule envie qu’elle sur le moment était de prendre une photo de lui et de l’attacher sur un arbre pour balancer des fléchettes dessus (Sinon, son copain, c’est Andrew McAllen, au cas où, elle le rappelait histoire de se la péter un peu. C’est pas tout le monde qui sort avec McAllen, hein. Bon, aussi parce que c’est le seul McAllen de l’école, certes, mais ça aurait pu être tout autre chose mais ce n’est pas le sujet de conversation). Ah, tiens, il y avait Njala aussi. Une sorte de fille bizarre qui aimait les peluches. Il fallait penser à bien fermer la tente dans laquelle elle allait dormir, du coup, on ne sait jamais. Ahh… Et le meilleur pour la fin. Le petit, le merveilleux, le délicat petit écureuil. Ou tamia. Chipmunk, de son état. Fou amoureux de Lauréline – il n’est pas encore au courant, mais ça va venir -, le petit garçon aux rêves fous, ambassadeur, langues du monde, blablabla, parfait pour Laure, tout ça. Elargissant son sourire en faisant un clin d’œil au dit Chipmunk, elle se releva du rondin de bois, entraînant Laure avec elle, lui lançant un regard de mais-lâche-ces-feuilles-purée-tu-vois-pas-la-honte-que-tu-me-fous-devant-ton-futur-fiancé !

« Bon, c’est pas tout, mais alors attendez, je compte : Un, deux, tr- Ah, bein non, Alvin, tu comptes pas, toi, t’es pas un vrai garçon, t’es un chipmunk ! »

Premier pique. Hm, qu’elle se sentait bien.

« Ouais bon, du coup : J’sais pas de combien de tente on dispose, mais faudrait que les garçons pensent à monter les tentes, non ? J’dis ça, j’dis rien, après, on peut le faire nous même, mais vu que Laure préfère s’amuser avec des feuilles mortes, Laure, on t’a déjà expliqué un milliard de fois : La nécrophilie, c’est mal ! »

Deuxième pique. Fan-tas-ti-que.

« Ah, j’préviens, j’dors avec Laure, ce soir. Du coup, Chipmunk, si l’envie te prend de la rejoindre ou j’sais pas, préviens moi maintenant, tu le fais discrètement, tu vois, avec un petit tic de l’œil, ou tu m’envoies un petit mot, j’sais pas, histoire que je m’arrange pour me trouver une autre tente. Thomas ou Ian, vous voudriez bien de moi dans vos tentes ? Après, vous faîtes ce que vous voulez, j’veux juste pas casser le coup à Chipmunk, 'voyez… »

1) Mieux vaut prévenir que guérir : Elle s’éloigna de Lauréline au cas où celle-ci aurait eu l’idée de vouloir la rendre borgne en plantant dans son œil une petite branche certes fine, mais dangereuse.

2) Bon, elle avait arrêté de dire que le premier qui s’approchait trop d’elle se ferait tuer par Andrew, mais bon, à l’avoir répété un milliard de fois, ils devaient bien tous être au courant, donc bon, voilà.

Camper. Toujours une excellente idée pour resserrer les liens, s'amuser ou simplement profiter de l'air pur. Toujours est-il que ça dépend avec qui. Arabella avait bien essayé de rameuter Lawrence ou Aramis, mais c'était peine perdue et Phil on en parle même pas, plus de 90% des gens présents ont dans leur éventualité de lui arracher la tête au moindre faux pas. Pas vraiment ce qu'on appelle un Week-end amusant que de voir son copain se faire haïr et le leur rendre. Puis ça allait lui changer les idées, non? Tout le monde a besoin un jour de sortir de son contexte actuel quoi. Depuis des semaines qu'elle restait terrée, ne sortant que pour donner l'exemple à Aramis, pour montrer à Phil qu'elle n'était pas morte ou aider Lawrence quand il avait un trop plein de stress. Sortir? Parfois, mais si rarement. Et toujours le même genre de truc, resto, sortie en boite. Oui, un jour, quelqu'un avait besoin de changer d'air et le moment était particulièrement propice.
Alors au final, c'était ce pourquoi Ara était à, dans cette clairière, avec toute cette petite bande éclectique d'élèves de milieux et de fréquentations différentes. Elle était arrivée juste avant que Thèdes compte – enfin c'est une façon de parler, vu qu'elle a arrêté de compter après Alvin – et regardait la scène sans vraiment s'y mêler, chaussures dans les mains et pieds nu sur la pelouse verdoyante, qui lui donnait une sensation d'être de retour à la venteuse Écosse, les jours de soleil. Au moins, si Thèdes parlait comme une pie, elle avait la circonstance atténuante d'avoir une voix qui n'était pas à proprement parler énervante. On ne se sentait clairement pas aussi calme que dans une église, mais on était pas stressé comme une veille d'examen. Mais bon, quand même, si ça continuait, les tentes elles seraient encore à l'état de simples toiles sur le sol quand le soleil serait couché! Il fallait bien que quelqu'un dise quelque chose de constructif, bon sang.

- Pourquoi pas simplement que ceux qui savent faire des tentes les montent, puis après, on décidera qui dormira où avec qui et comment et… enfin, tout ça, quoi. Suggéra-t-elle d'un ton poli, mais assuré.

La plum' savait déjà une personne capable de monter une tente. Elle-même. Ça faisait une personne sur… attendez, mais sur combien, au fait? Sept? Ouais, peut-être. Enfin, à la va-vite comme ça, on dirait bien qu'il y a sept élèves, mais il en a des tout petits des fois, de vrais lutins à se cacher partout. Oui bon, ben ça fait déjà une personne sur sept. En espérant que le nombre de tentes ne soit pas proportionnel au nombre de personne, et qu'elle ne soit pas entourée de novices du Camping, sinon, bonjour la galère! Au moins aux vues des personnes, malgré certaines avec qui… ce n'est pas toujours rose, ça promettait d'être hautement divertissant. Puis faut dire que Thèdes ne manque pas d'imagination pour les piques, on dirait même que c'est… un don, oui, un don. Ne serait-ce qu'en simple témoin, ce serait très marrant, comme week-end de camping parascolaire.

- Alors… je sais monter une tente, quelqu'un d'autre sait faire? Question qu'on ait une chance de finir assez rapidement. Sinon y'a la magie mais, je sais pas si ça "brise" l'ambiance camping.

L'envie n'était pas de prendre les rennes, juste de monter ces fichues tentes et elle le faisait bien sentir. Oui bon, elles l'obsédait, ces fichues tentes. Comme une tique qui revient vous piquer chaque fois, sauf que là, c'était chaque fois qu'elle apercevait les toiles. C'était ce genre de petits trucs qui l'asticotaient sans raison vraiment valable, si ce n'est une envie d'en finir au plus vite avec les tâches les moins plaisantes et passer enfin aux choses sérieuses…
Bah l'amusement, qu'est-ce que vous penser. Hédoniste, Ara? Oui, peut-être un peu, mais c'était le but de venir camper, hein! Puis en même temps, quand votre seule envie est de faire le boulot qu'il y a à faire avant de s'amuser, n'est-ce pas un peu... contrastant, avec l'hédonisme?

«Et pis merdouille, ça existe toujours pas de nos jours les tentes auto-montables? à moins que ce soit des tentes magiques, qui sont trois fois plus grandes à l'intérieur qu'à l'extérieur... ouais, ce serait cool, ça.»

Cogiter à propos de tentes, vraiment? C'était pathétique, ma pauvre. Pathétique. Au fond, merci au seigneur d'être venue ici, hm. Elle n'avait pas tout à fait touché le fond du baril de l'ennui, mais elle était pas passée loin c'est sûr. En espérant que toute cette petite compagnie s'avère aussi marrante qu'il n'y parait. Vivement le début des festivités!

« Bière, check. Tente, check. Valises, check. Nourriture, check. Chapeaux de pirate, check. Rhum blanc, check. Rhum brun, check. Rhum épicé, check… Il manque rien. »
- Tu veux pas emmener ta guitare? Sur le bord du feu, ce serait bien. Comme on faisait au feu de camp chez toi, à la maison.
«… Ça ferait pas trop nostalgique? Par rapport à… »

Son meilleur ami lui adressa un sourire. Parfait mélange de Tais-toi et T’en fais pas. Le géant hocha la tête. Il y avait pensé en plus. Un feu de camp sans guitare, ça n’en était pas un. À la fois vaincu et enchanté, le noiraud monta en vitesse les escaliers jusqu’à sa chambre pour prendre sa guitare, déjà installée dans son grand étui.

Il tâcherait de ne pas trop penser à elle. Aux bons souvenirs. Pour s’en bâtir d’autres.


Le soleil brillait toujours à l’horizon, étendant dans le ciel la lueur orangée presque rosée typique de la fin de la journée qui approchait. Il avait fait beau aujourd’hui et tout indiquait que cela allait être la même chose pour les vingt-quatre heures à suivre. Parce qu’être en camping quand il pleut, c’est moins bien. C’est pas moche, quand même, il y a façon de s’amuser malgré tout et, la magie aidant, c’était possible de ne presque pas ressentir les effets de la pluie. Mais c’était toujours mieux quand le soleil brillait. Les maillots séchaient plus vite, l’alcool était meilleur, les filles étaient plus belles sous le soleil. Le Gallois n’avait pas hésité une seule seconde à s’inscrire à cette petite sortie de groupe. D’abord, parce que le camping était sans doute l’une de ses activités favorites. Il en avait fait dans toutes les conditions possibles. Seul, en groupe, en duo, avec ou sans tente, printemps, été, automne, pluie, canicule, tout y était passé. Et il avait adoré chaque seconde de ces moments où l’on oubliait un peu nos responsabilités pour ne faire qu’un avec soi-même.

Le Gallois était en train d’organiser ses choses pas trop loin du feu, où s’élèverait sa tente sous peu. Il avait sorti l’alcool – même s’il avait profité de l’excuse du thème pirate pour s’enfiler quelques gorgées du rhum brun dans le processus - et sa guitare et il avait déjà étendu la toile de sa tente pendant que les autres discutaient. Il vérifia rapidement que tout était dans leurs sacs respectifs, même s’il se souvenait clairement d’avoir tout replacé et compté la dernière fois qu’il s’était servi de la tente, puis enleva le gavroche qu’Elei lui avait offert et le jeta sur sa petite valise. Il passa l’une de ses mains dans ses courtes boucles foncées et s’avança vers le petit groupe, ses mains enfouies dans les poches de son jean. Il était encore trop tôt pour faire le feu, mais ce n’était pas une raison de chômer. Car si Ian tenait à quelque chose, c’était que tout soit organisé avant de profiter. Écoutant toujours distraitement ce que les autres disaient d’une oreille – roulant même les yeux en entendant Thèdes s’acharner sur Alvin – le noiraud se mit à la recherche de bois sec. Il resta plutôt près de la lisière, remplissant bien vite ses bras, puis revint vers le groupe. Il déposa le bois sur le sol, non loin du rond de feu encore vide. On débattait sur le sujet de qui allait monter les tentes. Était-ce une tâche si emmerdante que ça? Bon, oui, ça prend une dizaine de minutes pour s’installer convenablement, mais guère plus. Et puis, si ça ne disait pas à quelqu’un, lui était toujours volontaire pour aider les autres.

« J’me charge de la mienne, et ensuite je vous aide pour les autres si vous voulez, y’a pas de souci du tout. Je veux juste finir de ramasser du bois. »

Un second tour en forêt, cette fois un peu plus profondément, et le tour était joué, le temps que les gens se mobilisent finalement. Thomas fut le premier levé. Il sourit à celui-ci une fois que la deuxième cargaison de bois était venue rejoindre l’autre sur le sol puis posa ses yeux d’azur sur Arabella. Ouais… Ça promettait d’être tout un exercice pour leur relation qui avait pris un tournant particulièrement étrange durant les dernières semaines. Aucune façon de prévoir ce qui pourrait se passer, puisque tout ce qui s’était passé entre eux jusqu’à maintenant avait été complètement spontané, au point où c’en était effrayant... Un coup d’œil vers Alvin puis il ajouta, sur un ton rieur.

« Allez, on est pas des fillettes, c’est rien du tout monter une tente. »

Sans plus attendre, il redressa les manches de son pull de petite laine bleu foncé le long de ses avant-bras, s’arrêtant aux coudes, puis se mis à monter sa tente avec l’habileté de quelqu’un qui a fait cela toute sa vie. Une fois la sienne érigée, il offrit son aide à la première personne qui en eut besoin, avec un sourire, comme d’habitude.

À sa connaissance, les pirates ne faisaient pas de camping, ils voguaient sur les sept océans et dormaient dans les cales de leur navire où faire un feu – que ce soit pour se réchauffer ou y faire griller un morceau de viande - se serait avéré la pire idée du siècle. Alvin cherchait bien souvent la logique en toute chose, et le thème de ce week-end en camping n’en avait aucune, ce qui ne le dérangeait pas outre mesure. Trouver son costume ne fut pas bien difficile non plus. Une paire de ciseaux passée dans le bas d’un de ses nombreux pantalons marrons faisait le travail. Par conséquent, il avait décidé que le port de chaussures ne serait pas utile, voilà pour le côté authentique. Pour le reste de l’accoutrement, Alvin portait un haut marine dont le pan lui arrivait en-dessous de la taille et une ceinture soutenue par une épaule, traversant son torse en diagonale. La seule dépense fût pour le tricorne un peu trop grand dont il avait coiffé sa tête. Par le sabre de Barbe Noire, un pirate n’était pas un pirate sans un chapeau digne de ce nom ! Après un dernier coup d’œil amusé à son reflet dans le miroir, il rejoint rapidement Ian qui terminait de faire les provisions de rhum. À croire que son ami comptait fournir un équipage complet en alcool. Alvin le persuada d’emporter sa guitare et les deux garçons se mirent en marche jusqu’à la clairière indiquée.

Bien que tout le monde ne se connaissait pas, chacun se rendit dans les temps au point de rendez-vous. Déposant son sac à côté de lui d’Ian, Alvin se retourna vers Thèdes qui se plaisait à le surnommer Chipmunk à chaque occasion, dont celle-ci. Habitué à se faire embêter par sa sœur depuis que celle-ci savait enchaîner des mots, le jeune gallois ne se vexa aucunement de cette pique. Souriant, Alvin roula des yeux alors que Thèdes s’empressa de renchérir. Cette fois, il secoua la tête alors que le débat s’élargit au sein du groupe. Arabella pouvait monter sa propre tente, Thomas se chargea de joindre le geste à la parole avec la sienne, Ian comptant faire de même après avoir amassé du bois pour le feu. Réajustant son tricorne qui tombait en travers de son front, Alvin s’approcha de Thèdes et Lauréline, près à les aider avec leur tente, encouragé par Thomas à ne pas rester les bras croisés, puis par le clin d’œil de son ami. Dépliant la toile, il posa un genou dans l’herbe, fixant tour à tour les piquets dans le sol avec un savoir-faire trahissant une longue expérience de soirées de camping en forêt.

« Je ne dormirai pas dans une tente, tout le monde sait que les tamias dorment dans les arbres, Thèdes, alors rassure-toi, tu peux dormir avec Lauréline. »

Sans vraiment y croire, il espérait que la blague ne permettrait pas à Thèdes de relancer sur autre chose. Ça ne le gênait pas que tout le monde entende les sous-entendus, Alvin était convaincu qu’aucun d’entre eux n’étaient dupes quant au sérieux des propos qu’elle évoquait. Il termina de monter la tente et attrapa les bagages des deux filles pour les mettre à l’intérieur. Là, l’opportunité qu’il pensait chercher toute la soirée se présenta à lui. Depuis sa dernière conversation avec Lauréline, il voulait lui donner quelque chose. Rien d’extraordinaire ni d’exceptionnel. Il avait mis l'objet dans la poche de son pantalon avant de partir. Alvin vérifia que personne ne regardait et avec discrétion, il glissa son exemplaire de « La guerre des soleils » entre les deux sacs. Il s'agissait d'un livre de science-fiction relatant les efforts de l’équipage d’un vaisseau spatial pour dénicher un nouveau système solaire où ils pourraient trouver une planète habitable pour les humains de la Terre, le soleil de la Voie Lactée étant sur le point de s’éteindre. Dans l’aventure, ils découvrent une galaxie – contenant non pas un, mais deux soleils - où vivre à condition de vaincre la race extraterrestre occupant le sol de la nouvelle planète tant convoitée. Mais maintenant qu’il n’avait plus qu’à repartir, Alvin doutait de son initiative. Était-ce vraiment une bonne idée que de laisser le livre là, espérant qu’elle y comprenne quelque chose ? Balayant la question, il sortit de la tente mains et poches vides, advienne que pourra.

« Voilà, c’est fait. Quelqu’un a faim ? Je m’occupe du feu. »

Alvin avait parlé le plus naturellement possible, mais son débit de paroles laissa malgré tout transparaître une hâte certaine de s’octroyer où la tâche d’allumer le feu, ou celle de manger. Pourtant, dès qu’il se mit à entasser quelques branches, il redevint très à l’aise et appliqué à sa besogne. En moins d’une minute, les flammes s’élevèrent et il se retourna vers Ian.

« Je crois qu’on peut officiellement sortir les caisses de rhum, qu’en dis-tu, Capitaine Bale ? »

Termes de pirates, pour jouer le jeu. Alvin rit, revenant vers les provisions d’alcool, remarquant à retardement que son ami ne l’avait pas attendu pour ouvrir la première bouteille.

« Que vois-je ? Traitre, c’est la planche qui t’attends ! »

Sans crier gare, Alvin se jeta sur Ian, faisant semblant de l’étrangler avec son bras, essayant en vain de grogner pour se donner un air de flibustier des hautes mers, ne voyant cependant rapidement plus rien, son tricorne lui étant tombé sur les yeux.

Une sortie, un camping, du monde ! Du monde ! Njala sautillait presque sur place lorsqu'elle inscrit son nom sur la liste des participants. Elle allait faire quelque chose, quelque chose, lalala. Un deux trois... nous irons au bois ! Elle rit seule et retournant vers son dortoir, décida qu'il faudrait bien que passe le temps pour que la dites nuit arrive. Et il arriva, le jour. Pas la nuit. Pas assez vite à son goût mais vint tout de même. C'était bien, oui oui c'était très bien messieurs dames ! Elle se hâta de préparer ses affaires, ne contenant bien sûr que le strict minimum pour sa survie. Pyjama rose bonbon orné de roses noire, et parlant de bonbons des vrais, oui ! De toutes les couleurs, et des cookies, surtout des cookies, dans son sac. On ne savait jamais si les autres avaient oubliés d'en prendre, la soirée serait gâchée mais comme elle en avait, alors tout irait bien ! Et une peluche, une seule elle avait été raisonnable. Sa préférée, Skaa, la plus réussie parmi les enchantées avec Keâ. En forme de chat, s'il vous plaît. Et blanche, bien sûr avec des jolis yeux bleu qui vous disaient « adoptez moi ». Elle pouvait marcher un peu mais surtout parler. Une intelligence artificielle. Njala l'adorait. Elle finit par se changer, habillée dignement comme une vrai pirate -ou non d'ailleurs-. Chemisier blanc, bottes noires, jupe -c'est là que ça clochait-. Elle fit même passé un cache œil à sa peluche, trouvant le résultat particulièrement réussis. Elle ajouta quelques autres éléments puis fermant son sac heureusement enchanté pour être bien plus grand qu'il n'y paraissait, elle entreprit de rejoindre le campement, carte en main.

C'était difficile à déchiffrer, quelle idée d'avoir fait ça si loin ! Elle n'aimait pas se perdre, non non non elle n'aimait pas ! Et la tenue qu'elle avait mise pensant qu'il ferait très très chaud ne suffisait pas. Bien sûr elle aurait pu se changer ça n'aurait pris que quelques secondes mais elle était têtu. Elle garderait sa jupe, ça allait si bien avec les jolis macarons faits dans ses cheveux. Un pirate oui, mais mignon, pour pouvoir tuer les gens sans qu'on la soupçonne vous voyez ? Gambadant et sautillant comme à son habitude au départ, son caractère s'était rapidement prononcé en faveur d'une Njala bien moins adorable. Elle râlait en marchant, râlait en s'arrêtant, râla en arrivant. Une main posée sur sa taille dans une posture digne d'un magasine de mode, elle savoura sa victoire avant de rejoindre les autres lâchant un bonjour froid, contrastant avec son air enfantin. Elle écouta parler les organisatrices puis regarda les garçons se résigner à monter les tentes. Et elle s'assit. Elle n'avait pas envie de monter une tente, elle, tant pis si elle devait dormir à la belle étoile après, même pas peur ! Tournée à son observation, elle rit. C'est qu'en fait, ils étaient drôle les autres à faire les idiots. Envolée sa mauvaise humeur elle était prête à se plonger dans un univers tout autre! Constatant qu'il était déjà l'heure d'allumer un feu et tout ça, tout ça. Ils amenèrent même de quoi boire. Curieuse, la jeune fille se déplaça plus près d'eux.

« Boisson de pirate ? »

Sans attendre de réponse, elle saisit une bouteille pour y goûter. La grimace qu'elle afficha fut sans doute des plus convaincantes. Drôle de goût, ça piquait en plus. Mais si les autres en buvaient alors elle aussi d'abord. Et on ne pouvait pas lui dire non, puisqu'elle l'avait décidé ! Elle pourrait même faire passer ça avec des cookies. Une idée lui traversant l'esprit elle sourit largement et sortant un petit récipient de son sac, elle entreprit d'y déposer deux trois cookies, d'y verser du truc... comment ils l'appelaient ? Rhum, ah oui, rhum. Bref, faire ça et y écraser le tout, qu'elle goûta ensuite.

« Waw... trop bon !  Alors, alors, on fait quoi ? Et Lauréline, elle est là la fille à qui il fallait couper les cheveux? Ca fait ce genre de truc un pirate, non?»

Grand sourire et yeux qui brillent, elle allait adorer cette soirée.

Thèdes si tu savais combien de fois je viens de te tuer dans ma tête là, à l’instant même. Si tu savais aussi à quel point tu as de la chance qu’il est trop de témoins pour que je mette à exécutions toute mes pensées ! Tu as raison de t’éloigner … Je serais toi je ne dormirais que d’une oreille également.
Lauréline McShane, jeune femme rousse aux cheveux long ayant fait le tour du monde. Ayant vécue dans la nature sauvage de la nouvelle Calédonie quelques semaines, ayant dormi à la belle étoile une centaine de fois. Ayant également grandit avec deux garçons casse coups, complètement déjantés et voulant faire de leur sœur chérie une parfaite aventurière. Dans un sens le pari était réussit, Laure savait se débrouiller, elle savait monter une tente et même en fabriquer une s’il le fallait, elle savait également quoi manger comme plante si vraiment il y avait un souci avec les provisions. Laucian avait toujours fait en sort que sa sœur ne soit une de ces chochottes prétentieuses et précieuses ne sachant pas quoi faire de ses dix doigts. Qu’il était prévoyant ce petit ! Comme s’i savait qu’un jour sa sœur devrait se débrouiller seule et que même Eöl aurait autre chose de mieux à faire. « On va cherche du bois pour le feu ?! », « regarde cette plante est comestible » … « Non, Laure ! On se mettra ici il y à moins d’humidité. Tu vois les arbres?! »

Ha Laucian que tu me manques. J’y pense, j’y pense tout le temps.

Elle ne savait pas si elle avait envie de tuer Thèdes ou de ne rien faire. Toujours à faire ces réflexions persuadé qu'il y a quelques choses. Persuader que quelque chose est possible, qu'il y a une tension palpable dans l'air exprimant des mots non dit. Mais il n'y a rien, il a jamais rien eu faite il n'est qu'une ressemblance pure et parfaite de Laucian, à penser comme lui, parler comme lui aimer les mêmes choses que lui et même presque agir ou du moins avoir des gestes similaires aux siens. C'était ca le plus perturbant c'est pour ça que Laure se sentait mal, et rien de plus. Pas vrai rien de plus ?! Bien sur que non !!! Elle était pas comme ca laure, elle n’aimait pas se réveiller à côté de quelqu'un, c'est pour ça qu'elle était partie ce matin là.

Je n’ai pas envie de te voir ouvrir les yeux face à moi !

Lauréline ne lui avait pas reparlé depuis, ne lui avait pas adressé un seul mot ni un seul regard. Elle ne l’avait pas vraiment évité ou peut être bien un peu. Elle n’avait rien à lui dire de toute façon. Lui dire quoi ? « Excuse moi d’être partie mais tu comprends le réveille à côté de quelqu’un je le vis mal ? » Soyons honnête elle ne pouvait pas dire ca puisqu’il n’y avait rien puisqu’elle ne voulait rien elle n’allait pas s’excuser pour ca. Tout était clair dans sa tête mais elle ne voulait pas pour autant lui parler, plus gêné qu’autre chose en faite. Plus embarrassée par le fait qu’elle ne soit pas restée ou non plus pour tout ce qu’elle lui a dit se soir là. Quelle Idiote fait-elle ?! Que va-t-il penser ?
Mais tu t’en fiche laure puisqu’il n’y a rien à moins que tu en sois encore à une histoire de fierté ? Non ne me dit pas que c’est ca qui te bloque ?! Ta fierté et qu’il t’es vu pleurer ?... Ce n’est pas comme s’il allait le dire à Ian réfléchit !


« Thèdes tu es …. »
Elle n’ajouta rien mais le pensa bien fort au fond d’elle-même !

« Je ne suis pas nécrophile, espèce de petite fille précieuse que t’es »

Et voilà les chamailleries étaient de retours. Lui donnant un coup de bassin, elle se mit rire, contente de ce week end qui finalement pouvait être bien en y mettant du sien. Lauréline ne se rendit pas vraiment compte qu’Alvin s’apprêtait à monter leur tente, toujours dans son délire avec son amie.


« Et le décolleté c’est pour quoi ? L’ours qui va venir cette nuit c’est ca ? Je t’ai déjà dis que si tu voulais tromper Andrew ca te regardait mais que je ne voulais pas le savoir … »



Ceci étant dit, Lauréline avait le même décolleté enfin plus ou moins. La tenue demandée pour ceux qui le veulent était de se mettre en pirate. Pour ceux qui le veulent était précisé en tout petit en bas de l’affiche mais à quoi bon préciser puisque c’était amusant de se déguiser?! Celui qui ne voulait pas se prêter au jeux n’avait qu’à pas être là ! Il n’y avait pas besoin d’un cul pincé à ce week end qui promettait une multitude de couleurs.

La jeune sorcière portait un chemisier identique à celui de son amie, d’un blanc presque cassé et ressemblant à une matière souple. Elle portait également une veste cintrée marron foncé ainsi qu’un corset moulant à merveille ses longues jambes et de la même couleur que la veste. Il y avait quelques broderies dorées afin de ressortir un peu mieux. Elle avait en guise de chaussure des bottes en cuir comme tout pirate qui se respect !

Rires, joies, conneries, délires … Que le week end commençait bien et même pas elle avait monté sa tente, elle l’avait oublié d’ailleurs cella ! C’était important quand même un tente, ca permettait de ne pas dormir au froid, oui parce qu’il faisait encore un peu froid en pleine foret au mois d’avril. Mais non ce n’était pas son problème à Laure, du moins pas sa priorité.
Puis elle s’arrêta en entendant une voix connu lui parler

«  Non, elle n’est pas là Njala. »

S’approche d’elle et l’attrape par les épaules

« Mais si tu veux toi et moi on peut toujours trouver quelqu’un d’autre à qui on couperait les cheveux ?! Ou tu sais quoi, je vais faire mieux… Dès que l’on rentre je te présente un type super sympa qui en a pas mal des cheveux à couper. Et ca lui ferait pas de mal en plus il est tellement moche avec »

Elle se mit à rire de bon cœur. Elle parlait de Matt bien sur ! Faut dire qu’ils étaient moches les cheveux de Matthews… Ils ressemblaient à rien en faite c’était surtout ca, de loin et de dos on aurait pu penser à une fille mais non ! Il avait belle et bien les attributs d’un homme, enfin selon les dires d’Elei qui elle n’avait pas encore été capable de vérifier…!
Entendant également d’autres voix autour d’elle, elle leva les yeux et vit Alvin rire avec Ian. Ce qui la fit sourire bien malgré elle… comme quelque chose d’inconscient, de pas fait exprès.

Le soleil tombé peu à peu pour laisser place à la nuit. Un vent frais la fit frissonner. Frilleuse elle se dirigea pour prendre ses affaires quand elle s’aperçue que la tente était montée comme par magie. Regardant autour d’elle et ne voyant personnes présent sur les lieux du crime de cette gentille attention elle entra pour voir si ses affaires se trouvaient à l’intérieur. Fouillant un peu entre les sacs, elle vit un livre glisser.

« Thèdes » Dit elle en haussant le ton pour qu’elle l’entende de là ou elle était

«  On a dit pas de cours ce week end tu éxag ~ »

Mais ce ne sont pas des cours Laure, regarde un peu mieux ! Ouvre donc les yeux. La tête à moitié hors de la tête, un regard rivé sur le livre, sur le titre plus particulièrement. « La guerre des soleils ».
Il ne fallait pas vraiment chercher très loin, Thèdes ne lisait que des livres de cours, de biologie ou des livres qui pouvaient lui apprendre quelque chose sur la médecine magique. Que faisait ce livre ici ? Te serais tu égaré mon petit?! Non bien sur que non. Elle ne savait pas qui avait monté la tente, mais elle savait que quelqu’un y était entré pour y déposé ce bouquin. Commençant à lire la quatrième de couverture elle commença à avoir quelques soupçons… Mais pourquoi aurait il fait cela? Un livre de science fiction sur deux soleil dans le même système solaire? Il y avait aussi des extraterrestre et puis une histoire de sol tant convoité… Non mais surtout deux soleils. C’est choquant !
Enervée parce qu’elle n’en voulait pas de ce livre elle n’avait rien demandé, elle se leva pour aller lui rendre, lui dire qu’elle n’en voulait pas et que si cette planète avait deux soleil grand bien lui fasse ! Elle en voulait pas elle ! Il y avait eu un soleil point et aujourd’hui il n’existe plus. Fin de l’histoire, la vie n’est pas une science fiction ou le soleil se remplace d’un claquement de doigts.

Ses pensées dépensant tout ce qui pouvait se passer autour d’elle elle ne se rendit pas compte qu’elle s’énerver à de vive voix. Cependant assez doucement pour ne pas être comprise distinctement.
« Et si je veux pas les claquer les doigts hein ?! »

Choqué de voir qu’elle ne contrôlait plus ses mots dépassés par ses pensées elle se mit à rougir, mit le livre dans sa veste intérieur et se dirigea vers les boissons pour boire un peu d’alcool. Il était avec Ian, et Ian était le genre de type qui sentait toujours tout … Qu’elle idée de recruter un empathe aussi.

Prenant une bière ente ses mains elle entendit un crie de joie quand le feu fut allumé. La nuit tombé, le feu était allumé … tout était parfait pour commencer une soirée à se raconter des histoires et à se faire griller des grillades au dessus du feu de camps. Un élève avait déjà eu la rapidité de mettre les rondins autour de ce dernier. Au moins quelqu’un qui n’attendait pas les autres et qui agissait.
Laure prit place commençant à faire griller la viandes pour les premiers qui voulaient être servit. Mais fallait pas croire, elle était pensive Laure… Le livre se trouvait dans sa poche intérieur… Une fois qu’elle aurait l’occasion elle irait lui rendre ce livre! Oui parce qu’elle en voulait pas ! Non elle n’en voulait pas, ni maintenant, ni plus tard.
Sans compter qu’elle le détestait Alvin … ou alors elle se détestait ?! Non ! Elle le détestait lui, point !

Continuant de faire griller la viande, Lauréline esquissa un sourire en voyant Thèdes rire de joie et même de bon cœur. Elle ne savait pas pourquoi son amie riait mais c’était plaisant à entendre.

« Je n’ai pas sommeil et je ne vais nulle part. »

Les tentes avaient été construites sous l’œil avisé de Thèdes qui, l’été dernier, avait appris grâce à Ted l’art d’en monter une de manière magistrale. Elle aurait aimé trouver de quoi dire de nouveau, ignorer les paroles de Lauréline, embêter Alvin encore, pourquoi pas, si la possibilité s’était présentée, mais non. Alvin était trop calme, il l’avait toujours été, et Thèdes manqua de lever les yeux au ciel, imperturbable, vis à vis de ce qu’il répondait à chacun de ses piques. Sans jamais vraiment avoir envie d’y répondre, quoi que bien des fois, les répliques fusèrent dans sa tête, elle se contenta de l’observer faire de ce qu’il savait faire le mieux : Rester calme et passif. Soupirant cependant, elle se demanda aussitôt pourquoi elle avait soumis l’idée de monter les tentes alors qu’elle n’avait personnellement pas l’envie de dormir. S’asseoir au coin du feu, à côté de Laure et de Thomas (qu’elle avait décidé d’embêter pendant ce week-end) c’était déjà bien. Elle n’allait nulle part, n’avait pas l’intention de bouger non plus. Les gens, ils se sentaient toujours obligés d’aller quelque part, de bouger sans cesse. Thèdes avait été comme ça, avant, et puis, elle avait rencontré les autres ; les gens biens, les merveilleux, ceux en qui elle croyait, et qu’elle croirait toujours. Elle était plus posée à présent même si elle aurait été incapable de dire pourquoi alors que la réponse crevait bien évidemment les yeux. Posée, certes, mais pas calme, elle avait ses yeux noirs grands ouverts qui vagabondaient ici et là, tous les sens en éveil, tout sourire, alors qu’elle arrachait des mains à elle ne savait qui – elle n’avait pas fait attention, cela n’avait aucune espèce d’importance – une bouteille de rhum.

Le rhum, c’était pour les pirates, et certes, il manquait le bateau, et le perroquet, et Jack Sparrow – y’avait aucun garçon dans le coin qui lui ressemblait assez, quoi, c’était vraiment terrible – mais en même temps, fallait prendre en compte le fait qu’ils étaient en Irlande, dans une forêt alors que généralement, les pirates, c’était dans les Caraïbes et sur une plage avec du sable blanc tout fin. On ne pouvait pas tout avoir, Thèdes connaissait bien l’adage pour avoir durement vécu les conséquences de ses actes, pour avoir également été mise au pied du mur de nombreuses fois, à devoir faire un choix. Soupirant, elle bût une autre gorgée de rhum et donna la bouteille à Thomas, si jamais l’envie lui prenait d’en boire aussi. Lauréline l’interpella, et Thèdes haussa un sourcil sans répondre davantage non plus. Il commençait déjà à faire chaud, ici, et elle enleva son gilet, le posa par terre, juste à côté du tronc d’arbre allongé sur lequel elle était assise, laissant à présent visible son costume de pirate, avec sa chemise entrouverte que Lauréline avait si bien décrit, et un grand pantalon noir, large ceinture en tissu rouge au dessus. Se déguiser, c’était marrant, sauf quand Lauréline faisait des remarques grossières et totalement inappropriées, mais elle devait faire avec, vraisemblablement, McShane ne changerait pas d’ici demain. Du moins, elle espérait que non. Et alors qu’elle écoutait les autres parler, une pensée idiote, quoi que sans appel, s’insinua dans son crâne, ne semblant pas vouloir être délogée : Où était Andrew.

« Qui aurait cru que le brigand, le bandit de grand chemin, que le tigre sans cœur soit la brebis… »

Elle les fronça, ses sourcils. Changer de sujet, même si c’était juste à elle seule qu’elle se parlait, c’était déjà bien. Retrouvant son sourire, elle se retourna vers Thomas, lui donna un coup de coude, avant de détourner son regard, cherchant des yeux la carte que Lauréline avait posé sur le tableau d’affichage, plus tôt dans la semaine, le genre dessin d’un enfant de quatre ans, ou moins. Évidemment, elle n’était pas allée lui dire ça, un minimum de tact, c’était toujours bien, mais il fallait avouer que penser aux défauts des autres, ça lui évitait de penser aux siens, et quitte à se moquer de quelqu’un ouvertement, autant que ce soit Lauréline, parce que c’était toujours du mensonge que tout le monde arrivait à flairer à quarante kilomètres à la ronde.

« Bon, y’a une âme charitable pour me dire ce qu’on est censé faire, ce week-end, concrètement ? J’sais pas si j’suis la seule, mais j’ai pas compris. »

Elle n’avait pas cherché à comprendre, aussi. Partante dès le début pour une aventure aux côtés de sa meilleure amie, c’était le but principal, et advienne que pourra. En attendant une réponse, elle reprit la bouteille des mains de Thomas, but une nouvelle gorgée de rhum, et l’alcool sucré lui brûla la gorge sans qu’elle n’en laisse rien paraître. Et, alors qu’elle pensait que l’ambiance était au plus bas possible, elle fit couler du rhum dans ses mains, aspergeant sans honte ni gène aucune ses pieds et ceux de Lauréline et de Thomas. Une fois les paumes de ses mains remplies de rhum, elle jeta le liquide dans le feu, toujours ce même large sourire aux lèvres.

« Youhou ! »

Parce que quitte à faire n’importe, autant le faire bien. Et le feu ne lui en voudrait pas, lui qui grandissait et grandissait.

Monter une tente. Bon ouais ça semble simple sur le coup, mais vous saurez que les premières fois, s'emmêler dans la toile, c'est moins compliqué que la monter, garanti. Quand même, après des années de camping, elle faisait les tentes comme on fait un oeuf. Après même pas dix minutes, elle avait fini. Elle prit deux paquets de bagages, le sien et celui de quelqu'un d'autre au hasard - elle n'avait pas à s'inquiéter, ceux de Thèdes et Laure venaient d'être fourgués dans une autre tente - ce serait bien drôle de voir qui ce serait au final.
Et donc maintenant, elle n'avait carrément plus rien à faire. C'est bien beau la nature, les gens, les tentes et le feu de camp, mais elle ne savait pas pour autant quoi faire. Au moins, si y'avait eu phil ça aurait fait un meurtre à arrêter, ou quelqu'un avec qui passer le temps plus loin en forêt... mais là, rien... non, pire que rien. Ian. La tentation même. Avec son air nonchalant et ses yeux d'un bleu qui lui rappelaient la mer entourant les caraïbe, que d'ailleurs bien des pirates aimaient. Il était là et déjà était-ce impossible pour la jeune femme de l'oublier dans une école pleine de gens où il ne vivait même plus, mais là, avec huit personnes, pour un week-end, à proximité...
Proximité? Proximité?!? Et si... et si c'était son sac à lui, là, dans la tente avec son propre sac, hein? Et si elle se retrouvait avec lui? Non, pitié tout mais pas ça! Thomas c'était ok, c'était un ami. Alvin, elle ne le connaissait pas, Njala non plus, mais ça pouvait toujours aller... Ian, ça allait être catastrophique! Assise non-loin du feu, à même le sol, elle fixait les flammes danser. Ça rappelait presque des corps... des corps embrasés par quelque chose... Ça faisait presque penser au genre de catastrophe possible si une nuit avec Ian dans une TENTE se produisait! Déjà une nuit, à la lisière de la forêt, il s'était passé des choses inoubliables... horribles en un sens, merveilleuses dans un autre... pas rien de... d'irréversible, c'était impensable. Totalement impensable oui... Non mais merde à qui elle mentait comme ça? Elle aimait Phil. Vraiment. Elle avait même été capable de lui dire, bordel! Rien ne lui ferait changer d'idée, même si Ian était beau à se damner comme ça, avec cet air de pirate sur la gueule. Elle aimait Phil. Mais Ian... il était si attirant, c'était une torture. Et c'était pour ça que Ian était une tentation. Juste une vilaine tentation à laquelle il fallait résister. Comme ces fichus gâteaux au chocolat qui apparaissent partout lorsque vous faites un régime. De ces fichues tentations. Il le fallait, il lui faudrait résister à Ian si c'était son bagage dans la tente.
Mais après tout, il n'y avait qu'une chance sur quatre. C'est techniquement que 25%, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Ça pouvait être n'importe qui avec elle dans cette tente avec elle. N'importe qui. Il n'y avait pas à s'inquiéter Ara. Pas à s'in...

- Bon, y’a une âme charitable pour me dire ce qu’on est censé faire, ce week-end, concrètement ? J’sais pas si j’suis la seule, mais j’ai pas compris.
- Pas tout à fait comprit non plus. Sauf qu'il y avait des pirates et du rhum quoi.

Pour les pirates on repasserait. Mais pour le rhum, Ian et Alvin avaient pas lésiné pour le coup. Trois 40 onces, c'était même parfait quoi. Du rhum, des pirates, des tentes et un feu de camp... faudrait clairement lui expliquer les trucs possibles avec tout ça.
Tout à coup, une boule de poils noire et blanche lui sauta dessus. C'était petit prei! Oui, Ara ajoutait toujours le "petit" avant, tout simplement parce qu'elle l'avait connu bébé et qu'il resterait toujours petit à ses yeux. C'était prei, quoi. Un peu de joie dans un week-end qui s'annonçait haut en couleurs. Elle caressa la région entre les oreilles du Border collie et le regarda.

- Hey, gros bébé! Ça va?

Elle parlait tout bas, parce que parler à un chien, ça peut vraiment paraitre bizarre. Et recevoir des commentaires de Thèdes ou Lauréline, c'était pas dans son plan de week-end, quoi. Et puis, il n'y avait pas de place à débats, Ara parlerait à bébé prei sur le ton qu'elle voudrait, et lui parlerait tout court si elle le voulait. Les pirates, ils s'en foutent de ce qu'on dit d'eux. Il vont au gré du vent et peuvent parler à un arbre si ils le veulent, tiens.

- Youhou!

Les flammes surgirent dans un crépitement enragé, montant vers le ciel avant de se calmer, mais de rester plus menaçant aux yeux de l'Écossaise que plus tôt. Dans un mouvement protecteur, elle avait serré le chien dans ses bras. C'était pas le moment que le toutou chéri de swyn se fasse cramer le pelage! Elle fixa Thèdes, qui souriait et s'amusait clairement de cet élan de spontanéité. Si ça l'amusait tant mieux, mais en attendant, Ara songeait à porter plus grande attention à garder le chien et ses propres sourcils en sécurité, se reculant un peu avec ses jambes.
Après un petit moment à caresser la bête, la sorcière la laissant gambader et attrapa sa baguette, s'attirant ainsi la bouteille de rhum épicé. Une bonne gorgée plus tard, elle levant le contenant de liquide à bout de bras et clama en souriant.

- Ceci est un week-end de pirates. Et pas de prisonniers!

Qu'est-ce qu'on en avait à faire, que ça sonne stupide? Elle était pirate. Elle disait ce que bon lui semblait. faisait ce que bon lui semblait et buvait un bon rhum comme elle le voulait. Na!

[Je prends le tour de Thomas puisque celui-ci passe le sien]

Siffler en travaillant, tu tu-tu tu tu tu tu! Il n’y avait rien de tel pour rendre une tâche agréable que de l’accompagner d’une chanson, qu’il si elle prenait la forme d’un sifflement à peine audible. Après tout, c’était pour lui qu’il sifflait, pas pour les autres, hein. Il n’en remarqua presque pas qu’Alvin s’était occupé d’une autre tente et, au moment où il terminait de mettre ses choses dans l’une d’elles, avec les bagages d’Alvin – parce que c’était bien beau de tenter le diable, mais il fallait en assumer les conséquences et il ne pensait pas qu’Arabella en était là - , il remarqua que les deux autres tentes tenaient aussi solidement dans le sol que la sienne. C’était parfait! Plus besoin de se soucier de ça! Alvin et lui dormirait dans une tente, Thèdes et Lauréline dans l’autre et Ara, Njala et Thomas partageraient la troisième, la plus grosse. En bon pourvoyeur, le géant jeta un bref coup d’œil dans chacune des tentes pour vérifier que le stock de chacun était à l’abri, puis pensa qu’il pouvait bien aider encore davantage. Il sorti sa baguette de son étui, toujours accroché à sa ceinture et passa d’une tente à l’autre, murmurant un sortilège qui déroulait les sacs de couchage et qui plaçait les oreillers à la tête de ceux-ci. Il se sentait un peu comme la fée marraine dans le Disney de Cendrillon. Tant qu’à faire dans les chansons de ces films classiques… L’image le fit sourire, il ne lui manquait que les cheveux blancs et la tunique bleue à boucle rose. Et alors qu’il accommodait la dernière tente, le Gallois ne put résister à l’appel de la chanson, chantant tout bas, pour lui-même :

« It’ll do magic, believe it or not; Bibbidi-Bobbidi-Boo ~ … »

Un bref rire franchit ses lèvres alors qu’il se retournait vers le feu qui crépitait doucement entre les voix et les rires des gens. Sa baguette toujours sortie, il lança un accio sur son propre tricorne, qu’il avait acheté en même temps qu’Alvin, et le posa sur sa tête. Les gens semblaient prêts pour passer un bon temps. Le regard du Gallois se perdit un instant dans le groupe avant de s’attarder – inévitablement – sur Arabella. Ils devaient être sages. La dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés seuls, ils étaient allés beaucoup trop loin pour leur propre bien. Il avait vu son visage crispé de plaisir, et elle le sien. Mais elle en aimait un autre, dont la place était légitime. Il avait su faire battre son cœur bien avant lui, même s’il ne comprenait franchement pas ce qu’elle trouvait à Harker. Il était trop maigre, junkie, insouciant, impoli, aigre. Enfin, ce n’était pas sa place à débattre les choix amoureux de son amie. Il les acceptait, et avait déjà poussé les limites de l’acceptable avec elle. C’était le temps d’arrêter. Mais s’il savait qu’elle aurait toujours du mal à lui dire non. Il ne fallait pas en profiter. Il l’avait déjà suffisamment fait. Mais saurait-il, lui, lui dire non si elle venait passer le bout de ses doigts sous la boucle de sa ceinture? Valait mieux ne pas y penser.

Et comme si on l’avait entendu, quelque chose le sorti brusquement de sa torpeur. Le ténébreux lâcha un court cri grave de surprise alors qu’on venait s’agripper légèrement à son cou, le forçant à se penche vers l’arrière pour subir les affres de son assaillant. Évidemment, que c’était Wenlock mâle. Après avoir légèrement pouffé de rire à entendre ses menaces – qui n’en étaient pas vraiment – et son petit grognement qui rappelait Prei lorsqu’il rêvait, Ian décida qu’il valait mieux jouer le jeu. Et pis franchement, ça lui faisait plaisir de retomber en enfance. Le grand gosse prit donc une mine parfaitement théâtrale, le visage tordu d’une douleur imaginaire et la langue pendouillante au coin de ses lèvres alors que naissait de sa gorge quelques bruits d’étranglement plutôt réussis.

« P…Pas la planche! Pitié! » , implora-t-il avant d’éclater d’un rire franc, en se défaisant de l’étreinte des bras d’Alvin autour de son cou.

Ian se vengea d’un coup de poing sur l’épaule du Wenlock, lui tira la langue puis revint vers sa tente un instant pour y prendre sa guitare. Il l’entraîna avec lui près du feu et vint s’asseoir sur un rondin, au même moment où Thèdes lançait des gouttelettes de rhum dans le feu. Il rit un peu et, alors qu’il commençait à accorder sa guitare, dit simplement :

« Pas de gaspillage, matelot Konstonhalu! Et pas intérêt à brûler le bout de la queue de Lieutenant Prei premier du nom, sinon j’vous jette au requin.

Il ponctua sa phrase d’un clin d’œil – inutile de dire qu’il n’était pas sérieux du tout – puis reporta son attention sur Arabella, s’étant assis à côté d’elle. Il se pencha un instant vers son chien pour le gratouiller entre les yeux puis plongea son regard dans celui de l’Écossaise, la remerciant d’avance d’un sourire en coin.

« Tu penses que tu pourrais me faire cuire quelques petits trucs, pendant que je joue? Sinon c’pas grave, j’attendrai. »

Le Gallois n’attendit pas de réponse; il la verrait bien faire ou non. Après avoir ajusté son tricorne sur sa tête, le jeune homme installa sa guitare sur ses genoux et entre ses mains puis se mis à jouer habilement un air connu de film de pirates moldu, les yeux fixés sur le feu devant lui. Faute de ressembler à Jack Sparrow, il jouait sa chanson.

Son rire se calmant, Alvin laissa Ian défaire sa poigne autour de son cou, levant les yeux au ciel lorsque son ami lui tira la langue. Une voix enfantine le fit se retourner vers Njala, une jeune fille qu’il ne connaissait que de nom. Bien qu’elle ne le vit pas, il acquiesça à sa question et sourit en la voyant grimacer au goût du rhum. Elle ne se laissa pas décourager, mélangeant l’alcool à des biscuits. Njala n’allait pas avaler ça ? Alvin entrouvrit la bouche, clignant des yeux. Si, elle le mangeait, ou le buvait, et d’après ses dires, le résultat n’en était que trop réussi. Sceptique, le gallois préféra rejoindre les autres autour du feu, laissant Njala discuter avec Lauréline. Il embrocha une saucisse au bout d’une branche et s’assit en tailleur dans l’herbe, replaçant pour la énième fois son tricorne trop grand pour lui. À la question énoncée par Thèdes et Arabella sur le programme de la soirée.

« J’espère que vous avez tous pensé à mettre du sel à l’entrée de vos tentes ? »

Alvin lança un regard circulaire aux six autres installés autour du feu comme si la réponse de tout le monde avait une importance capitale, mais il ne récolta que quelques regards interrogateurs, sauf de la part d’Ian qui interrompit sa mélodie de pirate en immobilisant les cordes de sa guitare d’une main, l’oreille attentive.

« Allister McAllister, vous ne connaissez pas ? On raconte qu’il était amoureux d’une jeune femme belle comme le crépuscule, mais que sa beauté était telle que les villageois l’accusèrent de sorcellerie et la bannirent du village. Incapable de renoncer à son amour pour elle, Allister partit à sa recherche dans la forêt, la même où nous nous trouvons. »

Le Dorelly fit une pause, tournant lentement la branche entre ses doigts pour faire griller l’autre côté de son morceau de viande au-dessus du feu crépitant.

« D’après les dires, il passa le reste de sa vie à essayer de la retrouver, au point de se rendre fou, et il mourût d’extrême vieillesse sans y parvenir. L’ennui c’est que… Personne ne sait vraiment ce qu’il advint de lui, mais une rumeur circule comme quoi son fantôme hanterait toujours les bois dans l’espoir de la revoir pour qu’enfin, ils puissent passer l’éternité ensemble… »

La lueur des flammes se reflétant sur son visage, Alvin laissa la fin lugubre de son histoire planer dans l’air silencieux de la nuit. Il ramena son bâton vers lui et souffla sur la saucisse pour la refroidir quand, derrière lui, un bruissement se fit entendre. Écarquillant lentement les yeux, Alvin tourna la tête au-dessus de son épaule, fixant le bosquet de feuilles s’agitant derrière lui. Sans crier gare, le border collie en émergea d’un bond en aboyant, ses crocs se refermant sur la saucisse grillée tenue par le Dorelly qui éclata de rire. Les pattes avant sur les jambes du jeune gallois, le chiot agitait la queue, content de lui, savourant sa récompense alors qu’Alvin lui caressait joyeusement la tête.

« On les a bien eu, pas vrai, Prei ? »

Attiré par l’odeur de la nourriture, le chien avait quitté les côtés d’Arabella, se cachant dans le buisson pour mieux attraper sa proie, soit la saucisse utilisée par Alvin pour appâter l’animal jusqu’au point culminant de sa légende pour effrayer tout le monde. Ian se remit à jouer de la guitare et Alvin l’écouta un peu, se faisant griller d’autres morceaux de viande qu’il ne partagea plus avec Prei, couché près de lui, se léchant les babines. Après avoir mangé, il se leva, s’éloignant du feu pour aller ouvrir l’une des bouteilles de rhum laissées près de la tente. Alvin en but une rasade digne d’un pirate des hautes mers, renversant la tête en l’arrière, sa main tenant son tricorne sur sa tête. La chaleur se répandant au creux de sa gorge y fut la bienvenue, la nuit se faisant plus fraîche. Alvin reposa la bouteille à ses pieds, fouillant les alentours afin de trouver des bouts de bois permettant de réalimenter le feu, la technique de Thèdes étant à utiliser avec modération.

«  Non, elle n’est pas là Njala. »

Alors ça, c'était quand même trop dommage, non ? L'islandaise trouvait que si. Elle aurait bien aimé refaire la coupe à quelqu'un ce soir, à défaut de pouvoir vraiment jeter une personne aux crocodiles. Même si les crocodiles aussi c'était un truc marrant, super vieux qu'on disait, et elle aimait bien les antiquités Njala. Enfin on en avait pas là des croco, alors que des ciseaux, elle en avait. C'était plus drôle d'utiliser ça que sa baguette, le résultat était d'avantage à la hauteur de sa bêtise. Mais elle n'était pas là, la fille. Lauréline le disait. Pas là, et elle ne pouvait quand même pas prendre quelqu'un au hasard pour le faire. Bah si, lui disait une petite voix. Oui mais qui ? Et le chuchotement cessait. Alors tant pis, tant pis...

« Mais si tu veux toi et moi on peut toujours trouver quelqu’un d’autre à qui on couperait les cheveux ?! Ou tu sais quoi, je vais faire mieux… Dès que l’on rentre je te présente un type super sympa qui en a pas mal des cheveux à couper. Et ca lui ferait pas de mal en plus il est tellement moche avec »

Quelqu'un d'autre ? Oui pourquoi pas, elle le disait la dorelly, tout faisait l'affaire. Alors tant mieux s'il a pleins de cheveux en plus. Faut dire qu'un garçon, elle trouvait pas que c'était fait pour les avoir trop long. C'est un truc de fille, un truc de poupée, les cheveux longs. Les mecs qui ont un mètre dans le dos, non merci. Non merci, ils ont déjà assez de poil ailleurs, pourquoi ils s'encombreraient encore plus ? Oui, bah, ça aussi, fallait les couper. Tout couper, tout raser, elle s'en moquait. Peut-être même que les cheveux du garçon dont parlait la plumentine pourrait servir à faire des perruques pour les moldus malades. Elle l'avait lu quelque part un jour, qu'on faisait ce genre de chose. Oui bon en attendant, il était pas là non plus, ce type. Quand elles rentreraient. La petite le rappellerait à Lauréline, au cas où. Elle avait bonne mémoire quand ça l'arrangeait.

Retournant à sa mixture, elle observa les autres, encore. Et le feu, qui a fait pfouuu quand Thèdes lui a lancé à boire. Et, un feu ça boit ? Elle était sûre que non, Njala. En tout cas c'était joli, l'effet que ça faisait. Mais c'était bête de gaspiller aussi. Et les gens riaient, ils buvaient, ils chantaient, ils jouaient de la musique. Musique bizarre, mais musique quand même. Occupée avec sa baguette, l'islandaise jetait quelque sort de ci de la, pour faire des papillons, de la lumière, attirer des choses, s'en servir à tout bout de champ, au final, juste pour s'occuper. Parce qu'elle ne voulait pas trop déranger quand même. Puis y'en a même un qui racontait une histoire. Wow ça, elle aimait les histoires. Quand elles n'étaient pas trop ridicules. Elle se rappelait qu'une fille là, Aurora, lui avait racontait une histoire sur la belle au bois dormant, ou un nom comme ça. D'accord, elle avait bien raconté, mais franchement, vous croyiez pas que c'est nul, cette histoire. Njala trouvait que si, franchement. D'un ridicule, à croire qu'on l'avait prise pour une enfant.

Bref. L'histoire. Truc de pirate ? Même pas. Encore un conte avec des gens amoureux. Franchement c'était pas drôle tout ces trucs là. Par contre les fantômes oui. Et puis elle n'avait pas tout suivis, mais les autres avaient eu peur, avant de se mettre à rire. La soirée se continua ainsi pour eux, quand à elle, elle finit par se lever, faire apparaître son patronus et partir avec lui et sa peluche dans les bois. C'était bien, de se promener la nuit. Et elle avait pas envie de parler. Pas d'humeur. Ils étaient trop heureux là bas et finalement elle n'avait plus envie de l'être. Elle se sentait plutôt prête à se faire des frayeurs toute seule. L'hippocampe brillait suffisamment pour qu'elle se dirige à sa suite. Quelques mètres et... plus rien. Il avait simplement disparu. Moqueuse, elle ramassa une fleur qu'elle s'empressa de torturer tout en marchant, puis elle se mit à compter tout les animaux qu'elle apercevait. Les gens ne lui manquaient pas, elle se n'y sentait pas à l'aise, mais il faudrait bien qu'elle y retourne. Au moins pour dormir s'il le fallait. Pfeuh, avec un rabat joie et une fille en plus. Elle n'aimait pas Thomas, il ne mangeait pas assez de cookies. Niark.

Elle reparut donc, les mains ensanglantés après avoir touché un oiseau blessé pour le soigner, et pas l'ombre d'un sourire sur les lèvres. Combien de temps était-elle partie ? Il devait tôt dans le matin. Elle passa devant le feu, toujours allumé bien que moins vigoureux, cédant à un petit rire, et juste avant d'entrer dans sa tente, leur lâcha quelques mots.


« Il y a pleins de chose morte ou blessée autour, vous devriez faire attention... »